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Critique de Arakasi


Par la monstruosité de ses crimes et sa fascinante capacité à échapper aux forces de la police, Jack L'Eventreur est devenu dans l'imaginaire populaire le symbole du Mal absolu. Dans cette optique, quoi de plus tentant que de le confronter au plus grand détective de tous les temps, l'infaillible Sherlock Holmes ? Si Conan Doyle lui-même a préféré prudemment ne pas tenter l'expérience (et on le comprend : confronter son enquêteur fictif à une criminel toujours bien vivant et sanguinairement célèbre aurait été plutôt de mauvais goût…), ses nombreux imitateurs n'ont pas eu les mêmes scrupules. Depuis le début du siècle, les lecteurs avides d'hémoglobine ont donc eu droit à une longue suite de pastiches Holmes VS L'Eventreur, généralement d'assez médiocre qualité. Mais de cet océan de petits récits à sensations émergent de temps en temps des perles et c'est le cas du glauquissime « Ultime Défi » de Michael Dibdin.

Ecrit dans les années 90, ce fascinant petit bijou de noirceur est considéré à juste titre comme un des meilleurs pastiches de Sherlock Holmes. Sa notoriété est telle que les éditions Casterman nous ont fait le plaisir de nous en offrir une version BD superbement illustrée en 2010. Niveau scénario, rien à redire, tout est parfait. L'intrigue suit pas à pas les méandres tortueux du roman de Michael Dibdin, nous entraînant dans le gouffre purulent et sordide des bas-fonds londoniens aux côtés d'un Sherlock Holmes, certes toujours brillant mais également presque inquiétant dans sa fascination malsaine pour les crimes de l'Eventreur. le récit se distingue de ses prédécesseurs par un scénario extrêmement malin et psychologique – davantage proche de celui d'un roman noir que d'un récit policier – où pullulent chausse-trappes et faux-semblants : aucune affirmation ne semble totalement fiable, aucun personnage complétement digne de confiance… On finirait presque par se méfier de notre digne narrateur, le bon docteur Watson… Difficile en vérité d'en dire davantage sans atténuer l'impact de l'histoire, mais je peux certifier que la fin dans son implacable et tragique noirceur vous glacera jusqu'aux os.

Et niveau dessin ? Là encore, je me vois bien obligée d'applaudir des deux mains ! Certes, l'intérêt principal de la bande dessinée reste son scénario, mais l'illustrateur Jules Strombonni a également accompli un fort bon travail. L'utilisation d'un habile système de tramage et d'un papier artificiellement jauni pour rappeler les gravures du début du siècle est du plus bel effet. Couleurs sombres et dessins tourmentés accentuent l'atmosphère lourde et sordide de l'histoire et favorisent l'immersion du lecteur. A noter également le très sympathique hommage à l'acteur Jérémy Brett, considéré comme l'interprète par excellence de Sherlock Holmes par de nombreux fans, et dont l'illustrateur a repris les traits anguleux et le profil d'oiseau de proie. le tout donne un excellent roman, doublé en sus d'une très belle bande dessinée. A lire absolument !
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