L'histoire et les personnages…
Une malédiction entourerait Stanislas de Beaumiracle qui voit chacune de ses amantes périr dans des circonstances tragiques. La dernière en date, une musicienne émérite du nom de Laura, se serait ainsi suicidée… Peu convaincue par cette version officielle, Gabrielle, sa soeur journaliste de profession et fouineuse dans l'âme, est bien décidée à découvrir la vérité quitte, pour cela, à se jeter dans la gueule du loup en devenant l'assistante personnelle de Stanislas.
Cette histoire de malédiction est-elle, même en partie, vraie ou des motifs plus triviaux expliquent tous ces morts ? Voilà une question qui vous taraudera dès le début du roman d'autant que l'auteure s'amuse à semer le doute dans l'esprit du lecteur.
Comme Gabrielle, on en vient néanmoins très vite à douter que tous ces décès soient accidentels, la question étant de savoir qui ou quoi est responsable des tourments de cette famille déjà bien endeuillée. C'est donc avec plaisir que l'on suit notre courageuse, voire intrépide journaliste, dans son enquête en croisant les doigts pour que son nom ne vienne pas s'ajouter à la liste des décès… J'ai beaucoup apprécié la force de caractère, la curiosité et la pugnacité de cette journaliste qui ne recule pas devant le danger pour lever le voile sur la mort de sa soeur et sur cette histoire de séducteur maudit.
Logée au château de son patron dans le cadre de son travail, Gabrielle est amenée à côtoyer également son frère, Mathis, qui aura d'ailleurs tendance, trop souvent à son goût, à être là où il ne faut pas entravant son enquête. Elle aura ainsi le loisir d'apprendre à mieux connaître ces deux frères qui sont un peu comme le feu et la glace, l'un séducteur invétéré au sourire enjôleur et l'autre, être de principe au visage inexpressif.
Si l'on connaît assez peu Stanislas, rien en lui ne prête à l'indulgence : conscient de son charme naturel, il n'hésite pas à en user et abuser pour multiplier les conquêtes féminines sans être réellement touché par les morts qui se multiplient autour de lui. A l'inverse, Mathis, sous une apparente froideur, prend la mesure de toute l'horreur de la situation et essaie, autant que faire se peut, de tempérer les excès de son frère. Au fil de l'histoire, on ne peut que se prendre d'affection pour cet homme au sens aigu de la famille et des responsabilités.
Malédiction et amour…
En parallèle de cette histoire de « malédiction », se cache une romance même si je vous rassure, elle n'est pas le sujet central du roman. Ce n'est pas un genre pour lequel j'ai une grande appétence, mais force est de constater que sous la plume de
Stéphane Soutoul, il prend une tout autre dimension. Exit donc l'héroïne stéréotypée à la limite pimbêche et le grand prince charmant sur son cheval blanc !
J'ai apprécié que malgré son attirance pour Mathis, Gabrielle garde la tête assez froide pour ne pas l'exclure d'emblée de la liste des suspects. D'ailleurs, pour mon plus grand bonheur, ils ne se sautent pas dessus dès le début de l'histoire, gardant une certaine réserve ce qui correspond parfaitement à leur caractère respectif. Alors, bien sûr, comme souvent dans une romance, les personnages doutent et se posent des questions, mais à aucun moment, l'histoire ne tourne à la mièvrerie.
Cette attirance entre les deux personnages devrait ravir les amateurs de romance tout en complexifiant l'enquête de Gabie qui est tiraillée entre Mathis et le devoir de vérité qu'elle estime avoir envers sa soeur et les autres victimes.
Une fin qui ne m'a pas déroutée sans que cela ne me gêne…
Comme très souvent dans mes lectures, je n'ai pas été surprise par la révélation finale. Très tôt dans le roman, j'ai eu la certitude d'avoir élucidé une grande partie du mystère autour de ces suspicieux décès et ne m'étais pas trompée sur ce point. Je ne dis pas que l'auteur a manqué d'originalité, mais seulement que je dois avoir un esprit aussi tordu que le sien.
Je ne sais pas si, contrairement à moi, vous serez surpris par la fin, mais cela n'est pas le plus important. En effet, si la résolution de l'enquête autour des décès entourant les Beaumiracle est captivante, l'aura de mystère, de danger et de mort qui plane sur cette famille l'est tout autant si ce n'est plus. C'est cette impression qu'un ennemi invisible rôde dans la vaste demeure telle une ombre malfaisante qui vous fera tourner les pages avidement.
La plume de l'auteur…
J'avais adoré le style de l'auteur dans le Mal en la Demeure et suis tout autant séduite par sa plume dans
Séduction Maudite. Elle conserve cette élégance et cette finesse qui rendent plaisante la lecture de chaque ligne, même si ici, elle se veut résolument plus moderne.
L'auteur sait parfaitement suggérer une ambiance mystérieuse et angoissante sans devoir, pour cela, faire couler l'hémoglobine à flot. La tension est ainsi suggérée ce qui a bien plus d'impact sur le lecteur qu'une démonstration pure et dure de violence. de la même manière, les descriptions concises, mais percutantes, permettent de se représenter parfaitement les personnages, le château et le côté presque malsain de ses murs.
En conclusion,
Stéphane Soutoul a réussi le pari de proposer une oeuvre pouvant séduire aussi bien les amateurs de thrillers que ceux qui sont en quête d'une romance laissant une large place au mystère et au drame. La finesse de sa plume devrait, quant à elle, finir de convaincre les plus exigeants des lecteurs qui attendent d'un livre d'être transportés aussi bien par le fond que la forme.
En d'autres termes, si vous avez envie d'un roman avec des personnages forts, une histoire familiale intrigante et dramatique, de l'action, du mystère et de l'amour,
Séduction Maudite est un livre que vous risquez fort bien de ne pas lire, mais de dévorer.
Lien :
https://lightandsmell.wordpr..