AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mylena


Les nouvelles et récits courts, et ils sont relativement nombreux, sont les textes que je préfère chez Soljénitsyne : on y voit tout ce qui fait de lui un très grand écrivain, son style remarquable.
Dans ce recueil on trouve trois nouvelles et des «Etudes et miniatures» qui sont d'une brièveté inhabituelle, moins d'une page, sortes de poèmes en prose sur des thèmes très variés : une promenade en forêt, la recherche de la tombe d'un poète, une pause sous un pommier, la vie d'un caneton, une pousse bien vivante sur un morceau d'orme débité, … cela nous parle de la beauté de la nature, de liberté, de la fragilité de la vie…
Suivent trois nouvelles un peu plus longues :
* la nouvelle éponyme, Zacharie l'escarcelle, portrait d'un gardien croisé au détour d'une balade à la campagne, qui prend son rôle très au sérieux tout en ressemblant tant à un paysan qu'à un brigand et qui veille comme il peut sur un lieu historique oublié de tous, le Champ-des-Bécasses, site d'une bataille que les Russes ont gagné sur les Hordes Tatares, au mémorial vandalisé et à l'église ravagée et pleine de graffitis. L'atmosphère est nostalgique, mélancolique. Ce site est effectivement pour les Russes un site aussi important au moins qu'Alésia pour nous. Sauf qu'Alésia, ça remonte à – 52 et que le Champ-des-Bécasses c'est une bataille de 1380. On peut remarquer que malgré l'état piteux des lieux, il y a bel et bien un gardien. La narration fait des sauts dans le passé, se remémorant de hauts faits d'armes des siècles passés.
*La main droite : un hôpital avec un blessé prêt à sortir, guéri, arrive péniblement, comme il peut, un autre blessé, vieux vétéran de la guerre civile de 1921, il est mourant et se fait refouler parce qu'arrivé après les heures d'admission, ...
* La procession de Pâques (en Russie c'est Pâques et non Noël qui est la fête religieuse principale) : une procession à l'église du village de Pérédelkino (c'est très près de Moscou et beaucoup d'écrivains connus y ont une datcha). Quelques fauteurs de troubles éméchés, quelques miliciens, de la bousculade, la procession est perturbé, mais quoi, « on est dehors et le droit de ne pas croire en Dieu est garanti par la constitution ». Avec le recul on peut noter que Soljénitsyne est gêné par l'attitude des gens, attitude qui ne nous choque pas tant que ça, et ne souligne pas ce qui est probablement bien plus important, que les miliciens relèvent probablement l'identité des croyants. Mais bon, il faut savoir que la plupart des nouvelles de Soljénitsyne, même si elles n'ont fait l'objet d'aucune édition sous forme de livre du temps de l'URSS, ont été autorisées et publiées dans une revue très lue (Novy Mir). C'est à partir de 1963 et surtout de 1966 (ère Brejnev) que Soljénitsyne s'est retrouvé interdit, refusé de toute publication. C'est là que s'est forgé son style.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}