Ce beau livre des éditions du Zodiaque est de 1965.
Sa qualité d'impression et de confection, quoiqu'industrielle, est exemplaire.
Etonnamment, les illustrations en noir et blanc sont nettement plus belles que celles en couleur. Cela tient à l'Héliogravure, ce procédé magnifique tombé en désuétude, aux noirs si profonds, aux contrastes éclatants. Sa matité, et pourtant ses reflets métalliques, sont particulièrement adaptés aux photos des reliquaires d'or.
Elles nous montrent en détail ce qu'était l'abbatiale dans les années soixante.
Nous y découvrons également ce qui a changé dans le village de Conques, c'est-à-dire pas grand-chose.
A se demander si, finalement, seuls les vitraux de
Pierre Soulages sont venus modifier l'ensemble.
Là est, à mes yeux, le principal intérêt de cet ouvrage.
Mais il ne faut pas négliger les textes de Mère Elisabeth de Solms à l'humour léger, caché et bienvenu :
Elle nous livre en premier lieu une traduction de la chanson de Foy, poésie catalane en vers octosyllabiques rimés datée approximativement de l'an 1100.
Ce texte nous conte le martyre de cette enfant refusant abjurer sa foi, qui, en 303, fut passée au grill mais « réfrigérée » par un ange et finalement décapitée.
L'autrice non sans malice nous précise bien que le proconsul Datien qui la fit persécuter, voyait surtout en elle l'héritière des terres du seigneur local qu'il convoitait.
Dès lors la vénération de ses restes enchâssés à Conques produisit quantité de miracles dont le style et le sel d'Elisabeth de Solms nous permettent de lire agréablement les témoignages.
Nous passons par la vue recouvrée de Vuitbert dont Géraud son maître lui arracha les yeux. Aveugles, sourds, muets, boiteux de retrouver leurs capacités.
Certaines historiettes prêtent à sourire telle celle du marchand achetant tout un stock de cire dans le but de fabriquer des cierges et les vendre quatre fois le prix de revient. Il eut l'audace de voler le dernier cierge de l'église et de le cacher sous son habit, ce qui ne plut vraiment pas à la sainte qui ralluma le cierge, incendiant le malhonnête qui s'en tira finalement à assez bon compte.
Délier les captifs est une telle spécialité de sainte Foy que les fers déposés au monastère en reconnaissance encombrant tellement ; les moines en firent forger des portes.
Bref, un très beau livre, sans doute introuvable aujourd'hui, sauf à avoir, comme moi, un bon coup de bol, à ne pas confondre avec un miracle.