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3,45

sur 33 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Comment aborder un tel roman ? Sol Elias relate une histoire impressionnante par la justesse de l'écriture, la construction efficace, des chapitres courts qui donnent de la tension, une angoisse sourde face à la description du quotidien du malade : la schizophrénie.

Anaël, gamin perturbé par trop d'émotions d'abord, un environnement familial étouffant avec une mère-louve ultra-protectrice et un père laborieux, pétri de principes, exclu de cette relation trop fusionnelle à son goût. le récit nous est relaté de l'enfance à sa mort prématurée.

Une adolescence rendue plus difficile encore par ses relations compliquées à la mère. La vie à la marge, Anaël qui devient Manuel, entre lucidités et étrangetés des situations perçues au travers de la maladie. Tout est décrit de manière que le lecteur comprenne mieux les effets de la maladie puis d'une psychiatrie abrutissante sur le malade.

On sent la frustration de Manuel face à la maladie, son souhait de vivre une vie de "normale" : une femme, un appartement, un chien... son impuissance à canaliser la violence de ses réactions, son enfermement dans la maladie, son isolement, sa marginalité, ses petits suicides. Une vie entre pensées cohérentes et incohérentes, destructrice pour lui, ses proches.

Jusqu'à transférer à Soledad, sa nièce, son questionnement, ses petits papiers, héritage à décrypter. Il y est question d'hérédité génétique, de celle de l'histoire à porter. de poésie et de violence qui s'apaise auprès de cette petite-nièce qui le trouve excentrique, différent, avec lequel elle rit beaucoup. Sol ne juge pas, "elle n'a pas encore le regard lavé" !

Il est également question du poids à porter pour les familles, de la culpabilité de ceux dits "normaux" qui vivent dans l'ombre des malades comme Ana-Sol, la petite soeur.

Ce roman est captivant par le biais choisi pour parler d'une maladie terrible avec humanité, une intensité qui vous empêche de décrocher d'une histoire dérangeante. La différence fait peur, si peu qu'elle soit habitée de sentiments violents, irrépressibles. L'écriture de l'auteure est puissante, aimante pour le personnage, enveloppante pour le lecteur, accompagne Manuel jusqu'à l'épilogue de son histoire tragique. Un premier roman perturbant, fascinant tout à la fois, pour désapprendre à juger peut-être...
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Mister Manuel et Monster Schiz

Avec «Tête de tambour» Sol Elias nous propose un premier roman aussi original que dérangeant, en se mettant dans la peau de Manuel, jeune homme souffrant de schizophrénie.

Au hasard des lectures, il arrive de croiser fortuitement un même thème, alors même que ce dernier n'est que peu traité dans la littérature contemporaine. Après On n'efface pas les souvenirs de Sophie Renouard dans lequel une famille est victime d'une schizophrène, voici une manière bien différente, mais tout aussi intéressante, d'aborder ce grave «trouble dissociatif de l'identité».
Quand s'ouvre ce roman, Manuel est en pleine crise d'adolescence. Il doit affronter son père qui ne comprend pas qu'il passe son temps à ne rien faire, même pas à aider sa mère aux tâches ménagères et qui passe son temps à le houspiller plus ou moins sévèrement, suivant ses humeurs. Mais il affronte aussi sa mère qui a choisi à l'inverse, de couver son petit. Cette Maman, surnommée Bonnie Cyclamen, «parce qu'elle avait le coeur si bon et que ses paupières ressemblaient au cyclamen qu'on avait dans le salon» va tout autant subir les foudres de son fils, bien décidé à leur faire payer le prix pour l'avoir mis au monde: «Je serais la croix à porter sur leurs épaules d'hommes pour toute une vie d'homme. Ils ne m'avaient pas tué quand ils avaient vu mon visage cyanosé de bébé tenu pour mort à la sortie du ventre de la mère, ni petit quand on pensait que j'avais une tumeur au cerveau tant j'avais la tête grosse de migraines, ni adolescent quand j'avais l'impression qu'un autre respirait dans mes hanches, ni plus tard, quand les doctes docteurs avaient décrété en choeur que j'avais "des troubles relevant indubitablement de la psychiatrie".»
C'est à un long chemin de croix que nous convie Sol Elias. Un parcours d'autant plus impressionnant qu'il nous est raconté par Manuel lui-même, luttant contre ses démons et les laissant l'emporter, se révoltant contre le verdict des médecins – «La schizophrénie vous a coupé en deux, comme la hache du bûcheron le tronc du chêne» – et leur donnant raison lorsqu'il exploite sans vergogne ses parents, leur soutirant leurs économies.
Passant d'un centre psychiatrique à l'autre et d'une sortie à l'autre, de moments d'exaltation vite rattrapés par de nouvelles crises, il va comprendre qu'il ne peut rien contre ce mal qui le ronge: «La schizophrénie avait gagné la partie sur la vie. Elle avait tout raflé: le rêve, la création, l'amour, l'amitié.»
En lieu et place, il aura gagné la violence, la rancoeur, la douleur et la souffrance. Entraîné dans cette spirale infernale, le lecteur partage cette impuissance, ce malaise, que ni les virées avec son copain, ni même la rencontre avec Anahé, une mauricienne qui a émigré avec sa mère et son enfant, ne pourront contrecarrer.
Le post-it qu'il colle au-dessus de son bureau: «On se suicide pour échapper à la pression de la vie, pour se soustraire aux exigences minuscules et aux parades familiales de l'existence» montre sa résignation. «Il ne lui reste qu'à devenir encore plus fou qu'il ne l'est déjà, qu'à se mortifier, se scarifier pour dire sa haine de lui-même et à se retourner contre ceux qui l'enchaînent et le regardent impuissants – les médecins, les parents, les autres patients. (…) Alors il devient Monster Schiz. »
Passera-t-il à l'acte, effrayé par celui qu'il est en train de devenir? Je vous laisse le découvrir et réfléchir sur le traitement que l'on réserve à ces malades.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Où commence la folie et comment se termine-t-elle ? Être schizophrène qu'est ce que cela veut dire ? Sol Elias nous entraîne dans un récit tout en sensibilité passant de Anaël à Manuel qui sont une seule et même personne, mais à deux moments différents. Dans sa première partie, l'auteur nous parle de la vie de débauche du héros ainsi que la vie infernale qu'il fait vivre à sa famille.
Dans la deuxième partie, est abordé son internement, le fait qu'il change d'établissement toutes les trois semaines.
Traité de ce sujet n'est pas facile. Diagnostiquer la maladie, faire comprendre au malade qu'il faut qu'il se soigne, jusqu'à la dure réalité de l'enfermement obligatoire. Ce récit est violent, poignant et plein de sensibilité. Sa nièce héritera-telle d'un tel fardeau ?
Cette histoire nous amène à se questionner et à réfléchir sur la schizophrénie.
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Tête de Tambour est un premier roman clivant. En ce qui me concerne, je suis resté du mauvais côté de la barrière… Je n'ai pas réussi à rentrer totalement à l'intérieur. J'ai en effet eu beaucoup de mal tant il m'a mis mal à l'aise, perturbé… mais je l'ai terminé. Difficile d'en parler...

Il trouvera son public je n'en doute pas car l'auteur traite parfaitement "à sa manière" un sujet extrêmement difficile. La Schizophrénie… le mot barbare le mot qui fait peur… le mot qui intrigue et donc incite à lire ce texte.
Sol Elias pose beaucoup de questions (sans aller malheureusement très loin… ce qui est un peu dommage) et nous incite par conséquent à nous interroger, choisir nos propres biais de réflexion afin de trouver nos propres réponses.

L'écriture est suggestive, incitative. Tout en émotion. Cela reste agréable à lire malgré la dureté. Je me suis par contre perdu dans l'alternance des chapitres, entre Anaël et Manuel.


il faudra peut etre que je le relise plus tard…
Et vous qu'en avez vous pensé? On en parle?


3/5
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Je ne peux pas dire que j’ai aimé ou détesté ce roman, je ne peux pas non plus dire qu’il m’a laissé indifférente car je trouve que l’écriture qui est floue et qui nous perd dans la vie de tous ces personnages nous rend en quelque sorte également schizophrène.
Ce sentiment de flou qui m’a animé pendant toute la lecture est intéressant et fait un parfait écho à cette pathologie dont on parle si peu. La fulgurance des sentiments de Manuel/Anaël m’a également frappé, il n’est que colère et incompréhension face à sa maladie mais également amour pour sa famille malgré son comportement qui peut parfois faire penser le contraire car il reporte sur eux toute sa colère.
Lecture en demi-teinte mais je dois avouer avoir perdu le fil et avoir eu du mal à entrer vraiment dans l’histoire.
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« Je ne souhaite à personne de mener cette existence suspendue entre la réalité, la pensée, les dialogues, entre ce que je crois, ce que je dis. Je ne souhaite à personne la cave. La vie en cave. »
Cette existence dont il est question c'est celle d'un schizophrène, Anaël qui deviendra Manuel.
Ce livre offre une plongée au coeur de la vie d'un schizophrène, ce qu'il se passe dans sa tête et l'impact que cela génère sur toute une famille.

« Tête de tambour est ma première lecture dans le cadre de l'opération « 68 premières fois ». L'objectif ? Découvrir une sélection de premiers romans. En participant à cette aventure, j'avais conscience de devoir sortir de ma zone de confort et d'avoir entre les mains des livres vers lesquels je ne me serai pas forcément laissée tenter. C'est clairement le cas avec celui-ci.
J'ai apprécié cette lecture qui m'a permis d'avoir une autre vision de la schizophrénie et de comprendre la complexité de cette maladie.
La plume de Sol Elias est intéressante et a su capter mon intérêt. Pourtant je dois avouer que j'ai été un peu déstabilisée par le début de ma lecture, le temps de me retrouver dans le tourbillon de la psychose décrite. Je n'ai pas tout de suite compris qu'Anaël était devenu Manuel.
En résumé, une lecture intéressante mais avec laquelle je n'ai pas réussi à briser une certaine distance.
Lien : https://orlaneandbooks.wordp..
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C'est en lisant ce résumé que j'ai eu envie de découvrir ce roman :

Ce premier roman, inspiré de faits réels, plonge le lecteur dans l'histoire d'une vengeance, celle d'un fils, atteint de schizophrénie, prêt à tout pour détruire sa famille. Un redoutable drame en huis clos. Que fait-on lorsqu'on a hérité d'un « paquet de génétique avariée », d'une tête pourrie au « sous-gène » de la psychose ? Faut-il mettre ses parents au tribunal ? Faut-il se maudire ou accepter sans mot dire la condamnation sociale et générale pour « péché de différence » ? Diagnostiqué schizophrène, Manuel s'y refuse et promet d'avoir sa revanche : il sèmera tant qu'il en aura la force la discorde et transformera son foyer et celui des autres en un « âtre de guerre ».


Le sujet m'intrigant beaucoup, j'ai eu envie d'en savoir plus...

Je vous avoue que c'est une maladie qui me fait peur et les personnes touchées m'effraient.

J'avais lu récemment des chiffres édifiants sur le nombre de personnes touchées en France.

La schizophrénie concerne environ 0,7% de la population mondiale et touche près d'une personne sur cent en France. Face à ce chiffre et à la recrudescence des maladies psychiques qui pourraient devenir, selon l'OMS, la première cause de handicap au monde d'ici 2020.

Voilà pourquoi j'ai eu envie de le lire afin de mieux connaitre ce sujet actuel qui fait partie de notre société aujourd'hui.

Pour commencer, ce que j'ai aimé dans cette histoire, ce sont les portraits de Manuel et de Soleda.
Ils m'ont vivement intéressée et j'ai été curieuse d'en connaitre la finalité.

Manuel, diagnostiqué schizophrène que l'on va suivre de son adolescence jusqu'à l'âge adulte.

Une enfance chaotique : des relations conflictuelles avec sa famille, un père qui ne le supporte pas, une mère étouffante, une soeur brillante.
Lui, végétant, exigeant, irresponsable vivant dans ses obsessions, ses crises, ses délires.

Il n'a que haine pour sa propre famille...

Un environnement destructeur et mal sain et une déchéance crescendo..

Sa bouée de sauvetage, sa seule survie est sa nièce !

Un amour sincère et démesuré pour elle...
Il lui sera refusé dû à son comportement instable, l'entraînant encore plus, dans une spirale infernale.

Aussi, il est question dans ce roman de la transmission des gênes.
J'ai trouvé très judicieux et pertinent d'en aborder la question.

Et c'est avec le personnage de Soledad, que l'on va s'immerger dans cette problématique :
Maladies et héritage génétique.

Entre ses souvenirs, les écrits de son oncle et son nouvel état de femme enceinte, Soledad basculera-t-elle à son tour, dans la folie au moment où elle deviendra bientôt mère.

Transmettra-t-elle cette terrible maladie à son enfant ? Ne porte-t-elle pas elle-même ce gêne comme son oncle ?

Même si parfois, j'ai été un peu perdue, dans les différents personnages (Manuel/Anaël), j'ai apprécié cette lecture.
Une maladie grave ayant des répercussions collatérales sur tout son entourage.

L'écriture est percutante, sans langue de bois et d'une grande sincérité.

C'est une histoire bouleversante et j'ai été touchée par cette détresse que l'on ressent dans beaucoup des personnages de ce livre.

Mais je reste perplexe et apeurée, sur la question des maladies psychiques qu'il faut sans aucun doute, prendre en compte autour de nous.

Lien : https://leslecturesdeclaudia..
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La schizophrénie vue par le malade lui même, par ses proches, ses parents, sa soeur et sa jeune nièce. Un texte choc, "fou", qui aborde d'une manière labyrinthique les maladies mentales, la façon qu'elles sont gérées par le milieu médical, scolaire, par la famille et par le malade lui même. Ce premier roman aborde un sujet délicat avec une écriture à plusieurs voix. On s'y perd, on entend la voix de Manuel, ce jeune homme qui ne correspond pas à la norme et qui est déclaré schizo par le milieu médical. La famille va alors essayer de l'accompagner ou pas dans sa folie. La famille ne le lâchera jamais d'ailleurs même quand il prend la fuite. Plus tard, on va rencontrer sa nièce, la mère de celle-ci était la soeur de Manuel. Elle lui envoie des cartons remplis de petits papiers, ce sont des mots que Manuel a collecté pendant toute sa vie et souhaitait que sa jeune nièce, Soledad, qu'il a connu bébé, s'en occupe et pourquoi pas une publication. Cette jeune femme, enceinte, nous parle alors de sa peur de l'hérédité, des gènes dans des familles. Un texte puissant, troublant. Ce premier roman interpelle notre comportement que l'on aurait ou pourrait avoir face à des maladies mentales. Un puissant premier roman. Merci beaucoup aux fées des 68premiéresfois de m'avoir permis de lire ce texte.
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Ce roman confus et dérangeant raconte la schizophrénie, schizophrénie elle-même confuse et dérangeante. J'ai commencé cette lecture pleine de compassion pour cet oncle Manuel/Anaël à la tête toute cassée. Mais je suis bien obligée d'avouer qu'au fil des pages n'avoir plus ressenti aucune empathie et, ça aussi, ça m'a dérangé.
La famille décrite par Sol Elias m'a glacée. C'est dans les années 1970 que s'est déclaré la maladie de Manuel. A cette époque on en parlait moins et son entourage semblait refuser de l'admettre. Il était intelligent, beau, brillant, il avait tout pour lui. L'attitude de la mère à la fois victime et manipulatrice est terrible, elle qui n'appelle jamais Manuel par son prénom mais Fils ou Mon Fils comme pour mieux renforcer son instinct de possession.
C'est un récit qui ne peut pas laisser indifférent et j'ai très bien compris la sorte de folie qui s'est emparée de la nièce. Elle était certainement latente chez elle mais n'est ressortie qu'au moment où elle s'apprêtait à enfanter. Les problèmes d'hérédité sont passionnants. N'a-t-on pas toujours peur de transmettre nos tares familiales à nos enfants ?
Sol Elias, par la voix de Manuel, semble accuser la société de ne pas être faite pour le schizophrène. A qui la faute? Pour tous la vie n'est pas facile, il faut faire des efforts et l'attitude de Manuel peut sembler inadmissible tant il ne fait jamais rien pour les autres, vit en véritable parasite et étale une certaine perversité dans les écrits qu'il a laissé.
Et que penser de cette autre mère qui prend la peine d'expédier des cartons remplis des petits papiers de Manuel à sa fille au lieu de les garder pour la préserver? Il m' a été difficile de lire sans juger et ensuite sans me demander et moi, à la place de chacun de ces personnages, qu'aurais-je fait?
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Roman basé sur des ressentis, ce qui rend sa compréhension parfois complexe. C' est un voyage dans la tête d'un schizophrène, ses espoirs, ses envies, ses souffrances...
Ambiance pesante ou Soledad apporte un peu d'air à cette famille phagocytée par la schizophrénie.
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