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Critique de PhilippeCastellain


Sans doute le livre le plus superbement mélancolique qu'il m'ait jamais été donné de lire. Peut-être n'est-il pas de plus grand écrivain que Supervielle qui soit tombé dans un oubli aussi complet. Il est dur de décrire la subtilité de son écriture, l'étrange ambiance de ces quelques nouvelles, la douceur triste qui habite chacune de ses phrases.

La première histoire, celle qui donne son nom au recueil, en est l'apogée. Une fillette vit seule dans un village au milieu de l'océan. Quand un navire s'approche, elle tombe soudainement endormie, et les maisons plongent sous la mer. Que fait-elle là, toute seule ? de toute sa vie, elle n'a connue que l'immensité de la solitude… Connaitra-t-elle un jour autre chose ? Quel est cet endroit, pourquoi est-elle là ?

Chaque nouvelle développe son étrange atmosphère douce-amère, campe ses personnages acceptant silencieusement leurs destins trop lourds. Celui-ci va même par delà la mort dans ‘Les boiteux du ciel'. Là où ce qui reste des hommes n'est plus qu'ombre au milieu des ombres, croyant mener une vie dans ce qui n'est qu'ombre... Paradoxalement, la plus sombre du recueil et la seule qui se termine sur une note heureuse !

Et au milieu de tout cela une touche de merveilleux presque incongrue, qui révèle une foi profonde et nourrie de la ‘Légende Dorée' chez celui qu'on aurait pu croire athée, au vu de sa description de l'après-mort. C'est la nativité racontée du point de vue du boeuf et de l'âne de la crèche. Un doux moment de beauté et de paix, où le boeuf réchauffe de son souffle l'enfantelet dans la paille… Qu'a-t-il fallut pour que Supervielle chasse la mélancolie qui habite chacune de ses lignes, en dehors de celles-ci ? Un souvenir des Noëls de l'enfance, peut-être…

Peut-être est-ce mieux au fond que Supervielle ne soit pas plus connu. Entendre la presse ou la télévision en parler me donnerait l'impression de voir un ours fouiller dans des dentelles aux fuseaux…
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