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Critique de DOMS


Dans la vie de la narratrice, deux mondes disparaissent. Celui de la douceur de vivre, de l'enfance, du cocon qui protège, avec la vente inéluctable de la maison familiale, refuge de toute la famille depuis plusieurs décennies mais que plus personne n'a les moyens de conserver.
Fin d'un autre monde, celui d'un pays, d'une ville dans lesquels on circule sereinement, loin de bombes, de la mort, des attentats, mais qui sera plongée dans l'horreur et la stupéfaction après les attentats de l'année 2015.
Janvier 2015, Charlie Hebdo, hyper casher, plus jamais la vie et la ville ne seront vécues comme avant. Marcher paisiblement, prendre le métro, aller chercher ses enfants à l'école, faire ses courses dans le supermarché du coin, fut-il casher ou pas, prendre un verre avec des amis en terrasse, ou aller au concert, autant d'actes anodins qui font la vie de chaque jour, mais que la haine et la bêtise ont rendus si précieux et si rares, car tout peut s'arrêter, un instant on vit, l'instant d'après on n'est plus… C'est bref et terrible, et la compréhension de cet état de fait met la narratrice dans une posture de vertige, en perte de repère, comme si elle tombait dans un puits sans fin. Incapable de reprendre son équilibre, de vivre chaque moment, chaque instant, sans penser à sa finalité inéluctable, alors justement qu'en elle pousse la vie, celle de ce fils qu'elle mettra au monde au cours de cette année terrible.
Dans l'alternance des chapitres, il y a ceux qui évoquent le massacre, avec des phrases de plusieurs pages, aux mots répétés, au phrasé court ponctué simplement de virgules, comme une respiration impossible à trouver, qui montre bien l'état de vertige que l'on ressent alors, la perte d'équilibre, l'impression de tomber sans pouvoir se retenir, sans s'arrêter. Et il y a ceux qui racontent la maison familiale, la famille elle-même, les grands-parents, l'enfance, les souvenirs heureux d'étés fulgurants de bonheur, puis la mort de la mère, et l'après, la maison avec les amis, cette famille que l'on se choisit. Les souvenirs d'un parfum, d'un fruit, d'une musique, démontrent la beauté de ces instants qu'il faut savourer jusqu'au dernier, mais qu'on laisse si souvent passer sans les apprécier à leur juste valeur. Étrange roman qui tendrait plus de la réflexion intime que de la romance, qui montre la complexité des réactions face à l'horreur, celle qui nous frappe encore, à l'aveugle en cet été 2016, et que l'on a tant de mal à simplement appréhender. Assurément un roman fort, qui nous marque, car il est si proche de nos propres interrogations et qu'il verbalise nos craintes les plus intimes.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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