- Pour toi, quelqu'un qui sourit est forcément heureux ?
- Euh... oui ! Il montre qu'il est heureux.
- Il montre ses dents. Tu crois que quand un chien montre ses dents c'est pour te sourire ?
(p. 5)
- Oh non, je pleure pas, moi !
- C'est pas grave, tu sais. Tu évacues la tristesse que tu ressens en pleurant.
- Vous êtes parfois triste miss Maier ?
- Je m'occupe dès que ça m'arrive. Mais je comprends la tristesse.
(p. 109)
- VIVIAN, VIVIAN ! Viens vite ! Lane est monté dans l'arbre, il n'arrive pas à redescendre.
[ elle grimpe, pour le rejoindre, le rassurer, l'aider ]
- On est beaucoup mieux dans cet arbre, qu'en bas, assis à table.
- Mmm...
- On va descendre ensemble. Ça m'est déjà arrivé. Quand j'étais petite.
- Ah oui ? On s'est moqué de toi aussi ?
- J'ai fait comme si je n'entendais pas.
(p. 30)
[ Chicago, 1968 - Vivian Maier avec des enfants qui découvrent tout ce qu'elle conserve minutieusement ]
- Enfin, je garde tout. Je range après, j'archive.
- Et ça, c'est quoi ? Parti républicain ! Tu distribuais leurs prospectus ?
[ AMERICA NEEDS NIXON ! THIS TIME ]
- Tu m'imagines faire ça !? En fait, si, je le faisais. Mais dans l'autre sens. Je suivais les gens qui les distribuais pour les ramasser, pour que personne ne lise ces bêtises !
(p. 77)
- Tu as le coeur sur la main, Inger. Fais attention à ça. Les gens peuvent en profiter. Donc méfie-toi. Méfie-toi avec bienveillance.
(p. 109)
J'aime le monde qui m'entoure, je le mémorise dans sa beauté et sa laideur.
Tu nous montres toujours l'envers du décor. Et l'envers, c'est ce qui est le plus intéressant. "J'aime les endroits, j'adore les envers." Ce sont tes mots.
Je photographie tout. Je photographie le monde dans lequel je vis, dans ses moindres détails. Parfois même ces derniers sont plus révélateurs que les unes des journaux, mais les unes, je les photographie aussi. Les maisons, les arbres, les gens, les riches mais aussi les poubelles, les cheveux, les ongles coupés, les dents qui tombent. Je les garde d'ailleurs très précieusement.
Vous allez me demander : pourquoi ?
Et je vous répondrai : pourquoi pas ?
Est-ce qu'on doit tout justifier ?
J'aime ça, puis c'est tout !
J'aime le monde qui m'entoure, je le mémorise dans sa beauté et sa laideur. Dans tout ce que les gens ne voient pas. Moi, ça m'intéresse.