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EAN : 9782709648578
520 pages
J.-C. Lattès (02/09/2015)
3.63/5   101 notes
Résumé :
Lucie Scalbert était la plus belle fille du lycée. Avec un je ne sais quoi de dingue dans le regard. Je n’ai pas été surprise qu’elle devienne comédienne, je l’ai perdue de vue alors que le succès semblait l’attendre. Voilà que je la retrouve cinq ans plus tard. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle a abandonné sa carrière, elle prononce le nom de VDA, son mari, avec un mélange d’effroi et de rancœur. Ce vieillissement précoce, cette voix enfantine, ce rire ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Je referme les 500 pages de ce roman et j'en suis encore toute chamboulée, difficile d'écrire un billet sur ce livre tant il fourmille dans tous les sens. Je dois choisir entre l'adoration ou le mépris. Je me lance.

Mina et Lucie sont deux amies, les meilleures comme deux soeurs. Elles se livrent leurs secrets et ne manquent aucune occasion d'être présentes l'une pour l'autre. Aussi belles qu'intelligentes, elles vivent toutes les deux sans père, auprès d'une mère célibataire. Lucie à la chevelure d'or éprouve un besoin viscéral de plaire, elle voue aux mots une force insoupçonnée, entre le mensonge et la réalité, il n'y a qu'un pas.
Âgées respectivement de 16 et 20 ans, elles vont se perdre de vue pour se retrouver des années plus tard.
Lucie est devenue comédienne, Mina écrivain.
Les mots ont grande place dans ce roman, ils permettent d'habiller la réalité, de jouer avec elle, de creuser la faille ou bien de l'extérioriser.
Quand Lucie réapparaît des années plus tard, elle a bien changé. Elle semble avoir vieillie prématurément comme si le chagrin avait meurtri sa peau et son âme. C'est à ce moment qu'arrive en scène VDA, Vincent-Dominique Arnaud. Drôle de prénom pour un homme aux multiples visages, archétype du pervers narcissique manipulateur. VDA est un homme qui aime les femmes, à la fois fortes et surtout écorchées vives pour mieux les détruire. C'est ce qu'il s'attardera sans peine et insidieusement à faire quand il s'éprend de Lucie.

La faille est de ces romans tellement bien construit et fouillé qu'on se sent pris dans l'engrenage des personnages. Il distille le mystère, il plonge dans l'âme humaine, il rend perfide et machiavélique des personnages ordinaires. Lucie, Mina et VDA ont un point en commun : la faille. Celle qu'on trouve enfouie dans l'enfance et nous fait grandir en dent de scie.
La faille, un roman déroutant, impeccable, brillant qui mérite des lecteurs pour son travail recherché et méticuleux, pour sa plume oscillant entre l'ordinaire et la singularité.

Je te remercie Annette de m'avoir permis de découvrir ce roman époustouflant.
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Mon année littéraire 2015 , initiée avec un superbe recueil de nouvelles de John Burnside ( "Something like happy" ),s'achève avec le roman époustouflant d'Isabelle Sorente.
Écrire une critique sur ce livre s'avère difficile, tellement il est riche en thèmes,reflexions et analyses.
En 1980, Mina Liéger,16 ans rencontre Lucie Scalbert, de quatre ans sa cadette. Deux filles à l'intelligence hors paire, elles sont voisines , fréquentent le même lycée et vivent seules avec leurs mères. Mina donne des leçons de français et de maths à Lucie, elles deviennent amies.
Un incident va les séparer pour vingt ans.....À leur seconde rencontre ,Mina est devenue écrivaine ( le sosie de l'auteur), Lucie comédienne, et entre elles un homme,l'ami de l'une ,l'amant de l'autre.Lucie disparaît à nouveau, pour réapparaître cinq ans plus tard, mariée et "abîmée"....Et là entre en scéne, le personnage diabolique de VDA, le mari, un personnage dont l'assassinat est annoncé dès les premières pages....
C'est un roman psychologique extrêmement fouillé, superbement écrit et construit.
Le titre annonce la trame du récit, "la faille". Une faille , plutôt profonde, que chaque personnage du roman possède, et dont ils en sont plus ou moins conscients. Ils essaient d'y remédier par le biais de leur profession et de leur vie privée, utilisant la manipulation et l'imposture à l'extrême.Et plus ils sont intelligents, plus la faille s'approfondit et plus ils vont faire du mal à eux-mêmes et à leurs proches.
Le génie de l'auteur tient au fait que durant 500 pages elle maintient la tension, multipliant les fausses pistes, jouant avec les mots, les mots auxquels elle donne le plein pouvoir.
Sa façon de nommer ses personnages, les mettant dans des bulles aseptisées comme s'ils étaient sous cellophane,sans vie.... est étrange et fascinant,du moins c'est ce que j'ai ressenti.
Les parents n'ont pas la part belle dans ce roman...à dire que toutes les mères sont des imposteurs, ambitieuses, avec peu d'égard et presque pas de véritable amour pour leurs enfants,et les pères souvent aux abonnés absents ,sont ignorés ou méprisés...( un trait autobiographique?).
Pour finir, la manipulation du lecteur est aussi, très réussie! Jusqu'à la fin, on hésite à aimer ou non , à éprouver ou non , de la compassion, de l'empathie pour chacun des personnages.
J'ai été un peu dérouté par l'atterrissage en douceur de la fin après toute cette tension. Mais Sorente est tellement brillante que je pense que c'est fait exprès,tout réfléchie.
Un livre de la rentrée littéraire 2015 qui à mon avis est resté dans l'ombre, à découvrir très très vite si non déjà fait !
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"J'ai eu du mal à m'endormir, cette nuit - là, la femme sèche et blessée que Lucie était devenue me fascinait autant que la comédienne, autant que l'enfant qu'elle avait été .....
Je l'aimais d'être si droite....
Je l'aimais pour son obéissance rigoureuse aux lois de l'âme , je l'aimais et j'avais peur que mon honnêteté ne vaille pas la sienne ....
Il faudrait que je la prévienne , si je la revoyais , si elle se confiait à moi, que ma Morale ne résisterait pas à l'envie d'écrire un Roman...."
Voici un roman psychologique où la narratrice", double", "sosie" de l'auteur en quelque sorte
conte la rencontre et l'amitié entre Lucie Scalbert et Mina Liéger, l'une deviendra écrivain, l'autre comédienne...Lucie, une jeune femme - enfant fragilisée par une mére psycho - rigide ....
Je ne m'étendrai pas sur le déroulement de l'intrigue qui nous tient en haleine : menace diffuse, ombre d'un drame qui se profile .
C'est un roman dense qui étudie au plus près les rapports humains dans leur complexité , hypocrisie, emprise psychologique , sorte de vampirisation qu'exerce VDA sur sa compagne, redoutable et feutrée, angoissante et déstabilisante,lente et progressive descente aux enfers de Lucie, le méchant VDA manipulateur, tyrannique , cynique , calculateur doucereux, pervers et dangereux ...sa voix tendre et douce, fausse , entretenant une atmosphère lourde comme frelatée , un personnage diabolique , trompeur et fascinant .....
L'auteur entretient les fausses pistes, étudie avec finesse et talent les rapports humains et leurs ambiguïtés, décortique les obsessions , les errements, traque les failles béantes ....les pièges de la trajectoire amoureuse , les noeuds des relations mère - fìlle , ( les parents dans ce roman ne sont pas épargnés ) , l'envie incoercible de plaire .
La trajectoire de l'amie d'enfance piégée, devenue une proie : déstabilisée, angoissée, prise dans la souricière d'une relation perverse, à la fois répulsive et insidieuse ,une toile d'araignée où humiliations ,mensonges permanents , cruauté et narcissisme dominent.
Destructeur, rédempteur , glacant et habile , cruel et romanesque !
Pas facile à critiquer cet ouvrage !
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Si l'on devait matérialiser la vie, un long fil serait une image assez juste. Il serait ponctué de noeuds, plus ou moins serrés, plus ou moins rapprochés symbolisant les obstacles que l'on a rencontrés. le fil de la vie de Lucie serait jalonné de montagnes de noeuds. Une mère difficile, l'envie de plaire, et puis VDA. Ce serait le plus gros, celui à cause duquel le fil pourrait se rompre.

Le roman d'Isabelle Sorrente commence comme tous les romans. On pourrait même imaginer un début à la « Il était une fois ». Il était une fois deux enfants, séparées par quelques années, qui se lièrent d'amitié. L'une avait la beauté d'un elfe et des cheveux de lumière, l'autre l'intelligence d'un ange. Ce pourrait être un bon début. Mais comme dans toutes les histoires de ce genre, il y a un méchant. Un très grand méchant. VDA.
Parce que finalement, si les contes ont un fond de vérité, il en va de même pour cette histoire. Ces noeuds qui peuvent rompre le fil, tout le monde peut les rencontrer.

Mina et Lucie sont amies d'enfance. Lucie a tout pour être heureuse, en apparence. Les apparences sont essentielles, elles empêchent de voir ce qui est fêlé. Et la vie de Lucie est fêlée. Derrière sa chevelure éclatante se cache une faille profonde : cette envie démesurée de plaire. Plaire à sa mère qui ne la pense pas assez intelligente, plaire à ses camarades qui la regardent bizarrement.
Mina, quant à elle, a l'intelligence, mais elle a du mal à trouver sa place. Elles se rencontrent, une amitié naît. Mais le fleuve de la vie est sinueux et les sépare.

Les années passent, elles se construisent, dans la distance. Des retrouvailles et rien n'a changé. Ou plutôt tout a changé. L'éclat de Lucie s'est terni, sa chevelure s'est éclaircie. Elle est mariée désormais à un homme à qui tout réussit. Vincent-Dominique Arnaud. VDA. Il est fou amoureux d'elle. du moins, tant qu'elle reste sous son joug. VDA est un méchant de la pire espèce, c'est un manipulateur, passé maître dans l'art de la violence psychologique.

C'est une histoire effrayante que nous livre l'auteure.

Ce récit dense se construit progressivement, lentement, comme la vie. de longues pages s'égrainent sans dialogues, et quand ces derniers arrivent, ils n'apportent pas la libération désirée. Les mots ne peuvent pas libérer, ils sont oppressants, comme ce fil de la vie qui s'enroule autour du cou de Lucie et qui serre, qui serre...

On a beau se protéger derrière la cuirasse de la fiction, se dire que cela ne nous arriverait jamais, on sait très bien que l'on se ment. Parfois, nos routes croisent celle de la mauvaise personne, et en sortir indemne est impossible. La seule issue est s'en sortir tout court.

L'écriture de l'auteure m'a fascinée. Cette distance prise avec les faits grâce à Mina à travers laquelle nous vivons le récit n'a pas empêché la répulsion envers VDA d'éclater. L'exaspération vis-à-vis de la Lucie des premières pages a fait place à une compassion qui m'a étreint le coeur. Cette lente descente aux enfers, presque méthodique m'a fait serrer les poings. L'horreur n'arrive pas d'un coup, elle se prépare.

Isabelle Sorente nous livre un roman d'une force incroyable, un roman marquant, de ceux dont on se souvient encore des années durant. Ces pages poussent à la réflexion. On peut tous être des victimes, et démêler les noeuds du fil de la vie s'avère être une tâche bien plus ardue qu'il n'y paraît.
Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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Voilà un roman dense, touffu, aux personnages cliniquement étudiés (les principaux comme les secondaires) et aux actions précisément décortiquées. C'est lourd, étouffant, sans respiration dans l'écriture et la disposition du texte. Mais paradoxalement, jamais je n'ai eu envie de lâcher ce roman tant la tension est prenante et addictive.

J'aime ce genre de roman épais, avec « de la mâche », où il faut prendre le temps de décortiquer personnages et actions pour accomplir avec eux le cheminement nécessaire à la connaissance des tenants et aboutissants, car dès les premières pages le lecteur est averti de la mort du mari pervers narcissique. Et même si ce rôle est important, ce n'est pas le sujet de ce roman fort, mais bien le degré de responsabilité et la route empruntée par tous les acteurs jusqu'au drame final. Une vraie étude psychanalytique des personnes, même si l'auteure s'en défend. Mais pas de doute, Isabelle Sorente est un vrai écrivain et je suis ravie d'avoir été volontairement sous l'emprise de sa plume.


C'est en 1988 que Mina, seize ans, et Lucie, douze ans, deviennent amies. Elles le resteront même si les échanges entre elles seront marqués par de longues plages d'absence mais jamais d'oubli. Une relation pleine de fascination réciproque et d'amitié sincère. Et c'est en 2014 que le mari de Lucie trouvera la mort...
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Elle croit s'être détachée de sa mère, elle ne part plus au quart de tour quand Béatrice la provoque. Quand deviendras-tu adulte ? Qu'est-ce qui ne va pas chez toi, ma fille ?, à ton âge, j'étais moins jolie que toi mais j'avais déjà un fiancé. Lucie se retient de lui dire qu'elle a des hommes, qu'elle découvre leur pouvoir sur eux. Elle couche le premier soir, il paraît qu'il ne faut pas, mais elle ne peut pas se retenir. Elle ne résiste pas aux bras qui s'ouvrent et qui la serrent très fort, comme si elle était un petit enfant. Le chat de son proprio, un chartreux du nom de Feeling, qui doit bien peser huit kilos, s'accroche à tous les gens qui passent, il se roule à leurs pieds pour avoir un câlin. Il a été arraché à sa mère trop jeune, lui a dit le proprio pour excuser la bête, il ne s'en est jamais remis.
(p. 133-134)
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Alors que je passais devant une église dans le quartier de Vaugirard, j'ai décidé de brûler un cierge, c'était une chose que je n'avais pas faite depuis longtemps, la dernière fois c'était avec Véronica, juste avant les épreuves du baccalauréat [...].
Chemin faisant, je me suis demandé combien de gens qui aimaient comme moi se recueillir dans les églises y avaient renoncé, depuis que durait la controverse sur le mariage pour tous. Depuis qu'en France, une femme pouvait prendre femme et un homme se faire épouser, le vieux démon national du vice et de la vertu se déchaînait, aussi prompt à communiquer qu'à lancer des malédictions. 'Manif pour tous', 'Womanattitude', 'Mères-veilleuses', les mouvements décidés à bannir les homosexuels de la sainte vie familiale s'étaient trouvé des noms dignes du plan de communication d'une direction des ressources humaines.
(p. 178-180)
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Lui qui ne désirait que les filles fragiles et ne respectait que les femmes fortes, ce qui lui donnait l’impression de se faire avoir chaque fois qu’il tombait amoureux, voilà qu’il goûtait aux miracles de l’équilibre : Lucie était à la fois têtue et écorchée vive, ce dosage unique entre deux pôles opposés s’emboitait à son désir comme une pièce de puzzle.
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Comme [il] aurait été heureux, si ses parents l'avaient laissé étudier la philosophie, la sociologie, l'anthropologie, ces sciences humaines réservées aux garçons de bonne famille parce que rien ne les pressait, si la porte des humanités lui avait été ouverte, s'il avait pu contempler ces choses qu'il sentait remuer en lui, au lieu de faire une école de commerce avec prépa intégrée, pour gagner sa vie le plus vite possible en travaillant chez Peugeot.
(p. 230)
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Il y a bien des raisons pour lesquelles les romanciers sont jaloux des poètes. La première est que la poésie va vite, les images se déplacent à la vitesse de la lumière, trois cents millions de mètres à la seconde, elles apparaissent comme des étoiles avant de s’évanouir. En faire toute une histoire, cela prend plus de temps.
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Videos de Isabelle Sorente (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Isabelle Sorente
Dans "L'Instruction" (JC Lattès), Isabelle Sorente se prête à un mystérieux exercice d'empathie, pratiqué par d'anciens maîtres nomades, consistant à s'imaginer à la place d'un animal conduit à l'abattoir. Elle n'imagine pas que cela la conduira à l'intérieur d'un élevage industriel, et à un questionnement bouleversant sur l'écriture et notre lien aux autres espèces.
À l'occasion de la parution de ce nouveau roman, elle répond en vidéo aux questions que lui ont posées ses lecteurs.
En savoir plus https://www.hachette.fr/videos/questions-de-lecteurs-avec-isabelle-sorente
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