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Critique de CaroGalmard


Ouvrez ce livre, ouvrez la porte. Derrière, se cache un magnifique roman et le portrait d'une femme étonnante : Emerence.
Non elle n'a pas sauvé le monde. Non ce n'est pas une chirurgienne de renom ou une avocate qui défend les faibles. C'est une domestique. Sa fonction est essentielle : ses gestes, ses actions quotidiennes adoucissent les difficultés du quotidien de ceux pour qui elle travaille. Mais c'est aussi un personnage extrêmement libre. Elle choisit ses missions. Elle choisit d'ouvrir ou de fermer les portes sur sa vie, par pudeur. C'est sa plus grande force et sa fragilité majeure. Ce qu'elle choisit, elle s'y investit toute entière. Alors quand les autres n'entrent pas dans la même dynamique, ou ne prennent pas la mesure de son investissement c'est le drame. Pas qu'elle soit vaniteuse ou cherche les compliments. Non. Emerence elle est entière et c'est le reste du monde qui doit se plier à ses choix, qui peuvent être jusqu'au-boutistes, comme ceux de Brand le personnage de Ibsen. C'est un roc Emerence.
Ce roman c'est aussi la relation particulière qui lie Emerence à une de ses employeuse : l'auteure et narratrice. Celle-ci décrypte et décortique ces années où leurs vies se sont mêlées, entremêlées. Ces portes qu'elles ont parfois franchies, pour le bien ou aux risques et périls de l'une ou l'autre. La frontière est mince et mouvante quand il s'agit de partager une intimité forgée au fil du temps. Les dissonances naissent malgré ou à cause des années, quand Emerence ou l'autrice franchit la ligne, quand l'aide sincère s'apparente à l'ingérence.
C'est d'une grande finesse. C'est beau comme un tableau flamand : ce clair-obscur entre les deux femmes. La jeune écrivaine débordée, délicate et la femme âgée toujours en action, dure comme un roc, qui parait immuable.
Il se dégage de se roman un charme indéfinissable, comme une maison ancienne dont on imagine les secrets des heures fastes.
Alors faut-il le lire ? Oui. Très bel ouvrage de la littérature hongroise.
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