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Critique de gavarneur


Petit problème en commençant à rédiger cet avis : j'avais lu plusieurs fois la critique de Pecosa, et à part la même chose en moins bien, je ne voyais pas quoi écrire.
D'abord, ne pas lire une quatrième fois cette critique.
Ensuite, arrêter de chercher sur internet ce qui est vrai dans ce … roman ? Disons récit. Comme le dit si bien Pecosa, on s'en moque. Jordi Soler a trouvé un personnage extraordinaire, dont on sait sans doute peu de choses, et en a fait la base d'un livre épatant, c'est tout ce qui compte.
Vous dire pourquoi je l'ai lu ? Obscurément, parce que j'avais enregistré la critique de Pecosa, qui a dû résonner dans un coin de ma tête quand j'ai entendu vanter le livre, sur France Inter sans doute. Sûrement parce que les Editions La Contre Allée ont eu la bonne idée de publier cette traduction de Jean-Marie Saint-Lu, et en ont en plus offert un ou plusieurs exemplaires à Babelio et à ses lecteurs. Grâces soient rendues à Pecosa (elle va finir par rougir), à ce chroniqueur de la radio, à cette maison d'édition et à l'opération masse critique. J'ai aussi eu envie de connaître un autre auteur mexicain dont on parle, (à part Rulfo, je crois ne rien connaître de cette littérature, Lowry n'est pas un vrai mexicain). Et finalement, Jordi Soler a un prénom catalan, étrange étrange, intrigant donc.

Quel bavardeur, ce gavarneur, pardon. J'arrive au sujet : il s'agit d'un descendant avéré de l'empereur Moctezuma. Jordi Soler nous raconte l'histoire d'un conquistador de deuxième zone, et de son lointain descendant révélé à lui-même, qui choisit la gloire et la fortune plutôt que la charcuterie et la ruine. A part Dali qui joue le rôle daliesque d'un intermédiaire bizarrissime (et très drôle), l'impulsion initiale vient de Franco. le dictateur a des visions géopolitiques pour lesquelles un Grau de Moctezuma pourrait être utile. Il a aussi créé une noblesse en manque de justifications que notre héros va s'employer à rassurer.
Tout ça est très amusant, parce que l'auteur n'a peur de rien : quel talent ! Il se moque de la moustache de Dali, des complexes de Franco, de la frilosité et de la cupidité de la bourgeoisie catalane. Il se moque aussi gentiment des (nombreux) mauvais côtés de son personnage principal, à la fois virevoltant et alcoolodéprimé. Surtout il produit un narrateur très sympathique, touché par l'histoire de « Son Altesse impériale », qui, parti pour chercher un trésor, devient historien et soutien du prince déchu. Son discours hésitant, volontairement mal construit, avec des retours en arrière annoncés et des lourdeurs assumées à contrecoeur, facile à lire mais souvent surprenant est un délice.
J'ai bien aimé la caricature de « cette noblesse qu'à l'exacte mesure de sa médiocrité avait inventée le dictateur », prête à toutes les bassesses, proie facile pour les escrocs. Et l'auteur est clair : pour lui comme pour moi cette notion de noblesse n'a aujourd'hui aucune justification sérieuse : « le premier roi de chaque dynastie a dû inventer sa royauté, sans avoir été désigné par Dieu, et son sang n'était pas bleu : il s'agissait d'un petit malin qui, exactement comme le firent le premier Valois, le premier Bourbon ou le premier Moctezuma, s'était inventé lui-même ». Après le démarrage donné par Franco, le carburant est fourni par cette classe : en route pour des aventures drôles et excitantes.
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