Citations sur Faux journal (13)
Deux ingénieurs se vantent d'avoir exterminé un million d'étourneaux qui nuisaient aux cultures. On échangerait volontiers la vie de ces oiseaux jonchant tristement le sol contre la mort de ces deux imbéciles inconscients à l'âme prétendue et d'ailleurs grevée de bêtise satisfaite. L'homme , le pire des animaux. (p. 31)
Qu'un pessimiste soit cependant linguiste, philatéliste, cruciverbiste, animaliste, dictionnariste, coloriste, tabagiste , silentiaire, opéraphile , poésiste, cartophile, oenophile, montre à quel point il est encore loin d'avoir perdu le goût de vivre, sinon par objets interposés. (p. 54)
Mardi-Gras.
- Vous ne vous déguisez pas ?
-Je suis déjà déguisé en humain, ça me suffit ! (p. 43)
"Mes livres". Que deviendront tous ces livres accumulés qui survivront à leur possesseur qui en était lui-même possédé et tomberaient dans des mains infidèles ? Nul à qui les donner. Si l'on déchire avec joie les mauvais, si l'on donne les quelconques, que faire des ouvrages nécessaires et relus, annotés, personnalisés, l'esprit n'ayant pas d'héritier ? Il reste même ces livres qu'on n'ose trop tôt lire, les sachant trop beaux, les réservant pour une retraite illusoire, ceux qu'on palpe et feuillète et respire, ceux que l'on a égarés, perdus parmi tant d'amis familiers (...)
C'est ainsi qu'est puni le thésauriseur, envahi qu'il se voit par les témoins implacables de sa manie. Le destin des bibliothèques est donc l'incendie, comme on voit au cours de l'histoire. (p.14)
A l'école primaire un jeune garçon arriva, taciturne et solitaire, ou mieux: funèbre, car ayant perdu sa mère et ne quittant jamais son manteau bleu-marine. Je le revois se lever aux interrogations du maître. Les autres à son voisinage le sentaient exclu, d'un autre ordre, sans jamais le moquer ou le molester, car il imposait le sérieux et le respect.
C'est aussi ce que ressentent les hommes ordinaires, affairés, insouciants quand ils rencontrent un être grave, gênant, ayant pris conscience de cet univers démesuré, de l'histoire humaine et de son ahurissant passage ici-bas (p.22)
-1981-
Comme La Bruyère pouvait comparer les paysans, dans leur misère, à des animaux, que dire des citadins des petites villes, sans âme, sans esprit, sans conscience, livrés aux bavardages, aux vantardises, aux importances de clocher, à l'ivresse enfin et n'ayant d'humain que les reflexes mentaux d'école ou d'imitation morale ?
Certes les premiers étaient plus -dignes- (p.34)
En somme l'éthique humaine est évidente : se battre contre tout - mais pour rien. (p. 32)
-1981-
Deux ingénieurs se vantent d'avoir exterminé un million d'étourneaux qui nuisaient aux cultures. On échangerait volontiers la vie de ces oiseaux jonchant tristement le sol contre la mort de ces deux imbéciles inconscients à l'âme prétendue et d'ailleurs grevée de bêtise satisfaite. L'homme, le pire des animaux. (p. 32)
Qui est responsable de l'univers, d'entre celui qui ne l'a pas créé et ceux qui ne l'ont pas pris en charge ? (p. 11)
Si les optimistes lèvent la tête en marchant et les pessimistes la baissent, les normaux ne doivent-ils pas "regarder en face" ? (p.53)