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Citations sur La vigie de Koat-Ven (6)

PRÉFACE POUR « LA VIGIE DE KOAT-VËN » Novembre 1833

En faisant abstraction de sa partie spéciale – de sa donnée maritime – ce roman complète, à mon sens, le développement successif et philosophique d’une idée que j’ai exposée dans Atar-Gull, puis poursuivie dans La Salamandre.

C’est un sentiment tout autre que celui de la vanité, qui me force à parler de ces ouvrages, oubliés sans doute. Mais, pour expliquer clairement mon but, il me faut rappeler au souvenir du lecteur ces deux romans, si étroitement liés à celui-ci par l’unité de vues que m’impose une conviction inébranlable et presque involontaire.

Chaque siècle ayant son expression et son caractère indélébile, il m’a paru qu’aujourd’hui le trait le plus saillant et le plus arrêté de notre physionomie morale était un DÉSENCHANTEMENT PROFOND ET AMER qui a sa source dans les mille déceptions sociales et politiques dont nous avons été les jouets qui a sa preuve dans le MATÉRIALISME organique et constitutif de notre époque.

En émettant cette opinion (qui sert de base au système que j’ai suivi), je crois trouver peu de contradicteurs, car le plus grand nombre a dit, répété, proclamé et prouvé avec une incompréhensible satisfaction, que notre heureux siècle avait l’immense avantage d’être un siècle éminemment POSITIF !

Or, d’après l’acception que le parti libéral, progressif et philosophique donne à ce mot, il me paraît que siècle POSITIF ET MATÉRIALISTE, ou siècle DÉSENCHANTÉ, et siècle ATHÉE39, c’est tout un.

Cette vérité une fois reconnue avec joie et orgueil par les uns, avec douleur par les autres, poursuivons.

Ce désenchantement qui nous accable est concevable

[ ... ] (p798/799)
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─ Qu’entends-tu par despote, chien ?

Alors, insensible aux injures, stoïque comme un Romain, et emporté par son érudition patriote, Gédéon se mit à faire, presque machinalement et malgré lui, la définition qu’on lui demandait.

─ J’entends par despote, répondit Gédéon d’une voix de tête aiguë et perçante, j’entends par despote un tigre altéré de sang, qui se désaltère avec les larmes de ses sujets, mange leur chair et boit leur sueur avec délices ; en un mot, un monstre déchaîné qui ose flétrir du nom de ses sujets des hommes nés libres, des hommes indépendants qui ne doivent compte de leurs actions qu’au genre humain dont ils sont frères, et à la nature dont ils sont fils.

[...]

─ Qu’on fasse fouetter ce chien, qui est venu se jouer de nous, après quoi on lui rasera un côté de la tête et on lui fera faire cinq fois le tour de la ville, vêtu de jaune et assis à reculons sur le dos d’un pourceau ; après quoi il paiera une amende de cinq cents roupies au profit des brahmes. J’ai dit.
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─ Damnation ! madame, c'est à se briser la tête sur le pavé, et c'est sur une base aussi fragile que vous osez asseoir votre vengeance ?... quand vous n'avez qu'à dire un mot pour voir cet homme mort demain..., mort dans une heure..., mort à l'instant !...
─ Cet homme mort ! cet homme mort ! Belle vengeance ! par Satan ! Mais cet homme une fois mort..., que ferai-je de la vie ? moi, malheureux ! Ah ! tu as cru que je m'effaçais du monde ; que je descendais dans la tombe avant que d'être morte, que j'éprouvais à vif tout ce qu'il y a d'ignominie, d'abjection dans la vie des plus infâmes, et cela, pour voir souffrir cet homme pendant le temps que je mettrais à lui enfoncer un poignard dans le coeur ?... En vérité, ta tête s'égare, Perez ; tu me fais pitié...
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Le vigie de Kpat Vën

un génie créateur qui s’était révélé çà et là, pour ainsi dire, à son insu, tantôt par des poésies étincelantes de fraîcheur et de jeunesse ; tantôt par des mélodies empreintes de grâce et de sé-rénité, ou bien par de larges ébauches d’une couleur puissante et lumineuse, car il y avait une affinité étroite entre les vers, la peinture et la musique de ce jeune homme, parce que, après tout, la poésie est une, qu’elle se traduise par un chant, un poème ou un tableau, seulement le génie complet parle ces trois langues. (p504)
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Le vigie de Kpat Vën

… Et leurs visages devenaient livides, et leur sommeil était agité par d’horribles songes, et ils perdaient la force et la gaieté ; et de braves, ils devenaient lâches, et leurs mains de jeunes gens tremblaient comme des mains de vieillards, et ils maigrissaient et devenaient comme des spectres, et leurs yeux égarés roulaient dans leurs orbites, et bientôt ils mouraient au milieu d’un horrible délire. (p255)
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Le vigie de Kpat Vën

– Je doute fort, reprit Mallebranche, que ton équipée fasse éclore chez les femmes bien des fleurs de myrte au soleil de l’admiration, ainsi que dirait ce fat de Dorat.
– Quelle erreur, bon Mallebranche ! les femmes nous ai-ment toujours en raison du chagrin que nous leur causons ; et ça par coquetterie. Les larmes leur vont si bien ! donnent tant d’éclat à leurs yeux ! et puis une belle gorge est si irritante quand elle bondit sous les sanglots… vrai… la douleur est leur parure et leur force : aussi, une jolie femme qui comprend sa mission sait que rien n’est moins à son air que le bonheur… Il faut laisser cet éternel sourire aux laides qui n’ont que de belles dents… les tout à fait laides ont la vertu. (p49)
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