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Critique de mumuboc


Là il y a du lourd et je ne parle pas seulement de l'oeuvre originale à la base de ce roman graphique, ni du poids de cet ouvrage. Non, je vous parle de l'ensemble : Des souris et des hommes ce court roman de John Steinbeck, un roman fort, puissant, véhiculant de nombreux messages et dénonciations comme c'est souvent le cas avec cet auteur majeur (pour moi) de la littérature américaine, de la palette des styles de dessins utilisés par Rébecca Dautremer afin d'exprimer, en respectant et intégrant scrupuleusement les mots de l'auteur, tout ce que les mots évoquent de l'ambiance, des personnages, des faits et de ce qu'ils suggèrent, faisant de l'ensemble un ouvrage complet qui plaira aux amateurs de littérature sociétale américaine et aux amateur(rice)s d'illustrations.

Rébecca Dautremer s'est lancée dans un travail titanesque en réussissant le pari de restituer en dessins toute la charge émotionnelle provoquée par le roman de Steinbeck, les univers,  avec tout ce que l'auteur laisse transpirer à travers le parcours de George et Lennie, dans cette Amérique des rouliers, de ces êtres cherchant un boulot de lieu en lieu, ici ou là pour survivre ou pour atteindre leurs rêves mais aussi la cruauté du monde vis-à-vis des plus faibles, qu'ils le soient psychologiquement ou par leur âge, leur handicap ou leur couleur de peau en les utilisant comme souffre-douleurs.

Je ne reviendrai pas sur l'histoire elle-même dans le détail (lisez le roman ou allez lire ma chronique) seulement vous dire qu'il s'agit d'un récit sur l'amitié entre deux hommes, l'un, George protège l'autre, Lennie, le simple, le doux dont la force herculéenne est appréciée dans le travail, un colosse au coeur d'or, en manque et en demande d'amour, mais que cette force qu'il ne contrôle pas lui attire des ennuis les poussant à toujours reprendre la route car il n'est pas question pour George de l'abandonner.

J'ai trouvé que Rébecca Dautremer restituait parfaitement l'ambiance du roman, s'attachant aux visages, décortiquant les expressions mais également le climat, la violence sous-jacente des propos mais également tout l'univers de Lennie, son attachement  aux petits animaux et celui sans faille à George, à leur rêve d'avoir un jour leur ferme, leurs lapins, de ne plus dépendre d'autrui, de fuir la violence et les hommes, de vivre loin de la foule déchaînée.

Il y a le souci des détails mais aussi des vues d'ensemble qui se passent de texte restituant le contexte ou ce que le texte peut suggérer, des représentations à la Edward Hopper ou Norman Rockwell, une galerie d'images des années 1930 pour resituer le paysage, les publicités et les confrontations entre les personnages, des tête-à-tête d'une intensité inouïe que l'ajout de dessins ne fait qu'amplifier en décryptant le moindre sillon ou expression des visages.

Mettre son art au service d'un chef-d'oeuvre de la littérature américaine de cette manière est un tour de force risqué et, dans le cas présent, un pari hautement réussi, sublimant la puissance et les émotions dégagées par le propos et en faire un ouvrage d'une beauté totale.

Lire Steinbeck c'est lire l'Amérique d'hier mais qui ressemble tant à l'Amérique d'aujourd'hui et dessiner Steinbeck avec autant de talent et d'investissement c'est se mettre à la juste hauteur du texte de l'écrivain.

Magnifique. Coup de 🧡
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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