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Critique de kielosa


Frappé par la critique de Tiguidou du Canada sur cet ouvrage relatif à John Edgar Hoover, se déclarant offusqué que des bâtiments publiques aux États-Unis portent aujour'hui toujours son nom, je me suis penché sur les livres traitant de lui et décidé d'écrire une critique à mon tour, bien que le personnage m'écoeure. Sur l'ancien grand manitou du FBI le nombre de livres est pléthorique, sans compter ceux rédigés par ses sous-fifres en son nom et à sa gloire exclusive. En ayant lu plusieurs, je me limite ici à deux, qui existent en français : celui d'Anthony Summers, 'Le plus grand salaud d'Amérique' (dont le titre en français est malencontreux et tendentieux par rapport à l'original plus neutre 'Official and Confidential, the Secret Life of J. Edgar Hoover') et l' ouvrage de Marc Dugain 'La malédiction d'Edgar'.

L'ouvrage de Dugain est bien sympathique et j'admire son initiative et surtout son courage d'aller à contre-courant de ce qui est su jusqu'à présent et continue d'être révélé sur ce personnage hautement controversé. Présenter Hoover dans une lumière de jour 'rose' , lui qui vivait et intriguait à l'ombre, ne m'a guère convaincu, malgré les qualités romanesques incontestables de son auteur. Ce que je reproche à ce livre, c'est qu'à force de tout vouloir relativer, on arrive à un résultat qui s'inscrit en faux par rapport à la triste réalité.

Il y a 2 questions fondamentales qu'on peut se poser, si l'on veut cerner le personnage : d'abord comment a-til fait pour arriver à devenir le chef omnipuissant du FBI et ensuite et surtout, comment s'est il débrouillé pour s'y maintenir pendant presqu'un demi siècle (de 1924 à 1972 pour être plus précis) jusqu' à sa mort ?

A la première question, il convient de noter qu'il a fait du beau travail, au ministère de la justice, en faisant arrêter des espions nazis aux États-Unis et qu'il a eu beaucoup de mérite en contribuant à la création d'une agence fédérale de police, indispensable pour mettre fin aux passages trop faciles des frontières intérieures du pays par gangsters et bandits.

C'est en répondant à la 2ème question que les choses deviennent moins limpides. En effet, bénéficiant de son tremplin à la tête de ce FBI, il a commencé relativement vite à faire de l'excès de zèle en faisant arrêter de soi-disant ennemis politiques ou plutôt des personnes qui ne partageaient pas ses convictions, somme toute, assez restrictives pour ne pas dire primitves, comme par exemple, l'expulsion brutale de la lituanienne juive, Emma Goldman, et 248 autres accusés d'être des anarchistes visant la destruction même de l'Etat. Ensuite, ce fut le tour des communistes et le regrettable épisode du sénateur Mccarthy, autre personnalité peu recommandable.

Pourtant c'est surtout du temps des Kennedy John et Robert, que ses agissements sont devenus carrément inacceptables. Je ne l'accuse nullement d'avoir trempé dans leur mort violente, ce serait un pont trop loin, mais ses intrigues discutables ont contribué à créer un climat de haine qui a favorisé leurs fins tragiques. Tout comme celui de Martin Luther King, d'ailleurs. Son attitude radicale et manoeuvres équivoques lors des luttes raciales constitue une autre page, dont il pourrait difficilement se vanter.
Si donc ce fasciste a réussi à se maintenir à son poste, dont le pouvoir est inimaginable pour nous autres Européens, cela a été avant tout le résultat de sa manie de constituer des dossiers secrets sur tout le monde en vue, membres du Congrès et du Sénat, gouverneurs et présidents. Prétendre que cet administrateur modèle faisait cela uniquement par souci du devoir, relève des fables dignes de Disneyland.
Quest-ce qu'il avait besoin d'en faire sur Harry Truman, protesestant pratiquant, bon père de famille et homme sans histoires ?

C'est avec John Kennedy, coureur de jupons notoire (ce qui n'est pas un crime, même en Amérique), que la démesure de Hoover n'a plus connu de freins. Qui ne se rappelle pas le sort de la belle infortunée Marilyn Monroe ? Il est vrai que son frère, Robert, ministre de la justice, voulait déloger notre grand commis d'État. En plus, ses relations particulières avec les 'capi mafiosi', tels Lucky Luciano, Vito Genovese etc..sont pour le moins douteux.

Bref, si je recommande le roman de Marc Dugain, c'est pour ses qualités littéraires. Ceux qui sont, en revanche, intéressés de se faire un jugement propre sur cet énigmatique Hoover, auront besoin de lire un ou plusieurs autres ouvrages sur lui. Et pourquoi pas commencer avec celui d'Anthony Summers, cet Irlandais, finaliste du prestigieux Prix Pulitzer, et l'auteur de nombreuses biographies faisant autorité, allant du dernier tsar, Nicolas II, en passant par Richard Nixon à Frank Sinatra et Marilyn Monroe.


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