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Critique de yannlerazer


François Sureau pourrait mener une retraite ignacienne. Sans prendre garde, on s'empare de J'ai des soldats sous mes ordres, deux mystères évangéliques dont on se dit que l'on va lire deux pièces, avec cette arrière-pensée : la lecture d'une pièce de théâtre fait rarement vibrer ; il lui faut des acteurs ; il lui faut la sensibilité d'un acteur pour en sentir la profondeur, pour en sortir la grandeur.

Mais, dans son ouverture, c'est une présentation des exercices de saint Ignace qui est faite. Exercices qui s'inscrivent dans une longue tradition d'oraisons, selon cette école espagnole qui les dépasse toutes, ou selon la tradition d'oraison française qui, elle aussi, a fait ses preuves. François Sureau prépare son lecteur : « c'est un exercice dont on ne sort pas indemne ». Il avertit encore : « Qui a rencontré le Seigneur, s'il revient chez lui, c'est par une autre route ».

Le lecteur qui continue le prologue, avant de se lancer dans la lecture des textes, est alors préparé à la « reconstitution imaginative ». « On ne pense pas sans image » disait Aristote en son temps. François Sureau nous prépare à imaginer le lieu des deux mystères, le Procurateur et Un Soir à Capharnaüm. Caché comme une petite souris dans un coin, c'est ainsi qu'on vit toute oraison face à un texte qui prend forme, qui prend chair, qui vous prend vous, la petite souris qui pensiez n'être que spectateur. Vous voilà devenu acteur. Soudain, vous entendez même des bruits curieux, des sanglots, ce sont les vôtres. le mystère vous a pris. François Sureau a réussi à vous faire entrer en scène.

Pour donner à chacun l'occasion d'une expérience rare, unique, les deux histoires, le Procurateur et Un Soir à Capharnaüm ne seront pas dévoilées ici. Les lecteurs coutumiers des Evangiles auront une petite idée à leur sujet, mais des coups de théâtre arrivent toujours quand on ne s'y attend pas, soit qu'ils viennent de l'auteur, soit qu'ils viennent du lecteur. Les deux récits qui ont donné matière aux deux mystères de François Sureau sont de Roger Caillois, « qui n'y croyait guère, dont l'athéisme est insoupçonnable », précise l'auteur. J'ai des soldats sous mes ordres ne s'adresse pas qu'aux croyants. Un non croyant a aussi besoin de lectures spirituelles, terriblement. Il n'y perd pas ses convictions pour autant. Un ouvrage remarquable.
Lien : http://tmblr.co/Z4Dxcn1WlMaGu
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