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EAN : 9782706711176
189 pages
Salvator (17/04/2014)
4/5   3 notes
Résumé :
Lorsqu'on a voyagé ainsi jusqu'aux rivages de l'Ecriture, on n'en revient pas chez soi dans le même état. C'est l'expérience des rois mages, qui regagnent leur pays par un autre chemin . Qui a rencontré le Seigneur, s'il revient chez lui, c'est par une autre route. A cette règle du moins il n'est pas d'exception. Et ce voyageur se souviendra désormais des personnages de l'Ecriture d'une tout autre manière, parce qu'il se sera attaché à eux, dans le temps et hors du ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Tout d'abord, merci à Babelio et à la maison d'édition Salvator pour ce livre.
J'avoue que le titre m'a interpellée et je me suis laissée guider par ma curiosité.
Sous-titré « Deux mystères évangéliques », l'auteur revisite à travers deux pièces de théâtre deux épisodes évangéliques : les hésitations de Ponce Pilate juste avant le procès de Jésus Christ (« le Procurateur ») et un miracle réalisé par Jésus qui guérit le fidèle serviteur d'un centurion très humaniste et pragmatique ( « Un soir à Capharnaüm »).
« le Procurateur » est une pièce relativement longue où Ponce Pilate, procurateur romain, se voit chargé du jugement de Jésus, un messie parmi tant d'autres, au milieu des problèmes d'aqueducs et de corruption de son préfet du prétoire. Tiraillé par ce dernier qui veut faire exécuter Jésus tout en tentant de sauver sa peau suite à ses escroqueries, par sa femme que ses rêves effraient ou par la conception de l'amour selon Judas et même par l'attitude hypocrite des religieux juifs, Pilate oscille et ne sait que faire, passant tour à tour pour un faible, un lâche, un pragmatique et un juste. Il semble rester dans l'indécision permanente et ne tranche que vers la toute fin et encore, poussé par sa propre conception de la situation, aidé en cela par la clairvoyance du magicien Mardouk, guide spirituel à la fois sage et impitoyable. A travers ce personnage, c'est donc les conceptions de justice, de la religion, la définition du messie et l'interrogation du dessein divin qui sont abordés à travers le philtre d'une personnalité à la fois prudente, carriériste et sans lustre, trop incertaine en son âme mais appelée de toute façon à jouer un rôle immuable et ingrat duquel il ne peut échapper.
« Un soir à Capharnaüm » nous introduit dans la maison du centurion Flavius, l'action en elle-même se déroulant en moins de 24 heures. Dans cette pièce, la question de la Foi universelle se pose face à la mesquinerie bassement humaine et au quand dira-t-on. Flavius est un personnage faisant preuve d'une très grande bonté et de volonté, prêt à tout pour sauver l'un des siens, croyant fermement aux miracles de celui qu'on surnomme le messie, même s'il est mal vu qu'un Romain vienne demander son aide… Et miracle, il y aura, effectivement…
Au-delà de ces quelques pistes de réflexions qu'offrent ces deux pièces, l'auteur parvient à nous montrer des personnages de « l'autre camp » profondément humains et perdus face à un monde dont le sens se brouille devant eux, le tout dans un style aisé, alliant même l'anachronisme par moment pour mieux encore montrer l'universalité des questions posées. Pour lui, nous sommes tous des Ponce Pilate lorsque nous sommes confrontés à des questions religieuses qui ne peuvent de toute évidence être abordées de façon purement cartésienne. Que l'on croit ou pas, là n'est pas la question, puisqu'en fin de compte, c'est le libre-arbitre même de chacun qui se retrouve ainsi questionné. Aux yeux de l'auteur, en effet, l'homme a-t-il seulement le choix dans cette grande pièce de théâtre qu'est la vie, que l'auteur en soit Dieu ou pas ?
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François Sureau pourrait mener une retraite ignacienne. Sans prendre garde, on s'empare de J'ai des soldats sous mes ordres, deux mystères évangéliques dont on se dit que l'on va lire deux pièces, avec cette arrière-pensée : la lecture d'une pièce de théâtre fait rarement vibrer ; il lui faut des acteurs ; il lui faut la sensibilité d'un acteur pour en sentir la profondeur, pour en sortir la grandeur.

Mais, dans son ouverture, c'est une présentation des exercices de saint Ignace qui est faite. Exercices qui s'inscrivent dans une longue tradition d'oraisons, selon cette école espagnole qui les dépasse toutes, ou selon la tradition d'oraison française qui, elle aussi, a fait ses preuves. François Sureau prépare son lecteur : « c'est un exercice dont on ne sort pas indemne ». Il avertit encore : « Qui a rencontré le Seigneur, s'il revient chez lui, c'est par une autre route ».

Le lecteur qui continue le prologue, avant de se lancer dans la lecture des textes, est alors préparé à la « reconstitution imaginative ». « On ne pense pas sans image » disait Aristote en son temps. François Sureau nous prépare à imaginer le lieu des deux mystères, le Procurateur et Un Soir à Capharnaüm. Caché comme une petite souris dans un coin, c'est ainsi qu'on vit toute oraison face à un texte qui prend forme, qui prend chair, qui vous prend vous, la petite souris qui pensiez n'être que spectateur. Vous voilà devenu acteur. Soudain, vous entendez même des bruits curieux, des sanglots, ce sont les vôtres. le mystère vous a pris. François Sureau a réussi à vous faire entrer en scène.

Pour donner à chacun l'occasion d'une expérience rare, unique, les deux histoires, le Procurateur et Un Soir à Capharnaüm ne seront pas dévoilées ici. Les lecteurs coutumiers des Evangiles auront une petite idée à leur sujet, mais des coups de théâtre arrivent toujours quand on ne s'y attend pas, soit qu'ils viennent de l'auteur, soit qu'ils viennent du lecteur. Les deux récits qui ont donné matière aux deux mystères de François Sureau sont de Roger Caillois, « qui n'y croyait guère, dont l'athéisme est insoupçonnable », précise l'auteur. J'ai des soldats sous mes ordres ne s'adresse pas qu'aux croyants. Un non croyant a aussi besoin de lectures spirituelles, terriblement. Il n'y perd pas ses convictions pour autant. Un ouvrage remarquable.
Lien : http://tmblr.co/Z4Dxcn1WlMaGu
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Sans Masse Critique je n'aurai pas découvert ce livre, qui mérite d'être lu et relu.
L'ouvrage est présenté de manière sobre et la couverture dévoile astucieusement les thèmes choisis. L'écriture est aérée, quelques dessins agrémentent les dialogues, la mise en scène est décrite pour rendre l'époque de l'action plus actuelle. Une page d'argumentaire est insérée en début de livre avec une courte bio de l'auteur.
Cette bio est par la suite largement développée en ouverture des pièces de théâtre.
La première pièce traite du procès de Jésus vu du côté de Pilate et de ses proches conseillers. Cette partie de l'évangile est traitée d'une manière neutre pour aborder les grands thèmes du pouvoir et de l'obéissance. Ces thèmes et l'aspect religieux sont traités de manière particulièrement humaine et permettent de très beaux dialogues qui amènent à la réflexion. Point n'est besoin d'avoir lu le Nouveau testament où d'être croyant pour apprécier.
La seconde, très brève, traite d'un miracle à la demande d'un centurion. Beaucoup plus classique. Personnellement j'aurai mis cette dernière en premier car elle paraît vide et ne complète pas la pièce initiale.
Un ouvrage philosophique qui amène un éclairage différent sur deux mystères évangéliques.
A lire car amène la réflexion.
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Je remercie babelio pour l'envoie de ce livre. Tout d'abord, n'étant pas une grande chrétienne, je fus quelque peu bouleversée par le titre et sous titre de l'oeuvre. Ensuite je fus totalement charmée par le texte quelque peu innovant selon moi.

Le texte en lui même n'as pas un vocabulaire trop compliquée, il est facile de se retrouver dans les personnages et les points de vues d'une situation historique sont intéressant. Cela nous amène à la réflexion et c'est ce que j'aime dans cette ouvrage.

Je le conseil à toute personne ouverte d'esprit. A découvrir avec modération.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le Moyen Age, qui cherchait l'innocent dans un monde coupable, méditait d'avantage sur le lieu proprement dit, paradis ou enfer. Ignace a longuement médité sur le tourment, l'état psychique, l'état d'âme. Sans doute se jugeait-il coupable dans un monde innocent. Quant à nous, coupables dans un monde coupable, nous préférons scruter les destinées individuelles, reconstituer des vies, dans les méandres d'un passé comparable au nôtre
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MENENIUS – Que vous a-t-il appris sur le messie ?
PILATE – Sur le messie lui-même, rien. C’est d’ailleurs une grave lacune dans leurs conceptions. Ils attendent le messie, mais aucun critère n’est prévu pour le distinguer des candidats suspects ou indésirables. Aucune procédure.
MENENIUS, ironique – Vous auriez préféré un beau règlement, à la romaine, avec ses circulaires d’interprétation ?
PILATE – Ne te moque pas, Ménénius.
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Le jugement ne répare rien. Il met seulement le mal en évidence. Le jugement corrompt autant que le crime. Le jugement est un acide, qui commence à se répandre bien avant le prononcé de la peine. C’est très mauvais pour l’ordre, et ça n’a pas d’effet. Le lendemain, chacun reprend ses trafics.
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PILATE
Le jugement ne répare rien. Il met seulement le mal en évidence. Le jugement corrompt autant que le crime
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PILATE
La justice est-elle moins violée quand on la refuse à un seul homme plutôt qu'à deux mille?
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Videos de François Sureau (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Sureau
Cette semaine, Augustin Trapenard reçoit François Sureau pour "S'en aller", édité chez Gallimard. "Je connais peu d'images aussi frappantes que celle par laquelle Nabokov décrit le départ d'un train : ce sont les wagons qui reculent le long du quai. Quant à la destination, elle n'est jamais celle qu'on a entrevue, en esprit, au moment de s'en aller".
François Sureau, écrivain reconnu, explore dans son dernier ouvrage la quête commune de ceux qui cherchent à s'évader des contraintes du quotidien. Avec une plume élégante et introspective, il évoque la fascination pour l'ailleurs, partageant des anecdotes de voyages et des rencontres marquantes. de Victor Hugo à Philby père et fils, en passant par Patrick Leigh Fermor, l'auteur tisse ici un récit captivant autour de ces âmes en quête d'une liberté insaisissable.
À travers les récits de ses propres voyages – de la Hongrie post-Mur de Berlin à l'Inde et l'Himalaya, en passant par les horreurs de la guerre en Yougoslavie – il nous transporte dans un monde où l'aventure devient le fil conducteur de l'existence. Son écriture, empreinte de poésie et de réflexion, célèbre la beauté des découvertes et la richesse des expériences vécues.
En revisitant ces moments clés de sa vie, François Sureau nous invite à contempler la grandeur de l'inconnu et à embrasser la diversité du monde qui nous entoure. À travers cette méditation sur l'aventure, il nous rappelle que la recherche de la compagnie de ceux qui partagent notre soif d'évasion est un voyage en soi, une quête perpétuelle de sens et de beauté
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