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Critique de Amakir


Davantage un beau livre illustré qu'une bande-dessinée, "C'était la guerre des tranchées, 1914-1918" immortalise plusieurs récits poignants ayant pour unique fil conducteur des vies enchaînées qui ne tiennent qu'à un lacet.

L'absurdité de la guerre explose en plein ciel dans les estampes sombres et angoissantes de Tardi. Des dessins d'un réalisme troublant qui m'ont rongé les os.

Chaque histoire est différente, chaque personnage apporte sa terreur et ses angoisses. Des tranches de vie pour des vies tranchées. Une peur qui suinte au travers de toutes les esquisses.
Pas de héros, un seul cri à l'unisson, un râle agonisant.

Une injustice bien au-delà de l'acceptable. Des femmes qui dans les usines préparaient l'artillerie pour verser la sève encore chaude des hommes dans la boue visqueuse et glacée. De la chair à canon.

"Je te veux en vie pour toujours à moi seule. C'est ignoble tout ce temps perdu donné à la guerre et à la mort alors que nous pourrions vivre heureux même pauvres. C'est peut-être parce qu'on est pauvre que la guerre est pour nous..."

À la fin du livre, Tardi nous propose plusieurs planches et travaux d'une grande précision. Quelques tableaux en couleurs, perdus dans le monochrome, ajoutent une crudité bouleversante à l'horreur fortement palpable.
Le noir et blanc omniprésent crache son venin, telle l'absolue dualité.
J'aime particulièrement les parties estompées et étalées au fusain, comme de la poudre à canon.

"Un jour sinistré se levait sur la guerre et la boue. Faucheux semblait avoir été absorbé par la nuit qui ne le rendait pas."

Tous ces frères, ces pères et enfants partis la fleur au fusil, desinformés puis enlisés, ont saigné leurs tripes pour la République Française. Rouge France. Une cruauté épargnant aucun être vivant, hommes et animaux malheureuses victimes d'un système pourri jusqu'aux boyaux.
Un océan plasma recouvre une France gorgée de pleurs et de désespoir.
D'aucuns n'en reviendront vifs. Des âmes consumées à jamais éteintes.
"Mort PAR la France"

"France, soit fière de ton piou-piou, car il t'aime d'amour fou, pour lui c'est un délice de t'offrir sa vie en sacrifice... Vivement l'armistice !"

Lu en mars 2020

🎵 Voilà combien de jours, voilà combien de nuits...
Voilà combien de temps que tu es reparti !
Tu m'as dit ;
Cette fois, c'est le dernier voyage,
Pour nos coeurs déchirés, c'est le dernier naufrage.
Au printemps, tu verras, je serai de retour.
Le printemps, c'est joli, pour se parler d'amour,
Nous irons voir ensemble les jardins refleuris,
(Je n'ai pas la vertu des femmes de marins.)
Et déambulerons dans les rues de Paris !

Dis !
Quand reviendras-tu ?
Dis ! au moins le sais-tu ?
Que tout le temps qui passe
Ne se rattrape guère...
Que tout le temps perdu
Ne se rattrape plus ! 🎵

Barbara. Dis, quand reviendras-tu ?
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