Caricature de femme au masochisme inné, la prostituée cinématographique, reflet des préjugés populaires, ne peut rencontrer que des caricatures d'hommes, violents, tyranniques et sans scrupule, qui l'exploitent, l'humilient et l'outragent à plaisir ("Les Nuits de Cabiria", Frederico Fellini, 1956). L'une comme l'autre répondent aux images d'Épinal de la virilité et de la féminité.
Il ne faut pas oublier que ce que l'on considère aujourd'hui comme le moment le plus intime de notre vie organique se pratiquait, il n'y a pas si longtemps, en public.
[...] le plus troublant résidant dans la montée de l'extase qui se lit sur son visage (et ailleurs, en gros plans) au fur et à mesure que ces tortures lui sont non plus, on s'en rend compte, infligées mais prodiguées.
Et si cet homme, jugé sain et digne représentant de la majorité, peut quelquefois s'exciter à la vue de jeunes femmes torturées et humiliées, ce sera presque toujours par le biais de victimes non consentantes et sous le couvert de fallacieuses excuses dramaturgiques.
Le bourreau quêté par le masochiste n'est finalement pas plus sadique que ne doit être masochiste la victime recherchée par le sadique.
Au commencement, en ce qui concerne le masochisme, il n'y a pas d'action, mais de l'imagination.
Kraft-Ebing aurait pu s'éviter la peine d'inventer un mot nouveau. Il en avait un tout prêt, et qui avait fait ses preuves : "christianisme".
Profil parfait de l'homme arrivé et content de l'être, Masoch avait le monde à ses pieds et son seul désir était de s'agenouiller à ceux d'une femme.
Mon père ne saura jamais qu'il y avait autre chose à faire de ma vie que prendre la tension des patients.
Moi qui, déjà enfant, puis adolescent, n'ai jamais pu supporter l'autorité, qu'elle soit parentale, scolaire, religieuse ou normative, j'avais devant mes yeux une inversion du pouvoir fantasmatique qui permettait à des êtres humains de prendre du plaisir à être sous le joug d'un autre. Des êtres qui voulaient être dominés de leur plein gré, le souhaitaient, l'attendaient comme une bénédiction. Cette transgression m'enthousiasma, d'autant que je m'aperçus très vite que, dans ce genre de jeux érotiques, c'est toujours la personne dite soumise qui détermine les règles. Subir et commander. Cette infraction à la bienséance qui satisfait mon goût déjà prononcé pour l'anarchisme me plut tellement que je décidais de devenir masochiste.