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Critique de babel95


Avant de commencer cette critique, je souhaite faire part de toute ma compassion et de mon respect envers les victimes des attentats de vendredi à Paris, et de leurs familles.


Je remercie les Editions Fleuve Noir et Masse critique de Babelio de m'avoir donné la possibilité de lire Les Sirènes Noires de Jean-Marc Souvira et de participer le 5 novembre à une rencontre-dédicace avec le romancier,au siège des Editions Fleuve Noir à Paris.

Comme le résume Balme, directeur de la PJ, le supérieur de Ludovic Mistral : "arrivés à un certain niveau, les emmerdements de s'additionnent plus, ils se multiplient". Et c'est bien le cas pour Mistral, Chef de la brigade criminelle de la PJ. Sur son bureau, deux dossiers, deux enquêtes qu'il va devoir gérer en parallèle : le tueur des parkings, qui, invisible, agresse et tue des jeunes femmes dans les parkings, des fous qui tuent et découpent en morceaux de jeunes africains albinos ; se rajoutent la disparition d'une jeune femme Ingrid Sainte-Rose, policier à la brigade criminelle, et un "cold case"....

Jean-Marc Souvira, alors qu'il nous détaille les différentes affaires auxquelles est confronté Mistral, nous dépeint simultanément le parcours difficile de trois jeunes filles nigériannes, depuis leur village d'Afrique jusqu'aux trottoirs de Paris, ainsi que les manipulations mentales liées à la magie africaine, dont elles font l'objet. Ainsi Magaret, rebaptisée Stella, accepte sans aucune rebéllion de devenir une esclave à la solde d'une Africaine, mère maquerelle qui fait la traite des êtres humains, achetant les jeunes filles à leurs mères en Afrique, en faisant miroiter un avenir de coiffeuse en France.

Tout l'art du romancier va consister à rattacher progressivement les différentes enquêtes les unes aux autres, mais aussi à souligner comment les policiers vont, pour pouvoir progresser dans leurs enquêtes, devoir accepter d'emprunter des "chemins de traverse" : de s'adapter au milieu dans lequel ils enquêtent, de comprendre son fonctionnement, de jongler entre procédure judiciaire classique et pure intuition.

Renonçant provisoirement à ses certitudes cartésiennes, Mistral va découvrir le poids de la magie et des sorciers qui, en région parisienne, jouent un rôle dans la communauté africaine.Afin de comprendre les meurtres des albinos africains, Ludovic Mistral doit demander l'aide d'un de ses amis, Hervé le Carme, universitaire spécialiste de l'Afrique.Hervé le Carme et Ludovic Mistral ont fait connaissance lors d'un drame : l'assassinat de la femme d'Hervé le Carme, assassinat jamais élucidé. Depuis l'universitaire a sombré dans une profonde dépression, sur fond d'alcool.

L'ancien séminariste Dalmate, va, quant à lui, faire progresser son enquête sur les milieux de la prostitution africaine en ayant recours aux précieuses informations fournies par une vieille prostituée française, Sylvie, dont le rôle n'est pas des moindres.

Bien sûr, Mistral et son équipe vont résoudre les différentes énigmes - Mistral au terme d'une grande remise en question, sur son entourage et ses certitudes.

J'ai retrouvé avec plaisir les ambiances des deux autres romans de Jean-Marc Souvira, le Magicien et le vent t'emportera. Ludovic Mistral est un policier attachant, qui jongle entre sa vie familiale, sa femme et ses deux fils, et la résolution d'enquêtes difficiles. Les relations d'estime avec ses collaborateurs, Dalmate et Calderone sont bien décrites. La description des enquêtes, leur enchevêtrement m'a vraiment intéressée. J'ai beaucoup aimé également la description du monde de la prostitution africaine, de la manipulation mentale qui a été faite par Jean-Marc Souvira. On ne peut que s'apitoyer sur le sort des prostituées africaines, Sirènes Noires, comme les nomme Sylvie, sirènes que nous avons tous vues dans les rues de Paris.

Je dirais en conclusion que les Sirènes Noires est un très bon roman policier, qui met un accent particulier sur la psychologie. Un roman qui précise, complète le Magicien, et Et le vent t'emportera, les précédents romans de Jean-Marc Souvira. le personnage de Ludovic Mistral prend de l'épaisseur, son fonctionnement, son équipe font sens. Paradoxalement, on a hâte de le retrouver face à de nouvelles enquêtes, mais aussi face à ses problèmes et ses démons, et de voir comment il va réagir, en homme juste, humain, dans un monde qu'il tente de comprendre.

J'ai pris un grand plaisir à participer à la rencontre-dédicace. Jean-Marc Souvira, policier, nous a parlé avec passion de l'office central pour la repression de la Traite des Etres humains qu'il a dirigé. Avec simplicité, et professionnalisme, il nous a expliqué tous les ressorts du proxénétisme africain et a répondu avec gentillesse et humour aux questions de Pierre Krause - toujours aussi habile et souriant - et de son auditoire, sur son expérience de policier, mais aussi sur son écriture et ses romans. Un moment d'émotion partagé par les lecteurs et lectrices.

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