Thiephaine G. Szuter nous livre ici deux nouvelles sorties de son imagination.
Caucasus.
La première,
Caucasus, met en scène une équipe de divers spécialistes, qui se retrouve bon gré, mal gré, et même un peu forcé, dans une grotte où semble-t-il, des restes de civilisation humaine ont été découverts.
D'inspiration "lovecraftienne", cette nouvelle brille surtout vers la fin. Les dialogues s'amenuisent de plus en plus, pour être remplacé par des descriptions riches et détaillées de l'environnement, et des événements se produisant sans pour autant être barbant. Cette façon de faire n'est pas sans rappeler la façon de faire du maître de l'horreur cosmique, sans, cette fois-ci, souffrir de longues phrases interminables.
De plus, l'une des qualités évidentes de cette nouvelle est la culture et le savoir de l'auteur qu'il distribue sans en être avare. Je pense par exemple à l'histoire de la "Pelle du Sphinx", l'existence même du "Pseudo-Apollodore" que j'ignorais complétement, des pyramides de Bosnie, etc. Je vous laisse la surprise, pour savoir de quoi il en découle, et bien, il faudra lire
Caucasus.
L'oeuvre bénéficie en plus d'une fin pouvant être vue comme rationaliste, comme c'est bien souvent le cas lorsqu'on touche à l'horreur indicible et ineffable.
Si je devais par contre donner un "mauvais point", il irait sans doute à un trop grand nombre de personnages introduits bien trop vite pour le rythme d'une nouvelle. Boris ? Katalyna ? C'est qui, déjà ? J'ai dû faire quelques aller-retours pour me rappeler de leur profession lorsqu'elle n'était pas mentionnée, mais c'est vraiment du chipotage et plus en rapport avec mes propres goûts.
C'est toutefois justifié par la nature du récit et son contexte. Heureusement,
Tiephaine G. Szuter semble s'en être rendu compte et au final, nous ne suivons réellement que le parcours d'Oleg.
On
lui pardonnera donc très facilement cette "erreur" qui n'en est pas réellement une, et plus un choix narratif, d'autant plus qu'il s'agit là de la première nouvelle de l'auteur si je me souviens bien.
Le Tertre.
J'ai moins de choses à dire sur cette seconde nouvelle, qui est plus courte que la précédente (une vingtaine/trentaine de pages), mais je la trouve aussi très bonne. Je m'attendais pour le coup à un récit autobiographique (et j'espère très sincèrement que ça ne l'est pas vu la tournure haha ), et si on se base toujours sur
Lovecraft... Et bien, le style d'écriture est encore plus proche, alors que paradoxalement, l'horreur ici est "visible". Il serait criminel de dévoiler l'intrigue, je dirai simplement que je ne m'attendais pas du tout à ça.
Verdict, je recommande, et je suivrai la carrière de l'auteur avec un intérêt certain, en attendant de mettre la main sur ses autres écrits.
[Note: Entre 7,5 et 8,5/10, il faut que ça décante un peu]