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Critique de Darkcook


Je publie ma critique augmentée de Clara et la Pénombre, la première étant, à mon goût, un peu incomplète et obscure. C'est donc un roman policier de science-fiction aussi essai sur l'art, ovni littéraire assez incroyable, comme on aimerait en lire plus souvent, en tout cas à lire pour les amateurs ne serait-ce que de l'un des trois genres!

Il recèle de références littéraires, picturales, notamment à Rembrandt, mais on peut en trouver plein d'autres (Alice au pays des merveilles...) Oeuf très riche, développant un monde cohérent, aussi biscornu qu'il soit, où l'on déniche, en revenant sur des passages, toujours plus de parallélismes artistiques, un bonheur pour les comparatistes! Que sa taille ne vous rebute pas, il se lit très vite, cela reste un thriller. Après, il n'est pas parfait, évidemment. Personnellement, malgré l'efficacité de la rhétorique de Somoza, liant l'art à la mort, quand on est transporté par l'art, littéraire, musical et autres, au quotidien, on grimace devant un tel propos. Il a beau être pertinent et appuyé, on s'y oppose forcément.

Le principe de base : dans le futur, les tableaux ne sont plus des toiles... Mais des êtres humains!! Rémunérés pour poser, leur corps est entièrement peint, et en découlent évidemment toutes les questions morales de réification des individus, considérés non plus comme tels, mais comme de simples objets, supports. le roman va jusqu'au bout, et installe une hiérarchie, des grands modèles peints par les grands artistes, aux gens les plus modestes qui se prêtent à une servitude volontaire pour poser en tant que chaise, table de design! Et comme si ce n'était pas assez, il y a aussi les "art-shocks", forme illégale dont on devine qu'elle recèle prostitution et tout ce qui s'ensuit. Lorsqu'un tueur en série se met à assassiner des modèles/toiles, le débat se pose au sein de ce futur fou : meurtre ou vandalisme?

Le personnage principal, Clara, comme son nom l'indique, est candide, transparente, et va évidemment subir ce lavage de cerveau progressif pour qui veut arriver à être la toile suprême de l'artiste ultime (Van Tysch), de sorte qu'au final, on s'identifie et se soucie peu d'elle. L'intrigue elle-même passionne bien plus, dans la construction effarante de ce monde musée. Hirum Oslo, artiste retiré dans son jardin fabuleux, exilé en pleine lande anglaise, effaré, loin du monde, obsédé par sa muse (certes la détestable Mlle Wood) m'a davantage conquis.

En clair, un roman si original qu'il vous reste longtemps en mémoire... Et je n'ai pas tout dit. Seul le dénouement de l'intrigue policière, un peu prévisible (comme ce qui arrive à Clara) parmi les quelques solutions qui s'offraient au lecteur, peut légèrement assombrir le tableau, c'est le cas de le dire, mais au final, on en garde un souvenir vivace, comme si Somoza avait peint notre cerveau de toute cette histoire et de ce cosme qui a franchi une limite faisant frissonner.

Si ça vous donne envie, sachez que Jose Carlos Somoza adore ça et ne fait que ça : des polars hybrides, mêlés à un autre monde, fictif, complètement fou. La quatrième de couverture de CHACUN de ses romans pousse à l'achat compulsif!!
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