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Critique de marcbali


Aujourd'hui je vais évoquer La femme et l'oiseau le nouveau roman d'Isabelle Sorente. Elle a déjà publié La faille et le complexe de la sorcière. Les personnages féminins sont souvent au coeur de ses histoires. Avec ce nouvel opus elle raconte le destin croisé de trois générations d'une même famille à travers les personnages de Thomas, Élisabeth et Vina.
Au début du roman Élisabeth est convoquée au lycée où Vina sa fille risque l'exclusion pour avoir menacé un garçon d'un cutter. Depuis la mort de son mari Élisabeth élève seule sa fille précoce et surdouée qu'elle a eu en ayant recours à une mère porteuse en Inde (d'où l'origine du prénom de l'adolescente). Elle-même est très investie dans son travail et dissimule ses failles et son surmenage professionnel. Face aux circonstances elle ressent le besoin de lâcher prise et de se ressourcer. Elle appelle Thomas son vieil oncle nonagénaire chez qui elle veut se réfugier pour retrouver ses souvenirs et ses bonheurs. Vina en a entendu parler mais ne connait pas cet oncle. Après le décès brutal de son père et son retour en France (la famille vivait aux Etats-Unis) elles n'ont jamais eu l'occasion de lui rendre visite. L'occasion est propice, elles se décident et partent avec ce projet : « trois semaines. Dans un village perdu d'Alsace. Chez un grand-oncle qu'elle n'a jamais vu. Elles partent samedi. » Elles vont vivre un huis-clos dans la nature avec ce vieil homme solitaire rongé par les secrets de famille, ses tourments et sa douleur. Lors d'une discussion avec sa mère Vina dit : « tout ce que j'ai de bon vient de toi et tout ce que j'ai de mauvais vient d'elle. C'est ce que tu as toujours pensé, non ? » Elle a besoin de reconstituer son histoire familiale, de comprendre mieux son origine et d'accepter ses particularités, ses émotions à fleur de peau, ses conflits avec ses amies et ses jalousies. le personnage de Thomas est attachant, il a connu la seconde guerre mondiale ; cet alsacien était un Malgré-nous, ces hommes forcés à s'enrôler du côté allemand. Il se remémore : « son frère et lui sont partis ensemble sur le front russe, il paraît. Ils ont été déportés et libérés ensemble, mais son frère n'est jamais rentré. Il a été attaqué à la sortie du camp. Il paraît qu'il était présent. Il paraît qu'il était présent. Il paraît qu'il ne l'a pas défendu. Il paraît qu'il l'a regardé mourir. » Les souvenirs traumatiques de cette période sont ancrés en lui mais il reste malgré les années taciturne, une sorte d'amnésie protectrice élude ces questions dont il ne parle pas. Pourtant : « un Malgré-nous a toujours besoin d'être rassuré. Il suffit d'avoir cru une fois tomber dans la fosse. (...). Il n'était pas le seul Malgré-nous à constater qu'un abîme le séparait de sa famille. Oh invisible à l'oeil nu, plus fin qu'un cheveu, un abîme qu'un enfant aurait franchi sans y penser. Mais une fois qu'on avait le malheur de constater son existence, il devenait profond comme une entaille dans une artère. » Chaque matin Thomas part seul en forêt et chaque jour il revit le camp de Tambov, son amour pour une combattante mongole, la disparition d'Alex son frère. Toutes ces blessures sont dissimulées, seuls les Malgré-nous peuvent comprendre ce qu'il a enduré. L'entente entre l'adolescente et le vieillard vaillant est touchante et fascinante, ils se comprennent sans utiliser les mots. Vina veut rencontrer sa mère porteuse, elle tente de rentrer en contact avec elle mais elle est morte récemment. Élisabeth la laisse à la campagne et file rencontrer le fils de cette femme à Londres. Elle pense cette phrase lourde de sens : « je dois présenter mes condoléances au fils de la femme qui a porté ma fille. »
La femme et l'oiseau est un roman intéressant pourtant il ne convainc pas totalement. L'accumulation de thèmes comme le deuil, la culpabilité, les secrets plombent parfois le récit par ailleurs très onirique et fantasmatique avec le rapport au gerfaut qu'entretient Thomas. le style est naturaliste, les descriptions des oiseaux et des paysages sont émouvantes.
Voilà, je vous ai donc parlé de la femme et l'oiseau d'Isabelle Sorente paru aux éditions JC Lattès.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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