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Critique de Bookycooky


Aprés son désarmant Dimanche des mères, Swift nous revient avec un tout autre sujet qui débute à Brighton en 1959. L'histoire est celle de deux compères qui font connaissance à l'armée. L'un, Jack poussé très jeune par sa mère dans le monde du spectacle , l'autre, Ronny qui apprendra des tours de magie durant la seconde guerre mondiale, chez des parents adoptifs, chez qui sa mère l'envoie pour le mettre à l'abri du blitz à Londres. Jack monte des spectacles et Ronny fait des tours de magie. A ce duo s'ajoute Evie, une jeune femme charmante que recrute Ronny comme assistante.
Suite à ce préambule, on fait un grand bond dans le temps de 1959 à 2009, et la jeune femme du trio, Evie, cinquante ans plus tard se souvient, comme dans son livre précédent, et c'est là dans les souvenirs d'Evie que se déploie toute l'histoire, dans le monde du spectacle et de la magie, où rien n'est impossible . Voilà pour vous donner une idée de départ du fond et de la forme du dernier Swift.
Dans le Dimanche des Mères , de même qu'une bonne arrivait à enjamber les barrières de classes par le biais de la Littérature, pour devenir une écrivaine célèbre, dû en partie aux changements radicaux dans la société anglaise suite à la première guerre mondiale, ici le processus est celui du monde du divertissement , qui permet de changer d'identités et de classe sociale dans le spectacle même, et aussi en dehors, dans la vraie vie, si le succès est au rendez-vous. le titre original du livre "Here we are", qui vient d'une phrase de la mère adoptive de Ronny, ici je pense fait office d'une expression qu'on pourrait utiliser en fin d'un tour de magie, " Eh voilà !".
Swift en tout cas lui a réopéré son "fucking 'ell " * tour de magie en nous livrant une belle histoire profonde et intéressante au langage exquis partant de trois vies ordinaires. Vers la fin du livre j'ai l'impression que c'est lui qui nous parle de la bouche de Jack qui parlant de sa vie d'acteur déclame :" Fuck the real world, who needs that ?" ( J'emmerde la vraie vie, qui en a besoin ?). Où fini le spectacle où commence la vraie vie , et vice versa ? Comment ne pas penser au grand William, " le monde entier est un théâtre, Et tous, hommes et femmes, n'en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles.”
J'aime la plume de Graham Swift, qui consiste à dire peu pour exprimer beaucoup. Si vous avez aimé son précèdent livre ne passez pas à côté de cette histoire d'amour, d'illusions, de trahison, de sentiment de culpabilité et de secrets, où il est difficile de contrebalancer les pertes et les gains d'une vie. Les tours de magie ne sont pas uniquement faites sur scène, la vie aussi nous en réserve pas mal !

"...what's more extraordinary, that actors turn into these other people—how on earth is it done?—or that people anyway turn into people you never thought they might be?"
(Qu'est-ce qu'il y a de plus extraordinaire, que des acteurs qui entrent dans la peau d'autres personnages -comment est-il possible ?-ou des gens deviennent des personnes qu'on n'aurait jamais imaginé ?").

*Fucking well, en dialecte cockney employé souvent par Ronny dans le texte.
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