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Critique de PapillonVoyageur


Ce roman de 538 pages pesait lourd, mais pas seulement de manière physique… Il m'a été difficile de véritablement plonger dedans, au début. le livre est divisé en trois parties, et je dois avouer que la première ne me tenait absolument pas en haleine. Environ 120 pages la composaient, sur tout le reste, mais j'ai vraiment eu du mal à rentrer dedans. En revanche, dès la première partie passée, je n'ai plus réussi à lâcher cette histoire. Prenante comme jamais, elle me gardait éveillée, me forçait à tourner les pages sans que je ne puisse le contrôler. J'ai juste été embêtée par le poids de l'ouvrage, parce que de manière physique, il reste un parpaing autant dans la taille que dans le poids.

On y décèle une atmosphère lugubre, chargée d'incertitude. Notamment au commencement de l'histoire, lorsque l'on découvre peu à peu le personnage d'Ellen Crone en surface, sa vie auprès de Bram, Matilda, Thornley, etc… Mais, également par la suite. Même si le lecteur se doute que l'histoire parle de vampires, ce terme est très peu utilisé, pour accentuer le réalisme poussé qui découle de cet écrit. Pas une fois, on se dit que ce qui se passe est illogique, incohérent, que ça ne pourrait pas nous arriver à nous. Au fil des pages, Dacre Stoker et J.D. Barker parviennent sans mal à nous insérer dans leur intrigue, aux côtés de personnages et d'événements surnaturels nuancés. La plupart du récit se déroule la nuit, et quand cela se passe en journée, la météo ne joue pas en la faveur des différents protagonistes (ciel caché, pluies…). On peut dire sans mal qu'il y a une véritable irruption du surnaturel dans la réalité. Il s'agit là d'un véritable roman fantastique, agrémenté de scènes horrifiques. J'ai plus qu'adoré l'ambiance glaçante, laquelle ne cesse d'accroître à mesure que les pages se tournent. Certaines scènes m'ont happée, d'autres plutôt ennuyée, mais je restais globalement accrochée à l'histoire, désireuse de connaître la suite, mais surtout la fin. Comment les auteurs comptaient mettre un terme à tout ça ? Cette question taraudait mon esprit tout le long de la lecture. J'ai également trouvé intéressant de rebondir de lieux sinistres à lieux lugubres, sans aucune once de répit. Entre les cimetières, les morgues, les châteaux abandonnés, nous sommes servis ! Comme je le disais plus haut, il s'agit ni plus ni moins d'un véritable roman de fantastique. Et, même si je n'ai pas lu Dracula de Bram Stoker, je trouve que cet ouvrage-ci rend hommage à l'auteur et à sa création. En nous ancrant dans le réel, il nous fait passer le message initial, qui devait être répété et compris : les monstres existent. Des frissons, de l'horreur, du sadisme et une étincelle d'espoir. Mélangez le tout, saupoudrez d'amertume, levez la tension pour la faire monter crescendo. Vous obtiendrez un petit chef d'oeuvre tel que celui-ci.

Au niveau de l'écriture, on sent une certaine homogénéité, je ne serais pas étonnée que J.D. Barker ait tout écrit, accompagné des idées et de l'oeil neuf de son binôme, Dacre Stoker. Parfois fluide, parfois moins lisible, l'écriture reste néanmoins très intéressante à découvrir, truffée de descriptions approfondies pour les lieux, la psychologie des personnages, les actions, les émotions… Leurs tournures nous permettent d'entrer dans l'histoire, alternant entre la vue du spectateur et une immersion complète dans le récit. le problème, le seul problème, c'est qu'il est difficile de se remettre dans le livre lorsqu'on l'a arrêté. Il faut toujours une bonne vingtaine de pages pour entrer à nouveau dans l'histoire, s'imprégner du style et laisser l'atmosphère inquiétante nous gagner. Différentes ellipses nous permettent de rebondir entre le passé et le présent, mais également à travers les différents points de vue, ce qui nous font voir plusieurs pans de l'histoire. Parfois, elles nous perdent un peu, surtout si on doit interrompre la lecture en plein milieu. Au début, on ne connaît pas tout, on ne fait que suivre un assemblement de pièces, jusqu'à la formation de la conclusion, le puzzle final qui explique vraiment tout. Cette approche, vraiment intéressante, s'avère utile pour nous permettre de plonger dans l'histoire, en suivant les journaux intimes, les lettres écrites par les différents protagonistes… Ces documents amènent beaucoup de phrases interrogatives et exclamatives, chacune dans un style particulier propre à la personne qui les a rédigés. C'est très intrigant, on finit même par se demander : ces lettres et ces journaux sont-ils vraiment réels ? Dans tous les cas, ils modalisent notre certitude, rendent le récit authentique. En dehors de tout ça, nous retrouvons également les champs lexicaux de la peur, de l'angoisse, de tout ce qui s'ensuit, et je trouve que cette présence ajoute quelque chose à l'histoire, une touche horrifique non négligeable. Celle qui permet de rester accroché au récit. Même si le style d'écriture peut paraître lourd à certains moments, on ne peut que se sentir subjugué par la faculté qu'ont les auteurs à rester mystérieux sur la nature du vampire, sur au moins plus de la moitié du roman, tout en rendant cela logique et cohérent.

Au niveau des personnages, je ne vais pas m'étaler, au risque d'allonger ma chronique, déjà conséquente. Mais, je peux vous dire sans hésiter que j'ai adoré le personnage de Thornley, le frère de Bram et Matilda, sans vraiment savoir pourquoi. Il est vraiment adorable, au fond, tout en étant intelligent, et si… humain. Il a des réactions totalement cohérentes, des remarques pertinentes et il est très utile. À côté, il ressent des émotions diverses, effectue des gestes maîtrisés et laisse s'échapper des paroles impulsives, le tout en restant fidèle à lui-même. Bref, un personnage secondaire qui met la pierre à l'édifice, tantôt discret, tantôt bel et bien là. J'ai également apprécié Matilda, même si elle faisait parfois trop sa précieuse, mais à l'époque, c'était comme ça. Certaines de ses idées étaient géniales, mais elle ne les assumait pas toujours entièrement. Néanmoins, elle reste gentille, prête à tout pour sa famille, et c'est ce que j'ai apprécié chez elle ! Mon personnage préféré du roman reste Ellen Crone, mais je ne peux pas vraiment expliquer pourquoi, au risque de spoiler toute l'intrigue. Dans tous les cas, sachez seulement que j'ai été très touchée par son personnage. de manière globale, les autres intervenants sont aussi attachants, comme Bram et Vambéry, même si j'ai eu un peu de mal avec ce dernier !

Et tous ces fils tordus, aussi mystérieux qu'angoissants, nous mènent au final de ce récit. Un final assez… spécial, étrange, accentuant le mystère qui plane sur le mythe de Dracula. Mais qui correspond totalement à l'histoire, au style des auteurs, au message qu'ils souhaitent faire passer. Personnellement, j'ai trouvé cette fin satisfaisante, mais surtout pertinente. le livre ne pouvait pas se finir autrement… L'épilogue, quant à lui, nous apportent des informations supplémentaires sur les personnages, comme s'il s'agissait d'une histoire vraie. À nouveau, une explosion d'incertitudes nous happe. Et, comme depuis le début du roman, on se demande : est-ce réel ?

Grosso modo, Dracula : Les Origines évoque avec dextérité une partie de l'histoire de ce charmant Dracula, en nous plongeant dans une autre histoire, celle du Dracul, mais pas que… Lent à démarrer, le roman finit par accrocher, subjuguer, sans relâcher sa poigne, jusqu'à ce que l'on s'écroule à la dernière page. Une intrigue bien ficelée et chargée de caractéristiques du courant fantastique, des personnages intéressants, ainsi qu'un final entièrement logique. Tous les aspects du surnaturel et de l'horreur fusionnent ici pour former une histoire originale, faisant hommage au grand Bram Stoker.
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