Citations sur L'appât (37)
La loi ne demande pas compte aux juges des moyens par lesquels ils se sont convaincus, elle ne leur prescrit pas de règles desquelles ils doivent faire particulièrement dépendre la plénitude et la suffisance d’une preuve ; elle leur prescrit de s’interroger eux-mêmes, dans le silence et le recueillement, et de chercher, dans la sincérité de leur conscience, quelle impression ont faite, sur leur raison, les preuves rapportées contre l’accusé et les moyens de sa défense.
Elle ne reconnaît que ce qu’elle est obligée de reconnaître. Elle a sa part de butin à égalité. Comme les truands, elle n’avoue que quand on lui met les preuves sous le nez. Hattab ose dire à la police : “Je ne comprends pas pourquoi vous m’arrêtez, j’attends de vous des éclaircissements”, alors qu’il a encore la montre de T. au poignet ! La violence policière ça existe : mais, dans votre cas, on avait toutes les preuves. Les pressions physiques étaient inutiles.
" Que penser d’une jeune fille qui va chez T., qui mange avec lui, qui le regarde dans les yeux, alors qu’elle sait que dans quelques minutes il va mourir ? dira le président, longtemps après le procès. En commettant le second crime, ils se sont coupés de tout système de défense salvateur. Ils n’auraient tué qu’une personne, c’était plaidable… "
Au demeurant il faut prendre les « expertises » psychiatriques avec précaution. Faites souvent de façon très rapide, dans une cellule déguisée en cabinet médical, elles n’ont de scientifique que le vocabulaire. Lors d’un débat télévisé qui eut lieu après le procès, le docteur Michel Landry déclarera: « L’objectivité n’existe pas en psychiatrie. Les experts prononcent un jugement déguisé en diagnostic. »
Les enfants ne réalisent pas la gravité des douleurs qu’ils infligent par incapacité de se mettre à la place d’autrui… »
" Le fait de participer à une agression lui donnait l’impression de jouer un rôle important, l’aspect imaginaire l’emportant sur l’aspect réel… "
C’était un homme sans préjugés. Il s’habillait n’importe comment, d’un jean, d’un blouson de fourrure artificielle. Un soir, il m’a emmenée prendre le thé chez des amis à lui, des Algériens, des gens très simples. Il était tout à fait à l’aise au milieu d’eux.
Valérie, en quelque sorte, c’est l’éclaireur de la bande. Elle se met à l’affût. Mais ses « proies », ça n’est pas dans une gibecière qu’elle les met. C’est dans son joli petit carnet d’adresses.
« Valérie était fascinée par sa nouvelle existence de jeune femme libre et indépendante vivant dans un milieu agité et brillant, dira le psychiatre aux assises. Elle a été victime de ses fantasmes. Complimentée et courtisée, elle a été prise au jeu de son pouvoir tout neuf. Il lui semblait être l’héroïne alors qu’elle n’était que l’appât… »
Au début elle me charmait. Elle avait un si joli visage. Elle est venue pendant un mois et demi, régulièrement, dîner au Jardin. Elle me téléphonait souvent : pour que j’aille faire des courses avec elle. J’avais des prix dans les boutiques. Elle en profitait. À la fin, je me suis dit : c’est pas possible, elle me prend pour son micheton ! Elle était terriblement possessive. Jalouse !
Nombre de jeunes mannequins, apprentis mannequins et autres jolies filles ont leurs entrées gratis dans les boîtes. Ça attire le client.
« Ça peut coûter cher de draguer ce type de filles, raconte un habitué. On leur paie le resto, des petits cadeaux, des pots. Pour peu qu’il y ait des copains et des copines, on multiplie les tournées. À 150 balles le verre, ça peut chiffrer dur en fin de soirée. C’est souvent plus cher que de s’envoyer une call-girl. Mais c’est plus excitant. Il y a le plaisir de la chasse, même si le gibier, à la fin, peut vous échapper. »