Three River Ranch, tome 3 : A une condition

La chose la plus difficile pour un homme, c'est de se regarder dans le miroir et de se montrer honnête.

Elle avait été tellement certaine que donner sa liberté à Mitch était la seule chose à faire, qu'elle pouvait tout gérer seule, jusqu'à ce qu'elle prenne conscience qu'elle n'en avait pas envie. Elle lui avait offert une porte de sortie, mais une partie d'elle même souhaitait qu'il refuse de la prendre! Alors elle s'était accrochée à sa douleur et à son ressentiment, parce que c'était moins douloureux que d'accepter le fait qu'il était passé à autre chose.

Les femmes étaient capables de décrypter le plus petit mouvement de lèvre, mais les hommes ne remarquaient pas que quelque chose n'allait pas tant que la fille ne se laissait pas pousser des cornes et des ailes.

- Tu manques terriblement de sensibilité. Et tu trouve ça normal? Maintenant que j'y pense: ton ami Zach Gamble était pareil avant que Désirée le force à se conduite en adulte. Vous avez tous sniffé de la colle ensemble quand vous étiez gosses ou quoi?

Reprends-toi. Souviens toi! tu as envie de le tuer. Ou au moins de l'estropier.

- Mitchell, mon petit, retire donc ce balai que tu portes enfoncé là où le soleil ne brille jamais, Ok?

Mitch afficha un sourire forcé et se prépara à rencontrer une autre femelle avide.
Au lieu de cela, il se retrouva nez à nez avec une fille blonde, au visage angélique, qui avait l'air aussi mal à l'aise que lui. Cette enfant lui faisait l'effet d'un lapereau dans un nid de vélociraptors.

En l’espace d’une seconde, Mitchell prit conscience de trois choses : premièrement, Della, belle-mère et tutrice de cette timide jeune femme, avait dans l’idée qu’il allait la débarrasser de Paris ; deuxièmement, aussi adorable soit-elle, Paris n’exerçait aucun attrait sur lui – aucune de ces femmes de la haute ne l’attirait ni ne l’attirerait jamais ; et, troisièmement, rejeter la belle-fille de Della serait un suicide professionnel.
Après cet éclair de lucidité, le cerveau de Mitch enclencha le pilote automatique, en mode survie. Il ne trouva pas d’autre explication à sa réaction.

— Et tu es sûr qu’elle ne s’attend pas à ce que tu finisses devant l’autel en compagnie de sa belle-fille ? Tu en es bien certain ?
Mitch opina du chef, se préparant à ce qui allait venir.
— J’en suis certain.
Angie plissa de nouveau les yeux et croisa les bras.
— Comment ça se fait ? Tu lui as dit que tu étais déjà marié ?
— Non.
Bien joué, Mitch. Il fallait que tu choisisses le public le plus difficile pour commencer…
— Ne te mets pas en colère, d’accord ?
— Pourquoi je me mettrais en colère ? (Angie siffla entre ses dents et secoua la tête.) Qu’est-ce que tu as fait, encore ?
— Non, c’est une bonne nouvelle ; je te le jure ! ajouta-t-il avec un sourire, même s’il savait que cela ne suffirait pas à tromper Angie.
— C’est pour ça qu’on dirait que tu as peur de recevoir un coup d’aiguillon à bétail dans une zone sensible ? (Elle gardait les bras croisés, le visage fulminant.) Crache le morceau.
— On est restés discrets, commença-t-il. Tu connais cette ville : à la seconde où tu commences à sortir avec quelqu’un, ils ont déjà planifié ton mariage, baptisé tes enfants et choisi ton lopin de terre.
— Tu ne vis plus ici. Ne détourne pas la conversation.
Il prit une profonde inspiration.
— Mais elle, si. Elle, la femme que je fréquente. La femme à laquelle je suis… fiancé.
Les yeux d’Angie étaient ronds comme des soucoupes
— Tu es quoi ? Mais on ne t’a jamais… Tu ne viens jamais ici. Comment… ? dit-elle en haletant. Espèce de fils de jument mal léchée ! Tu es en train de me mentir ! Oublie la cuillère ! Où est mon rouleau à pâtisserie ? Tu as besoin qu’on te mette du plomb dans la cervelle, et plus vite que ça !

— Samson ne se rendra même pas compte de votre présence. Il est gigantesque, mais c’est un parfait gentleman.
Della écarquilla les yeux.
— Je suis censée mettre mes jambes autour de ça ? J’ai eu quatre maris, chacun plus gros que le précédent, mais Samson pourrait me briser comme un fétu de paille.
Paris éclata de rire avant de mettre les mains devant sa bouche.
— On ne tient pas ce genre de ranch, madame, déclara Herb du tac au tac, le visage impassible. Vous vouliez vivre la vie d’un cowboy. C’est comme ça que vous allez vivre l’expérience.
— J’aurai de la chance si je peux marcher demain. (Elle marqua une courte pause avant de hausser les épaules.) Ça fait longtemps que je n’ai pas dit ce genre de choses.