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sur 1328 notes
Superbe roman autobiographique de l'écrivaine hongroise, qui relate avec pudeur et émotion l'étrange relation, faite d'attraction et de répulsion, qui s'est créée entre elle et sa femme de ménage, l'énigmatique Emerence.

Tout repose sur la personnalité de cette femme très particulière, au passé complexe, dont elle ne livre que des bribes , différents en fonction de son interlocuteur, de telle sorte que chacun n'a qu'une compréhension partielle de sa vie , et de ce qu'elle est.

Elle ne passe pas inaperçue Emerence, et ne laisse personne indifférent. Elle sait construire un mystère autour d'elle, par les lacunes de son passé, mais aussi avec cette porte , close à tous sans exception, et dont les critères d'ouverture posthume sont très restrictifs.

Autant dire que la vie quotidienne n'est pas simplifiée par la présence de l'employée fantasque. L'écrivaine est loin de contrôler les événements. Pire, ses tentatives pour apprivoiser la vieille femme sont autant de camouflets en retour. D'autant que ce couple conflictuel est complété par un intrus à quatre pattes.

Regrets, remords, culpabilité, liés à la trahison nécessaire, colère, exaspération face à la pugnacité d'Emergence, admiration aussi, impossible à exprimer , toute une gamme de sentiments contradictoires que peut inspirer une telle personnalité sont déclinés avec justesse. Un kaléidoscope : c'est vraiment l'image que m'évoque Emerence, variable au fil du temps, et c'est cette image mouvante qui force l'admiration.

Ce qui frappe dans cette histoire qui semble relatée avec sincérité, c'est la qualité de l'écriture (une grosse frayeur cependant dans la première page, où trône une faute de syntaxe conséquente qui fait craindre pour la suite, mais qui se révèle heureusement isolée, et est vraisemblablement liée à la traduction). Belles constructions de phrases, lexique riche, allusions discrètes à, la situation politique de la Hongrie du début du vingtième siècle, tout concourt à une impression globale d'authenticité.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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❤️Prix Femina étranger 2003
Magda Szabó, écrivaine hongroise célèbre, relate dans ce très beau roman son intrigante relation avec sa gouvernante Emerence et dresse un portrait de femme fascinant.
Emerence fait partie de ces êtres énigmatiques et insaisissables qui vous marquent.
C'est le récit lancinant d'une écrivaine devenue obsessionnelle envers cette femme charismatique et mystérieuse aux idées affranchies de tout carcan et de toute bien-pensance. Cette dame âgée à la vivacité remarquable, camouflée sous des vêtements et un foulard occultants, exerce sur sa patronne un pouvoir hypnotique et contrôlant.
Après l'avoir embauchée non sans quelques réserves, Magda va nouer au fil des années avec Emerence un lien étrange et ambivalent fait d'attirance et de rejet. Avec ses disparitions temporaires, ses non-dits, ses réponses évasives la communication est difficile.
Et puis il y a la porte, toujours close. Celle du logement d' Emerence, limite infranchissable, mur de protection de sa « cité interdite ». Quels secrets cache-t-elle?
L'envoûtante gouvernante s'y isole fréquemment et au gré de ses humeurs.
Cette « ombre fugitive » est pourtant appréciée pour ses qualités d'écoute et possède un pouvoir apaisant.
Une autre porte, blindée celle-là, semble plus inaccessible encore : celle des apparences.
Paraissant inébranlable la seule faille qu'elle ne parvient à masquer est sa peur phobique des orages. On comprendra pourquoi au fil du récit lorsqu'elle se livrera sur son passé tragique. Elle a peu de conscience patriotique et politique « son esprit lumineux scintille, mais dans le brouillard » sa compassion est universelle défendant aussi bien le pourchassé que l'agresseur, sa miséricorde est inconditionnelle.
Un soir d'orage la domestique concède l'ouverture de la fameuse porte interdite, Magda pénètre alors « à pas incertains dans un noir d'encre » dans la zone défendue vers une lumière éclairant une partie de ses mystères.
Ce qu'elle calfeutre presque maladivement sera peu à peu révélé jusqu'à l'explosion du verrou à la hache livrant tous ses secrets en pâture au public, dans une déchirante et cauchemardesque scène finale.
Envoûtant❤️
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La narratrice et son mari sont écrivains, ils vivent dans un immeuble à appartements, à Budapest. La narratrice cherchant une femme de ménage, quelqu'un lui conseille Emerence, une concierge. Celle-ci, plus âgée, réserve sa réponse et, au bout d'une semaine accepte la place tout en posant ses conditions. Emerence a le don de souffler le chaud et le froid dans les relations qu'elle entretient avec les autres et, particulièrement, avec la narratrice. Emerence restera au service de la narratrice pendant plus de vingt ans. Emerence est très secrète, personne n'entre chez elle sauf, un jour, anticipant sa mort, elle ouvrira sa porte à la narratrice.
D'une très belle écriture, Magda Szabo offre au lecteur un roman intimiste et psychologique de qualité.
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Un livre est toujours une porte vers l'inconnu, vers l'imaginaire, vers les rêves.

Dans ce roman autobiographique, situé en Hongrie au début du siècle, le jeu de miroir romanesque entre réalité et fiction s'avère habile et fascinant.
Il y a dans la trame de ce roman psychologique une musique lancinante et une brume mélancolique. C'est une histoire poignante, d'une lenteur obsédante.

Intimiste, Magda Szabo relate avec fureur ou avec une infinie douceur les états émotionnels des personnages. Elle creuse pour extraire l'essence des relations humaines et ses complexités et essayer de comprendre l'amour/haine qui lie et sépare à la fois les êtres. Elle mesure les mouvements compliqués de l'âme humaine et veut prouver qu'au bout d'un cheminement douloureux, fait d'abnégations et de destructions, la perspective d'un fragile apaisement émerge toujours.

Toute relation humaine est remplie d'ambiguïtés. Seuls ceux qui nous sont proches peuvent nous faire du mal et nous ne connaîtrons jamais l'origine profonde et cachée des blessures qui ont marqué à jamais le coeur et l'esprit de ceux qui nous entourent.
Les sentiments et le passé peuvent jaillir sans crier gare, provocant des étincelles.

Derrière la porte de nos apparences, qui sommes-nous véritablement ?
Que cachons-nous ?
Qui voulons-nous tenir à l'abri des regards ?

La dernière page tournée il en reste des questions, mais les réponses comptent moins que le flux poétique de cet ensemble aussi beau que déroutant.


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Emerence est concierge d'un immeuble dans une ville de Hongrie. C'est une vieille dame très courageuse, toujours en train de travailler.
Elle parle avec beaucoup de monde dont un policier important mais jamais personne ne rentre chez elle.
"La porte" est fermée au sens propre comme au sens figuré.
Tout cela nous le savons par l'intermédiaire de sa patronne, une écrivaine qui nous raconte le personnage très particulier d'Emerence avec ses moments d'attirance et ses moments de répulsion ou de méfiance.
Emerence est une femme qui a beaucoup souffert dans son enfance, notamment lors d'un orage où elle a perdu des êtres chers.
L'auteure, Magda Szabo s'est inspirée d'une gouvernante qui travaillait dans sa maison pour dresser le portrait de cette étrange dame.
A plusieurs reprises, la voyant atteinte de névroses incontrôlables, je l'ai imaginée profitant des bons soins de Sigmund Freud car le récit se situe au début du vingtième siècle.
Un roman très bien écrit, qui fait froid dans le dos et qui m'a fait éprouver beaucoup d'empathie pour Emerence qui sait qu'elle est capable de maladresses et de violences et les répare comme elle peut, à sa façon.
Quand on a lu le livre et même avant la fin, on comprend le symbole que représente "la porte". Emerence ne veut pas qu'on rentre dans son monde intérieur plein de noeuds.
L'écriture est magnifique et ne souffre pas du tout de la traduction.
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Magda Szabo est une auteure hongroise que j'ai découverte récemment et tous ses romans que j'ai lus m'ont plu. Son plus connu, La porte, ne fait pas exception. Sur le coup, je ne l'ai pas trouvé exceptionnel mais, plus le temps passe – il continue à m'habiter plusieurs jours après ma lecture –, plus il me laisse une bonne impression. Je me rappelle que ce fut également le cas avec les autres romans de l'auteure. Quel talent !

Dans La porte, la narratrice est une écrivaine (un double de Szabo ?). Elle et son mari se cherchent une femme de ménage et on lui recommande la concierge d'un immeuble voisin. C'est alors qu'Emerence Szeredas fait son entrée dans leur vie. Et quelle entrée ! C'est que cette domestique travaille bien là où elle le veut et pour le prix qui lui convient. Très rapidement, la narratrice se rend compte que, l'entrevue, c'est l'autre qui la mène. « -Je ne lave pas le linge sale de n'importe qui, dit Emerence. » (p. 14) Un peu plus et ses services constituent une faveur…

Ainsi, La porte est un des plus beaux portraits qu'il m'ait été donné de lire. Et pourtant, on est loin des jeunes et jolies femmes de la littérature ! Vieille femme de ménage illetrée, mais encore en pleine possession de ses moyens, Emerence est forte de corps (j'adore la comparaison « telle une Walkyrie ») comme de tête, intransigeante et farouchement indépendante. Elle soulève les passions, dans un sens comme dans l'autre : ses employeurs sont satisfaits de ses services mais ses voisins détestent ses chats qui tuent les pigeons.

Mais Emerence est surtout secrète. À une ou deux exceptions, dont le lieutenant-colonnel et son neveu, personne n'a jamais franchi la porte de son appartement. Que peut-elle bien garder jalousement ? J'adore les mystères. Quoiqu'il en soi, la narratrice gagne peu à peu le respect, la confiance et l'estime de son employée. Mais parfois un pas en avant deux pas en arrière. Leur relation d'une durée de près de vingt ans est ponctuée par des confidences sans lendemain (le passé de la domestique est incroyable) et des malentendus déplorables.

C'est presque une relation amour-haine. La narratrice, forte de ses succès malgré les nombreuses rebuffades, essaie d'apprivoiser cette domestique qui ne laisse personne envahir son intimité. C'est fascinant de voir évoluer cette relation – du moins pendant un moment. Et que font les hommes pendant tout ce temps ? Très peu, ils restent en retrait. Comme dans d'autres romans de Magda Szabo, les femmes occupent le premier plan.

Toutefois, aussi intéressante que soit cette relation inusitée (le mot amitié me semble un peu fort) entre la narratrice et Emerence, je commençais à m'en lasser un tantinet. Surtout passé le deuxième tiers, je lui trouvais quelques longueurs. Puis, d'un coup, l'intrigue part dans tous les sens : Emerence tombe malade, un incendie se déclare, les voisins ne savent plus où donner de la tête, la narratrice est invitée à recevoir un prix en Grèce. Ouf ! Fort heureusement, la finale est venue tout ramasser et clore l'histoire comme elle le méritait. Bravo !
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Dans ce récit autobiographique, Magda Szabo nous raconte comment elle a rencontré Emerence, qu'elle a embauchée sur les conseils d'une amie pour faire le ménage, la cuisine chez elle. La première rencontre donne déjà le ton : Emerence a une stature imposante : elle a soigné son entrée solennelle, vêtue d'une robe grise, à manches longues, tout aussi austère que sa personnalité, les cheveux dissimulés sous un foulard qui ne la quitte jamais.

En fait, c'est elle qui va décider si elle accepte ou non l'emploi et dicter ses propres conditions, ses horaires qui seront on ne peut plus fantaisistes…

Une drôle de relation s'installe entre les deux femmes : Emerence méprise le travail d'écrivain de sa patronne, car pour elle, seul compte le travail manuel, physique. Elle dit régulièrement qu'il y a d'un côté les hommes qui balaient et les autres.

C'est elle qui finalement va régenter la maison, avec une austérité, et un caractère bien trempé, même le chien du couple dont elle a choisi le nom Viola, va la reconnaître comme maîtresse…

On comprend très vite que son côté « brut de décoffrage » est liée à une vie extrêmement difficile : un drame est survenu dans son enfance qui va provoquer des dégâts importants. Son père, charpentier, (comme le Christ) mais aussi ébéniste, meurt jeune. Son grand frère va être confié au grand-père, et elle sera finalement « vendue » comme femme à tout faire, à l'âge de treize ans…

Emerence a traversé l'Histoire : la Seconde Guerre Mondiale, la persécution des juifs, puis le régime communiste, mais elle livre très peu de choses sur sa vie, elle ferme son passé à double tour comme la porte de sa maison, dans laquelle personne n'est autorisé à entrer.

Elle a son groupe d'amies sur lequel elle règne aussi, abat un travail considérable, malgré son âge, passe ses hivers à déblayer la neige devant toutes les portes, de la rue, quand elle en a terminé avec la dernière, il faut recommencer, soulève des meubles aussi grands qu'elle.

Bien-sûr cette relation entre les deux femmes, paraît toxique de prime abord, car Emerence est souvent dans la maltraitance, vis-à-vis de sa patronne, comme du chien qui pourtant lui voue une véritable adoration, et seul l'époux qu'elle appelle « le Maître » mérite sa considération. En fait, le lien qui se tisse entre les deux femmes est beaucoup plus complexe…. en outre, on sait dès le départ qu'elle va se terminer de manière tragique.

J'ai beaucoup aimé ce roman, les personnages, le style de narration, les références à l'Histoire de la Hongrie, les révoltes sous la férule de l'Empereur d'Autriche, les dictateurs qui se sont succédés, le régime communiste… Je connais un peu l'Histoire de ce pays, et l'auteure, qui a fait, entre autres, des études d'Histoire m'a donné envie d'approfondir…

J'ai trouvé le style de narration original : le premier et le dernier chapitre s'appellent la porte et se répondent… l'écriture est belle…

Ce roman m'a énormément plu, c'est presque un coup de coeur et m'a donné envie de connaître davantage cette auteure : « Abigaël » et « La ballade d'Isa » notamment.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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La littérature hongroise est d'approche difficile :  peu d'auteurs contemporains accessibles et parmi ceux du vingtième siècle, on connait surtout l'excellent Sandor Màrai mais dont les romans sont exigeants pour le lecteur : en bref: il faut s'accrocher ...

Dans la Porte ,Magda Sazbo nous fait découvrir une femme au caractère entier, Emerence, gardienne de plusieurs immeubles et sa femme de ménage . 

C'est elle qui dicte ses conditions à ses clients, en premier lieu si elle accepte de travailler chez eux après les avoir jaugés , ses heures de travail et même sa rémunération : le monde à l'envers ... 

Farouche, intransigeante, Emerence choisit aussi à qui elle fait confiance et peu à peu une relation d'estime puis d'amour quasi filial s'installe entre elle et Magda , la seule qui pourra entrouvrir un peu  la Porte .

Roman surprenant , beaucoup plus profond que le simple résumé auquel il semble être réduit , une critique masquée sur le régime communiste qui a fermé de l'intérieur , pendant de nombreuses années, la porte de la Hongrie et sur les mystères des relations humaines , l'ascendant que certains individus peuvent exercer sur leur entourage et puis pour aller plus en profondeur dans le personnage d'Emerence, sa notion de la dignité qu'elle s' applique d'abord à elle-même jusqu'à en devenir un obstacle à son bien-être et à l'harmonie de ses relations avec les autres lorsque le code de l'honneur qu'elle s'est imposé est bafoué ou trahi .

Pour moi, la porte de la littérature hongroise s'est  ouverte avec bonheur . 
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A l'instant où je m'apprêtais à rédiger ce commentaire de lecture je jetai un dernier coup d'oeil à ma boite à courriels. Voyelles.. consommes, puis de touches en suspension, de syllabes en attente, à traiter, à classer, suppression, ….le livre reposait à ma gauche.
Et puis soudain ce poème de René Char. Venu des méandres d'une mémoire, d'une lecture.
Je dus le relire trois fois. Trois fois pour faire le lien avec le roman de Magda Sazabo , « la porte ».
Un texte c'est toujours une porte. Un poème est un texte. Porter son regard sur les mots c'est toujours donner passage. Donner passage c'est le rendre, c'est engager un témoignage de parole.
C'est se diriger au-delà. du lieu, des autres, et de soi.
Lecteurs, nous sommes des survivants. Nous sommes ce qui reste au présent, après que la dernière des pages ait été tournée.
Un livre c'est une vie. Même fugace, même courte, étrange, différente, ou même identique, un livre c'est une vie. Une vie de village, de labeur, une vie de chien, une vie de quartier, une vie de gamelles, de fichus, de trottoirs , d'escalier, de regards, de soupirs, et de bouts de ficelle.
De tous ces livres dans lesquels nous entrons et ressortons, nous en sommes les sur-vivants. . Est ce là notre commune présence dont parlait René Char ?

« tu es pressé d'écrire
comme si tu étais en retard sur la vie
s'il en est ainsi fais cortège à tes sources
hâte-toi
hâte-toi de transmettre ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance
effectivement tu es en retard sur la vie
la vie inexprimable
la seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir
celle qui t'es refusée chaque jour par les êtres et par les choses
dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
au bout de combats sans merci
hors d'elle tout n'est qu'agonie soumise fin grossière
si tu rencontres la mort durant ton labeur
reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride
en t'inclinant
si tu veux rire
offre ta soumission
jamais tes armes
tu as été créé pour des moments peu communs
modifie-toi disparais sans regret
au gré de la rigueur suave
quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
sans interruption
sans égarement
 
essaime la poussière
nul ne décèlera votre union. ».
extrait de Commune présence, in Le Marteau sans maître (1934-1935)éditions Corti José

Je découvre une toute petite part de l'univers de Magda Szabo, un entre filet, un rai de lumière.
Et déjà cela suffit pour que s'imprime en moi l'image de cette femme Emerence, l'image de cet immeuble, de cette rue de Budapest, de ces habitants. C'est un talent que de rendre une histoire traversière, à travers temps, à travers porte, à travers chair, ...c'est un talent que Magda Szabo possède.
« La porte » c'est une histoire d'amour, d'amitié entre deux femmes, entre deux mondes.
Une histoire d'honneur, de fierté, de bonté, de paroles rudes et fortes.
C'est l'histoire d'un manque, d'une empreinte, celle de ce que le tumulte du monde pousse devant notre porte.
Ce que l'orage emporte, ce que l'hiver vous offre , ce qu'une âme vous donne.
C'est un roman comme un velours. Un velours auquel on tient.
Un velours au parfum qui vous entraîne doucement, tout au fond de votre coeur, là juste en face de chez vous. Un morceau de velours dans lequel est enveloppé tout ce qui vous tiendra pour le reste de votre route éveillé  : un jour, un matin, l'odeur d'un plat, un mot, un prénom, une pensée.
Juste en face , à dire vrai, ce n'est pas loin, c'est juste la porte à côté.
Mais encore faut-il prendre le temps, y songer, y penser, ouvrir votre porte et traverser.
J'ai infiniment aimé ce roman.
Ce livre a son secret. Je peux en témoigner .
Alors... ouvrez « la porte », et vous comprendrez.

Traduction du hongrois par Chantal Philippe.
Astrid Shriqui Garain


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En décidant de lire ce livre,je ne m'attendais pas à un tel enthousiasme de ma part,et pourtant,c'est vraiment un très bel ouvrage.
Bien sûr,on sait des le début qu'Emerence est morte,mais tuée par la narratrice,voilà qui est etrange.Et nous voilà partis pour un long portrait,realise à travers ses actions,de cette vieille dame qui,au service de la narratrice,va se montrer etrange,dévouée, pittoresque,colerique,insupportable parfois,attachante toujours.Les deux personnages vont se jauger,se heurter,s'admirer,se détester,s'adorer....L'ambiguïté de leur relation courra tout au long du roman,alimentée par la présence non dénuée d'intérêt de Viola,le chien.
Il faudra du temps,beaucoup de temps à la narratrice pour pousser "La Porte"
Et puis il y a aussi les personnages secondaires,les gens du quartier,notamment dont le rôle n'est pas à mesestimer.Ajoutons quelques legeres touches sur la vie à Budapest à cette époque et,surtout,une bien belle reflexion sur la vieillesse,la fin de vie et la solidarité,la culpabilité de ceux qui restent.
L'auteure est une artiste,en témoigne ce portrait de cette vieille dame,un portrait dont chaque touche fait mouche.Ce livre est un bonheur,un hymne à la vie,à l'amour,à l'inévitable passage du temps et c'est très émouvant.
Le style fait que les phrases et l'histoire glissent avec grâce entre nos doigts.
Pour moi,un gros coup de coeur.



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