Citations sur Entre ciel et terre (486)
Celui qui meurt se transforme immédiatement en passé. Peu importe combien il était important, combien il était bon, combien sa volonté de vivre était forte et combien l'existence était impensable sans lui : touché ! dit la mort, alors, la vie s'évanouit en une fraction de seconde et la personne se transforme en passé. Tout ce qui lui était attaché devient un souvenir que vous luttez pour conserver et c'est une trahison que d'oublier. Oublier la manière dont elle buvait son café. La manière dont elle riait. Cette façon qu'elle avait de lever les yeux. Et pourtant, pourtant, vous oubliez. C'est la vie qui l'exige. Vous oubliez lentement, mais sûrement, et la douleur peut être telle qu'elle vous transperce le coeur.
sa mère se tenait debout, les yeux perdus dans un vague lointain, les bras le long du corps, comme morts, quel enfer que d'avoir des bras et personne à étreindre.
Il est peu de choses aussi belles que la mer par une magnifique journée ou par une nuit limpide, quand elle rêve et que le clair de lune est la somme de ses rêves.
Il est facile de se bercer d'illusions lorsqu'on est seul, on peut presque se fabriquer une personnalité, se montrer plein de sagesse, de mesure, avoir réponse à tout, mais il en va autrement parmi les gens, la chose nécessite un effort, là, tu n'es plus aussi mesuré, absolument pas aussi sage, parfois, tu n'es même qu'un fichu crétin qui débite toutes sortes d'âneries.
L'enfer, c'est d'être mort et de prendre conscience que vous n'avez pas accordé assez d'attention à la vie à l'époque où vous en aviez la possiblité.
Deux matelots s’étaient noyés, leurs corps n’avaient jamais été retrouvés et ils étaient allés rejoindre la foule des marins qui errent au fond de la mer, se plaignant entre eux de la lenteur du temps, attendant l’appel suprême que quelqu’un leur avait promis en des temps immémoriaux, attendant que Dieu les hisse vers la surface et les attrape dans son épuisette d’étoiles, qu’il les sèche de son souffle tiède et les laisse entrer à pied sec au royaume des cieux, là, il n’y a jamais de poisson aux repas, disent les noyés qui, toujours aussi optimistes, s’occupent en regardant la quille des bateaux, s’étonnent du nouveau matériel de pêche, maudissent les saloperies que l’homme laisse dans son sillage, mais parfois aussi, pleurent à cause de la vie qui leur manque, pleurent comme pleurent les noyés et voilà pourquoi la mer est salée.
Il est sain pour un être humain de se tenir, seul, au creux de la nuit, il s'unit alors au silence et ressent comme une connivence pourtant susceptible de se changer instantanément en une douloureuse solitude.
Les rêves nous libèrent parfois des amarres de la vie.
Les gens vivent, ils ont leurs heures, leurs baisers, leurs rires, leurs étreintes, leurs mots doux, leurs joies et leurs peines, chaque vie constitue un univers qui s'effondre ensuite sur lui-même et ne laisse rien à l'exception de quelques objets rendus précieux et attrayants par la disparition de leur propriétaire, ils deviennent importants, parfois même sacrés, comme si les fragments de cette existence disparue s'étaient reportés sur la tasse à café, la scie, la brosse à dents, le cache-col.
Mais tout finit par s'estomper, les souvenirs par s'effacer et au bout du compte, toute chose trépasse.
Là où il y avait autrefois vie et lumière ne subsistent qu'ombre et oubli ...
Quel enfer que d'avoir des bras et personne à étreindre !