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Critique de Nastie92


Une bd du mangaka Jirô Taniguchi ? Voilà qui promet d'être original. Et ça l'est.
L'auteur explique dans la préface ce qui l'a conduit à créer cet album.
Baignant depuis longtemps dans l'univers du manga japonais, il découvre les comics américains et les bandes dessinées européennes : il est aussitôt conquis, et voici ce qu'il dit : "j'avais envie de créer moi aussi une oeuvre dans ce style qui m'enthousiasmait tant. La BD a bien sûr une tradition et des usages propres, mais en introduisant son style dans le mode d'expression qu'est le manga, en les combinant, j'avais l'espoir que pourrait naître une forme d'expression nouvelle."
On comprend que, pour un artiste, la perspective de créer un nouveau genre soit exaltante ; Taniguchi s'est donc lancé.
Je trouve l'essai plutôt réussi, et cet album est original, ni tout à fait une bd, ni tout à fait un manga, une sorte d'hybride.
L'histoire est courte, assez touchante, et mêle réel et imaginaire. Des lieux, des personnages (humains et mythiques) sont mélangés, et le tout donne quelque chose d'étrange, dans une atmosphère générale un peu diffuse : on se croirait dans un rêve.
On retrouve la qualité des dessins que l'on connaît chez Taniguchi, mais ici les traits sont plus nets, plus marqués. Les couleurs sont très belles et soulignent l'atmosphère à la fois triste et un peu surnaturelle de l'album.
On retrouve également la passion de l'auteur pour la montagne, dont il fait ici non seulement le lieu, mais un personnage principal de l'histoire. Il explique, dans l'interview qui conclut le livre, qu'il a vécu enfant au pied du mont Oyama, et que de là vient certainement sa fascination pour les sommets.
Cette interview, menée par Stéphane et Muriel Barbery, est très intéressante. Taniguchi y explique le travail qu'il a fait sur cet album, et l'on découvre des traits de sa personnalité qui expliquent certains aspects de son oeuvre. Notamment le fait que ses albums soient généralement doux, mais d'une douceur liée à une certaine forme de tristesse. Il dit : "La mélancolie me semble être une sorte de remède pour équilibrer l'esprit. Si, comme vous le dites, la mélancolie a à voir avec la sensation d'impermanence, je trouve cela très beau ou plutôt c'est ce qui, dans les sentiments humains, me semble le plus subtil, le plus insaisissable, et sans doute le plus précieux." Pour ajouter un peu plus loin qu'il y voit "un état nécessaire qui porte à la réflexion et au calme." Et de conclure : "Une euphorie permanente serait trop fatigante."
Si le coeur vous en dit, faites une petite balade dans cette montagne magique. Vous vivrez un petit moment triste et doux, un peu hors du temps. Un tout petit moment, comme dans un rêve.
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