Je me souviens des derniers mois où mon père était avec nous comme d’une longue période. Ces mois, ma mémoire les a répétés à l’infini. Voir et revoir le film. Le revoir encore. Comment serait la vie si on pouvait avoir conscience qu’on fait quelque chose pour la dernière fois.
Ce n'est pas le muscle qui fait l'homme, disait-il, du moins pas le muscle du bras. Une brève pause avant de conclure : c'est le muscle du cerveau, n'ayez pas l'esprit mal placé.
après chaque chose, il nous reste encore l’avenir.
La guerre est ainsi. Injuste.
Parfois, je me demande comment fonctionne l'ordre des choses : est-ce que les enfants reproduisent les jeux des adultes, ou c'est le contraire?
Parfois, les souvenirs sont comme des morceaux de pain trempés dans le lait. Ils se défont, mais pas en mies, plutôt en bouts informes qui font plouf plouf, en tombant dans le liquide.
Parfois, la mémoire synthétise les souvenirs. Une vaste période peut être passée peut en revue en quelques secondes, donnant l'impression qu'elle a duré peu de temps.
La guerre est un étrange animal mutant qui se répand en tâtonnant dans de nouveaux territoires pour y trouver l'oxygène nécessaire à sa survie.
La mémoire est comme une grande malle remplie de petites boîtes des souvenirs différents qu’on sort ou qu’on laisse selon son humeur. Le problème est que parfois, par inadvertance, une de ces petites boîtes s’ouvre toute seule et devient comme la maudite boîte de Pandore. Alors il faut s’organiser, saisir les souvenirs au vol, les remettre dans leur petite boîte, la fermer en forçant et en poser une autre dessus, pleine de moments agréables, plus forts et plus volumineux. Surtout ça : quelque chose de fort qui occupe l’espace.
Reconstruire l'histoire pour trouver une piste. Si vaste que soit l'Histoire, elle ne peut absorber tous ceux qui la font. Il reste toujours une trace de chaque individu. La partie émergée de l'iceberg.