Anges d'Apocalypse est le roman que vous avez choisi pour moi lors de l'événement mensuel “à vous de piocher”. Sa splendide couverture me poussait à découvrir les mystères qu'il renfermait, et pour le coup, je n'ai pas du tout été déçue du voyage ! Comme avec
Si proche de lui,
Stéphane Soutoul sait charmer ses lecteurs.
C'est l'histoire de Syldia, une jeune femme aux prédispositions pour le moins étonnantes. Elle n'est autre que l'un des 4 Cavaliers de l'Apocalypse. Elle et ses trois soeurs errent dans le monde depuis 600 ans et sèment la désolation sur leur passage. Mais ça, c'était avant. Depuis, elles essaient de se racheter une conduite. Il y a Jillian, alias Pestilence, Raven, aussi connue sous le nom de Guerre, et Eve, appelée Mort. Syldia, elle, c'est Famine. Elle se nourrit de ses victimes en s'imprégnant de leur énergie, ne laissant sur son passage que des enveloppes vides.
À cause d'une malédiction jetée sur elle, Syldia se retrouve catapultée dans un corps d'adolescente en journée. La nuit en revanche, elle réintègre son identité et travaille comme garde du corps. Suite à un fiasco retentissant, son associé lui propose un jour de veiller à la sécurité du lord de la Cour des sorciers de Toronto. Appâtée par l'argent, Syldia n'hésite pas bien longtemps. Pendant une semaine de tractations, elle doit veiller sur son protégé. En parallèle, son corps d'humaine fait la rencontre de Nathan, un adolescent taciturne qui semble cacher son lot de problèmes paranormaux.
J'aimerais tellement en dire plus, mais si je ne m'arrête pas tout de suite, je suis bien capable de vous dévoiler toute l'histoire. Il faut dire que dès les toutes premières pages, j'avais l'intime certitude que j'allais adorer ce roman. Ayant déjà appréhendé la plume et l'humour mordant de
Stéphane Soutoul avec
Si proche de lui, je ne me faisais pas trop de souci. Ici, ça n'a pas loupé. Je n'ai pas lu ce premier opus… je l'ai englouti !
Il est rare que j'apprécie les héroïnes. Il y a toujours quelque chose qui coince et qui fait que ça ne passe pas. Mais là… hanlala, qu'est-ce que j'ai adoré Syldia ! Multifacette, vigoureuse, acerbe et hargneuse, on en fait plus beaucoup, des comme elle. Son côté “antihéros” n'a pas été pour me déplaire. Syldia compose avec la vie comme elle peut. Faire partie des Cavaliers de l'Apocalypse, ce n'est pas de tout repos, car elle doit lutter contre sa nature profonde, celle de la Destruction. Heureusement, elle n'est pas seule dans cette lutte, car ses soeurs traversent le même calvaire. Celles-ci démontrent un panel de tempéraments qui les rend attachantes au possible, même si ma préférence va à Syldia, évidemment. Son côté humain lorsque le soleil se lève, la relation qu'elle entretient avec ses parents… tout ça contribue à la rendre proche du lecteur. Même si du haut de ses 600 ans de vie, elle est dotée d'une sagesse et d'un recul notables.
Je ne vais pas m'en cacher, j'ai été légèrement rebutée lorsque j'ai pris connaissance de la malédiction. N'ayant pas lu le résumé (comme d'habitude), je m'attendais à quelque chose d'assez adulte. Lorsque j'ai compris que Syldia devenait Samantha le jour, j'ai été déçue, car je me demandais ce que le mélange Cavalier de l'Apocalypse/adolescente banale allait donner. Contre toute attente, même si cela peut surprendre aux premiers abords, cette alliance fonctionne très bien, car différentes intrigues se mettent en place avant de se rejoindre en apothéose à la fin.
Durant sa mission de protection, Famine fera donc la rencontre de nombreux sorciers. J'ai particulièrement apprécié la tension constante qui imprègne la Cour, sans parler des négociations qui manquent plus d'une fois de tourner au vinaigre. On fait la connaissance de personnages variés. Là encore je pourrais vous parler des heures de Dominika, de Desmond ou de Beranger… Ils sont si fascinants, si… dérangeants et déroutants, par moment !
Stéphane Soutoul a un don inné pour dépeindre les personnalités, en jouant sur la corde sensible et en poussant la chose de façon à parfois nous mettre très mal à l'aise. Il est difficile d'en faire le tour en un seul tome, mais sa manière de les aborder est vraiment réussie. Ils entrent une fois en scène et nous marquent tout le long de notre lecture.
J'avoue être très curieuse sur l'histoire des soeurs de Syldia. Chaque fois qu'elles étaient abordées, je trouvais leur vécu passionnant, sans parler de leurs pouvoirs à faire froid dans le dos. Les Cavaliers de l'Apocalypse… admettez que c'est sacrément culotté de reprendre cette histoire biblique ! Et
Stéphane Soutoul l'a fait et réussi haut la main, sans jamais tomber dans les pièges du cliché.
En signant le Tourment des Aurores, l'auteur met le doigt sur un bon nombre de problématiques que l'on est tous amenés à aborder dans sa vie. Bien qu'introductif, ce roman est bourré d'actions et son intrigue – ficelée avec brio – laisse à peine le temps de reprendre son souffle. Rien n'est introduit par hasard, tout est calculé, avec cette impression d'être entré dans une histoire qui n'a pas fini de nous surprendre.
La plume de l'auteur est comme je m'y attendais. Plus de détails ? Stéphane Soutoul SAIT manier les mots. Tantôt caustique tantôt sérieux, il a su créer un univers à lui tout seul sans se départir de sa poésie. J'admire vraiment ses descriptions et sa façon de brosser un tableau des différents personnages qui entrent en scène. Il a également une facilité étonnante à se mettre dans la peau d'une tueuse de 600 balais.
Cela dit, j'ai décelé quelques maladresses (notamment lorsqu'un personnage raconte ce qui a pu se passer avant, le choix du temps n'était pas judicieux), et ce sera le seul reproche que j'aurai à faire. Au-delà de ça, Anges d'Apocalypse se lit merveilleusement bien et presque sans fausse note.
En résumé, les aventures de Syldia ont ravi mon coeur. Dans un Toronto sombre et semé de dangers,
Stéphane Soutoul nous laisse nous débattre dans un tourbillon d'émotions. J'ai apprécié l'univers, les nombreuses intrigues qui contribuent à complexifier la trame initiale et surtout les personnages très vivants. C'est une saga avec énormément de potentiel.