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EAN : 9782072870873
192 pages
Gallimard (07/01/2021)
3.47/5   139 notes
Résumé :
Un vent de magie souffle sur la jetée de Brighton au coeur de l'été 1959. C'est dans le théâtre de cette station balnéaire anglaise que se produisent chaque soir Jack Robins, Ronnie Deane et Evie White.
Cet époustouflant trio offre aux vacanciers du bord de mer un spectacle de variété à nulle autre pareille. Sur les planches, ils deviennent Jack Robinson, malicieux maître de cérémonie, Pablo le Magnifique, magicien hors-pair, et Eve, sublime assistante au co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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Aprés son désarmant Dimanche des mères, Swift nous revient avec un tout autre sujet qui débute à Brighton en 1959. L'histoire est celle de deux compères qui font connaissance à l'armée. L'un, Jack poussé très jeune par sa mère dans le monde du spectacle , l'autre, Ronny qui apprendra des tours de magie durant la seconde guerre mondiale, chez des parents adoptifs, chez qui sa mère l'envoie pour le mettre à l'abri du blitz à Londres. Jack monte des spectacles et Ronny fait des tours de magie. A ce duo s'ajoute Evie, une jeune femme charmante que recrute Ronny comme assistante.
Suite à ce préambule, on fait un grand bond dans le temps de 1959 à 2009, et la jeune femme du trio, Evie, cinquante ans plus tard se souvient, comme dans son livre précédent, et c'est là dans les souvenirs d'Evie que se déploie toute l'histoire, dans le monde du spectacle et de la magie, où rien n'est impossible . Voilà pour vous donner une idée de départ du fond et de la forme du dernier Swift.
Dans le Dimanche des Mères , de même qu'une bonne arrivait à enjamber les barrières de classes par le biais de la Littérature, pour devenir une écrivaine célèbre, dû en partie aux changements radicaux dans la société anglaise suite à la première guerre mondiale, ici le processus est celui du monde du divertissement , qui permet de changer d'identités et de classe sociale dans le spectacle même, et aussi en dehors, dans la vraie vie, si le succès est au rendez-vous. le titre original du livre "Here we are", qui vient d'une phrase de la mère adoptive de Ronny, ici je pense fait office d'une expression qu'on pourrait utiliser en fin d'un tour de magie, " Eh voilà !".
Swift en tout cas lui a réopéré son "fucking 'ell " * tour de magie en nous livrant une belle histoire profonde et intéressante au langage exquis partant de trois vies ordinaires. Vers la fin du livre j'ai l'impression que c'est lui qui nous parle de la bouche de Jack qui parlant de sa vie d'acteur déclame :" Fuck the real world, who needs that ?" ( J'emmerde la vraie vie, qui en a besoin ?). Où fini le spectacle où commence la vraie vie , et vice versa ? Comment ne pas penser au grand William, " le monde entier est un théâtre, Et tous, hommes et femmes, n'en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles.”
J'aime la plume de Graham Swift, qui consiste à dire peu pour exprimer beaucoup. Si vous avez aimé son précèdent livre ne passez pas à côté de cette histoire d'amour, d'illusions, de trahison, de sentiment de culpabilité et de secrets, où il est difficile de contrebalancer les pertes et les gains d'une vie. Les tours de magie ne sont pas uniquement faites sur scène, la vie aussi nous en réserve pas mal !

"...what's more extraordinary, that actors turn into these other people—how on earth is it done?—or that people anyway turn into people you never thought they might be?"
(Qu'est-ce qu'il y a de plus extraordinaire, que des acteurs qui entrent dans la peau d'autres personnages -comment est-il possible ?-ou des gens deviennent des personnes qu'on n'aurait jamais imaginé ?").

*Fucking well, en dialecte cockney employé souvent par Ronny dans le texte.
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Cet été 1959 à Brighton, le spectacle de variété animé par le présentateur vedette Jack Robinson rencontre un succès inédit. Les estivants se bousculent pour assister à l'époustouflant numéro de magie de Ronnie Deane - alias Pablo le Magnifique -, assisté de sa sublime compagne Eve - Evie White à la ville. Si Jack et Evie sont montés très jeunes sur les planches, Ronnie doit sa vocation au hasard. Evacué à la campagne par sa mère juste avant le Blitz en 1940, il a passé les années de guerre chez les Lawrence, un couple âgé sans enfant qui l'a choyé. C'est dans leur propriété de l'Oxfordshire, qu'ébloui, l'enfant des quartiers populaires de Londres a découvert l'art de la prestidigitation, au cours d'une initiation qui devait s'avérer décisive pour son avenir. Mais, à Brighton, Jack tombe lui aussi sous le charme d'Evie. le triangle amoureux risque bien de compromettre la belle affiche du spectacle…


Le grand jeu est l'un de ces romans dont les immenses qualités n'apparaissent qu'après maturation dans l'esprit du lecteur. Ainsi, ce n'est qu'en toute fin de sa lecture, jusqu'ici dominée par un contrariant sentiment d'ennui et l'impression que l'alchimie n'opérerait jamais, que ce qui m'était apparu comme les errements un peu décousus de la narration, dans un dédale de retours en arrière et d'allusions au fil conducteur bien peu apparent, a pris sens tout d'un coup. Enfin, l'émotion est alors apparue, en une bouffée de nostalgie et de tristesse, et une soudaine révélation : quel magnifique personnage que ce Ronnie.


Un peu comme Evie et Jack réaliseront avec retard, dans une confusion de remords plus ou moins avoués et coupables, le formidable panache de Ronnie et l'irréparable conséquence de leurs choix, le lecteur met donc du temps à cerner l'ampleur du « grand jeu » au coeur du récit : un idéal de scène autant que de vie, chez un homme, qui, ébloui dans l'enfance par l'amour inespéré d'un père de substitution, n'aura de cesse, son existence durant, d'en sublimer le magique héritage.


Alors, avec Ronnie, la magie devient poésie pure. Elle semble la projection transcendée d'un miracle d'émotions et de marques d'amour reçues dans l'enfance, et que l'homme s'entend à préserver des flétrissures qui viennent habituellement faire oublier aux adultes leurs rêves et leurs éblouissements d'enfants. Et si c'est bien cette poésie et cette pureté d'émotion qui émerveillent tant ses spectateurs, c'est aussi le doute quant au bien-fondé de leur sacrifice, motivé par l'ambition et le choix du matérialisme, qui continue longtemps à hanter Evie.


Cette histoire doucement triste, qui vient d'une très jolie façon nous rappeler combien souvent nos peurs et nos priorités matérielles nous font oublier le vrai sens de la vie, transforme presque en coup de coeur une lecture pourtant commencée dans l'ennui, et qu'il faut peut-être reparcourir une seconde fois pour en apprécier toute la profondeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Oups ! Gros coup de coeur de l'année 2021 pour moi !

Je viens de lire deux fois de suite ce « Grand jeu » de Graham Swift. Enfin, quand je dis deux fois … c'est plutôt deux et demi. Je m'explique : je commence à le lire d'une traite jusqu'à une bonne moitié et … je perds mon exemplaire – je souhaite bonne lecture à celui ou celle qui l'a récupéré.
Qu'auriez-vous fait dans la même situation ? Je sais qu'en m'adressant aux Babeliotes que vous êtes, vous comprendrez ma réaction. Accros à la lecture ? Addicts comme moi ? Vous auriez fait de même. Comment interrompre mon plaisir de lectrice et ne pas aller au bout de l'histoire ? Ni une ni deux, je file chez mon libraire de quartier juste avant le couvre-feu de 19 heures. Miracle : un exemplaire sur l'une des tables. Et c'est Gallimard – et un tout petit peu mon libraire – qui sont contents. Depuis je l'ai relu deux fois : une pour l'histoire, le second pour savourer encore le plaisir de la lecture.

De quoi ça parle ?
Aout 1959, Brighton, en Angleterre. Un couple se prépare à monter sur les planches, un duo de magiciens – le mot est lancé – en la personne de Ronnie dit Pablo sur scène, et de Evie dite Eve. Ils sont tous jeunes, ils sont pauvres, ils sortent de la guerre, les gens ont besoin de distraction et ils en rêvent depuis longtemps. Mais ce n'est pas seulement un duo qui monte sur scène. C'est un trio. le troisième personnage s'appelle Jack.
Jack Robinson, ou Jack Robins, ou Jack tout court, il a failli être Sir Jack, mais non, n'allons pas trop vite. Jack est un ami de Ronnie, ils se sont connus au service militaire, et ils se sont reconnus comme membre de cette confrérie du divertissement – on ne dit pas encore « Showbiz » - et Jack est aujourd'hui le bateleur qui annonce les numéros au théâtre de Brighton.
Il fait ça très bien, Jack, il danse des claquettes, il chante, il amuse le public, il sait y faire, sa mère l'a préparé à cela tout petit.
Tout comme Evie, ou Eve sur scène, venue de la banlieue de Londres, avec une mère qui lui a appris à mettre en valeur ses gambettes, et à sourire tout le temps.
Alors quand Evie tombe sur l'annonce « on recherche un assistant », - c'est Jack qui a conseillé à Ronnie de s'adjoindre un assistant, ou même une assistante, c'est très important pour un magicien – elle n'a pas hésité. Et bizarrement elle a été embauchée tout de suite, elle n'en croyait pas sa chance, et la voici sur les planches, à sourire dans son costume pailleté tout garni de plumes, à sourire aux spectateurs pour détourner leur attention, et elle le fait très bien. « Ils ne se contentent pas de faire de la magie », dit la presse locale, « Ils sont magiques ». Il faut dire que tous les trois ont ce qu'on appelle « le démon de la scène ».

Tout cet été 59, à Brighton, les spectateurs vont se précipiter pour voir les numéros s'enchaîner, et particulièrement celui de « Pablo et Eve » - qui deviendra même, à la fin de l'été « Pablo le magnifique ». On imagine sans peine qu'après cet été fabuleux, Ronnie et Evie, qui sont fiancés dans la vie, vont devenir Mr et Mme Deane – Eve porte déjà une bague de fiançailles qui signifie à tous son avenir tout tracé.
Mais Ronnie alias Pablo cache un secret. Et de secrets, il en sera question tout au long du récit.

Son enfance ne l'a pas préparé au spectacle, contrairement à la mère de Jack ou la mère d'Eve, qui apprenaient à leur progéniture comme sourire et donner à voir « ce que les gens veulent avoir ». Il a même « profité » de la guerre, lui qu'une enfance entre une femme de ménage dans la banlieue de Londres d'origine espagnole et un marin trop souvent absent, ne préparait pas du tout à la scène.

Pourtant, lorsqu'à l'occasion d'une proposition de mettre les enfants à l'abri des bombes, il se retrouve par hasard près d'Oxford, dans une maison de style élisabéthain auprès de Mr and Mrs Lawrence, c'est tout à fait par hasard encore qu'il va découvrir ce qui passionne le mari : la magie…
Evergrene.
Le terme - qui désigne le lieu-dit où il passera une enfance dorée auprès d'un couple sans enfant qui le considère comme le leur – restera gravé dans son esprit et synonyme d'un profond bonheur, bonheur qui ne peut que disparaître puisque la guerre va bien finir par se terminer elle aussi. Mais le jeune Ronnie reviendra d'Evergrene totalement transformé, et mordu par la passion inculquée par son mentor Eric Lawrence : il deviendra magicien.


Les thèmes principaux de ce « Grand Jeu » de Graham Swift tourne tournent autour de l'illusion, de la prestidigitation, mais aussi de la disparition – comme ce père marin, très souvent absent, proclamé « disparu » en mer – mais sans que Ronnie n'en sache vraiment plus.

On pense au roman de Christopher Priest, « le Prestige », adapté ensuite au cinéma par Christopher Nolan avec Scarlett Johnson dans le rôle de l'assistante des deux magiciens. Une jolie assistante, c'est indispensable pour détourner l'attention des spectateurs.

L'époque des années 60, que l'auteur fait ici magnifiquement revivre, concentre les prémices de ce qui deviendra « l'Entertainment » à grande échelle, mais pour l'instant il y est question d'artisanat, de music-hall, de baltringue – à l'image par exemple d'un couple comme « Shirley et Dino » en France aujourd'hui – d'acteurs de pacotilles, sans encore le cinéma et la machine hollywoodienne pour l'industrialiser.

On ira de suspense en suspense, avec des allers et retours dans le passé puis dans le futur qui embarqueront le lecteur dans ce scenario épique. Duquel le trio ne ressortira pas indemne : quelques tours et puis s'en iront.
« Jack s'était penché vers Eve : Des tours ? Des illusions ? C'est quoi la différence, Eve ? Expliquez-moi ».

La fin révèlera un ultime secret, une boite secrète qu'on n'imaginait pas, car l'auteur a plus d'un tour dans son sac. Mais on ne dira rien pour ne pas réduire le plaisir des futurs lecteurs. « le monde est un théâtre où chacun doit jouer son rôle » - une phrase tout à fait juste, aussi bien en 1949 qu'en 2021.

Oui, Graham Swift a sorti « le Grand Jeu ». Et croyez-moi : celui-ci mérite d'être partagé.
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♬ Attention, mesdames et messieurs
Dans un instant on va commencer ♬
Nous sommes à Brighton au coeur de l'été 1959, station balnéaire au sud de Londres.
Les stations balnéaires anglaises recèlent pour moi une jolie mélancolie désuète.
Chaque soir, un trio épatant offre aux vacanciers un spectacle éblouissant. Ce sont : Jack Robbins qui devient Jack Robinson facétieux maître de cérémonie, Ronnie Deane lui devient Pablo le Magnifique, magicien phénoménal et Evie White devient Eve son assistante dévouée sur scène qu'il enferme tous les soirs dans une malle pour la scier en deux.
Mais à d'autres moments du récit, nous sommes aussi au coeur de la seconde guerre mondiale et puis un peu plus tard, nous sommes à une époque contemporaine presque proche de la nôtre, en 2009. Evie White a soixante-quinze ans et se souvient à son tour, longtemps après...
L'art de Graham Swift est de se promener dans le temps et de nous y promener aussi, d'un temps à l'autre, avec une légèreté insoupçonnée. C'est un regard épris de justesse qu'il sait poser sur ses personnages comme un papillon sur une épaule.
Mais le tour de magie de Graham Swift est de faire apparaître et disparaître des personnages avec une sensibilité exacerbée. Ils sont nombreux, ceux qui apparaissent, disparaissent dans ce récit, les personnages principaux et ceux qui leur ont donné un sens à leur vie... Malheureusement, tous ne réapparaissant pas après leur disparition...
Ronnie n'a pas encore fait le deuil de la mort de son père adoptif, celui à qui il doit sa vocation de magicien. Ronnie prend la lumière de ce roman, peut-être trop à mon goût, son destin est la trajectoire oblique qui traverse ce texte avec fulgurance et beauté.
Difficile d'évoquer ce court roman.
Le synopsis tient à peu de choses, les thèmes sont multiples : l'amitié, l'amour, la famille, les origines, les illusions de la vie, les mystères qui nous font tenir debout et espérer... L'amour, oui, une étrange et bouleversante histoire d'amour va se dessiner dans les coulisses...
Et puis un jour la magie n'opère plus, le tour ne prend plus, cette illusion qu'on voulait se donner une dernière fois encore...
Les coulisses de la vie sont des portes où s'enfuir et disparaître à jamais...
Tout n'est peut-être qu'affaire de miroirs...
Scier une femme en deux sous un chapiteau, c'est sans doute plus facile que de vouloir recoller les morceaux de toute une vie ébréchée.
Le sujet est beau est d'une infinie tristesse.
Mais, je suis resté un peu en lisière du texte, alors que ma première rencontre avec l'auteur m'avait totalement ému, c'était le dimanche des mères. Ici il est question encore des mères, sans doute que ce thème touche de près l'écrivain qu'est Graham Swift. Elles sont fortement présentes, multiples dans ce roman-ci.
J'aurais tant voulu que l'auteur creuse davantage les deux autres personnages que sont Eve et Jack, puisqu'il s'agit d'un trio dont ils sont indissociables. Ils sont à peine effleurés et je suis persuadé que dans une plus grande fresque, les projecteurs se seraient un peu plus braqués sur leurs destins.
Cela n'enlève rien à la qualité et à la beauté du récit.
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Le Grand jeu est un joli roman doux et mélancolique au charme désuet.
Nous sommes d'abord sur la jetée de Brighton l'été 1959. Dans son théâtre se produisent chaque soir Jack Robinson en Monsieur loyal ; Ronnie Deane, alias Pablo le magnifique, magicien vedette et enfin Evie Whitealias alias Eve, sa belle et scintillante assistante. le succès est là. Pablo et Evie doivent se marier en septembre. Mais voilà Ronnie le maître de l'illusion disparaît. Que s'est-il passé ?
En 1979 Evie se souvient de Ronnie et de cet été là..
Et nous remontons le temps dans l'enfance de Ronnie pendant la guerre. C'est cette partie là qui est la plus belle et qui aurait mérité pour moi un plus long traitement. C'est l'histoire d'un petit londonien d'origine très modeste que sa mère envoie à la campagne afin d'échapper aux bombardements. Il se retrouve dans une famille idyllique. La dame lui fait boire des sodas au gingembre. le monsieur fait apparaître des lapins et des roses. Il l'initie à la magie. Mais cette vie est-elle vraiment la sienne ?
La vie de Ronnie m'a beaucoup plu donc. Les deux autres personnages m'ont semblé beaucoup plus superficiels, surtout le personnage de Jack toujours vu de l'extérieur. Quant à Evie, c'est une opportuniste pas vraiment attachante qui nourrit des regrets bien tardifs. le roman joue donc sur les apparitions et disparitions des personnages et retarde le dévoilement du mystère. C'est très brillant mais la magie s'évapore un peu trop vite.


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critiques presse (4)
Lexpress
04 juillet 2022
Jour après jour, le duo remporte un succès grandissant jusqu'à constituer le clou de la soirée. Ronnie et Evie doivent se marier dès la saison terminée, mais l'on comprend vite qu'il n'en sera rien... Si Ronnie fait apparaître colombes et perroquets, Graham Swift, autre magicien, dévoile, par fines touches, les pans de vie de ces artistes de l'inutile.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaCroix
06 avril 2021
Évoquant avec nostalgie les spectacles de magie des plages de son enfance, Graham Swift poursuit son récit de l’Angleterre contemporaine à travers l’histoire d’un trio amoureux.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
15 février 2021
L’écrivain s’est imposé doucement mais sûrement, en quatre décennies, comme le maître de l’expression de la sensibilité anglaise en littérature. La parution d’un nouveau roman, « Le Grand Jeu », est l’occasion de vérifier comment.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
21 janvier 2021
L'écrivain britannique propose ici un roman savamment composé et éblouissant. Le lecteur suit le récit, comme hypnotisé, tiraillé entre l'envie de connaître le dénouement et l'intuition que le spectacle ne finira jamais.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Le badge à son cour indiquait le lieu d’où il venait et celui où on l’envoyait. Et, bien sûr, qui il était. Encore qu’il lui ait semblé durant ce déplacement, ce bouleversement général de leurs vies, que même son identité était devenue incertaine.
Il n’avait aucune idée précise de sa destination. « L’Oxfordshire. » Où était-ce ? Et l’adresse ne commençait pas, contrairement à la plupart des adresses, par un numéro de rue mais par un nom déconcertant : « Evergrene ». Il était avancé !
Il lui fallut du temps pour qu’un détail le frappe – les mots pouvaient avoir une façon de vous glisser entre les doigts, puis soudain de vous parler. Evergrene : ce nom rimait discrètement avec le sien. Deane, comme avec son lieu de naissance. Bethnal Green. Un signe encourageant ou un mauvais présage ? Alors qu’il penchait pour cette dernière hypothèse, la peur remplaça peu à peu le chagrin.
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Une partie du public se mettait à crier : « Où est Jack ?! Où est Jack ? ! » Bon, c’était son vrai prénom, alors duquel parlaient-ils ? « Où est Jack ?! » Foutue engeance !
Certains, les machinistes, l’apercevant debout et immobile dans les coulisses, pensaient qu’il faisait juste durer le plaisir.
Et ça le reprend ! Ils ne voyaient pas que c’était l’un de ces soirs où il n’y avait pas seulement un pas à faire, il fallait se jeter du haut de la falaise, et il était malade de confusion et de terreur. Sans personne pour le pousser. Sauf lui-même, bien sûr. Ou naguère, sa mère, qui avait décampé voilà longtemps avec un garagiste.

(…) Et soudain le miracle se produisait. Comment ? Il faisait un pas dans le vide, mais il était encore là. Il ne tombait pas de la falaise. Il y avait le flot de lumière des projecteurs et puis, simplement parce qu’il l’avait fait, semblait-il, parce qu’il s’était avancé, un tonnerre d’applaudissements.
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Il s’asseyait. Il regardait, et peut-être se demandait-il avec les autres spectateurs comment on faisait ces tours de magie. Mais en réalité ce n’était pas Ronnie – ou Pablo – qu’il regardait. Bien sûr que non. Là, au fond de la salle, il faisait et ne faisait pas partie du public. Il était et n’était pas Jack Robinson. Il n’était pas même Jack Robbins.
Dans la pénombre, ni au sein du public, ni en dehors, il percevait parfois les insuffisances, les artifices de ce somptueux temple du divertissement. Somptueux ? Si vous aviez rallumé toutes les lampes, vous auriez vite vu, il le savait, combien tout était délabré, miteux, trompeur. Combien tout tenait à une certaine disposition d’esprit. Parfois, couverts par le bruit des spectateurs qui s’agitaient et retenaient leur souffle, il croyait entendre les grincements et les plaintes de la jetée même, pareille à un immense paquebot en train de couler. Mais sans doute était-ce lui qui sombrait.
Pourquoi ces incursions furtives ? Juste pour se rendre compte par lui-même, pour prendre la température sans tout le dispositif des coulisses ? Pour jouer les espions et rapporter ce qu’il avait vu ? Bien sûr que non. Il avait simplement besoin de la regarder, elle, incognito. Oubliés, « Pablo et Eve ». Oublié, Pablo ; oublié, Ronnie. Et même leurs tours de magie.
Il n’y avait qu’elle.
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Or qu’y a-t-il de plus extraordinaire : que les magiciens puissent transformer une chose en une autre, même faire disparaître et réapparaître les gens, ou que les gens puissent être présents un jour – ou, tellement présents – et plus le lendemain ? A tout jamais.
Elle aurait pu dire ce genre de choses lors du déjeuner avec Georges, mais elle ne le fit pas. Et George aurait pu l’écouter et répondre : » Eh bien, Evie, voilà qui demande réflexion. »
Toutes choses étant relatives.
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Ecoute-moi, George, puisqu’on est là pour honorer la mémoire de ce vieux Jack, qu’y a-t-il de plus extraordinaire : que les acteurs se transforment en ces autres personnes – comment diable s’y prennent-ils ? - ou que les gens deviennent de toute façon ce qu’on n’aurait jamais pensé qu’ils puissent être ? Evie White. Danseuse de revue. Bête de scène. Toujours prête, au fond. Et même ancienne assistante d’un magicien. Mais, comme la suite le montra, femme d’affaires intraitable qui avait l’œil à tout.
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Vidéo de Graham Swift
Bande annonce VO du film "Mothering sunday" adaptation du roman de Graham Swift, paru en francais sous le titre "Le dimanche des meres"
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