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Critique de Cigale17


Tomi Motz est dépêché à Seyvoz par l'entreprise qui l'emploie pour un problème de maintenance : des anomalies ont été détectées dans les installations du barrage. Arrivé sur les lieux, personne. Il tente de joindre quelqu'un au téléphone, pas de réseau. La personne avec laquelle il avait rendez-vous n'a pas pu venir lui dit une rousse en Clio rouge sans même prendre la peine de descendre de sa voiture. Et elle s'en va, le laissant là. Il saute dans sa vieille Passat et tente de la rattraper. Il la suit bien un moment, mais la voiture disparaît. Il se rend alors à l'hôtel, personne. Il trouve un post-it avec son nom, le numéro de sa chambre et le code wifi, mais ne voit personne… Tout cela est bien intrigant et un peu inquiétant !
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Ce roman à quatre mains, écrit par Maylis de Kerangal et Joy Sorman, se divise en quatre jours qui se déroulent sur deux axes temporels : le présent (police de caractères noire et narrateur à la troisième personne) et le passé (police de caractères bleue et narrateur à la première personne). Au présent, les événements deviennent de plus en plus étranges au fil des jours. le peu de gens que Tomi rencontre brièvement sont incapables de l'aider. Ni le stagiaire, ni la patronne de l'hôtel, ni le vendeur de charcuterie ne pourront répondre à ses questions. Il reste seul, sans aide, et presque toujours sans réseau. Il sent l'angoisse monter, amplifiée par le manque de nicotine. Au passé, c'est le drame, bien réel. Au début des années cinquante, les habitants de Seyvoz doivent quitter leur village puisqu'il sera prochainement englouti sous un lac artificiel créé par le barrage en construction, puis sur le point d'être mis en eau. Si certains s'en vont sans trop rechigner, d'autres décident de résister tout en étant conscients que la partie est déjà jouée et que les dés étaient pipés…
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Au présent, l'intrusion du fantastique vient brouiller les perceptions de Tomi comme celles du lecteur grâce à des images et des symboles qui font douter des frontières entre réel et irrationnel. La conscience de l'environnement se modifie. On bascule dans un monde instable où tout apparaît mouvant. Seul un intense sentiment de solitude persiste. Au passé, on vit avec les hommes venus construire le barrage (lourd tribut : 52 morts). Et le désespoir perceptible des expropriés, leur frustration et leur colère, leur amère résignation se transmettent au lecteur. L'Éducation sentimentale accompagne Tomi et lui apporte de temps en temps un peu de réconfort, mais trop brièvement pour lui permettre de reprendre pied. Un bref et beau roman, une écriture maîtrisée et assez homogène pour que je n'identifie pas la patte de chaque autrice, bien que je sois tentée d'attribuer les parties les plus techniques à Maylis de Kerangal, forcément. Je n'ai pas deviné qui était le narrateur à la première personne…
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