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Critique de dannso


Le 17 mars 2020, la France entrait en confinement pour faire obstacle à une maladie alors peu connue, la Covid. Ce même jour, Adam, quatre ans et demi, le fils de Laurence Tardieu entrait à l'hôpital.
La France était en guerre contre ce virus inconnu, Adam et sa famille entamait la leur contre une maladie au nom barbare : Leucémie aiguë myéloblastique, alias LAM. Un combat qui va se dérouler pendant 158 jours, un combat pendant lequel l'issue est par moments restée incertaine, un combat dont Adam gagnera la première bataille, même si tout n'est pas encore terminé.

Laurence Tardieu va dans ce livre nous livrer les étapes de cette guerre, ses sentiments, sa révolte, la force qu'elle va trouver en elle, et dans les autres parfois, Céline son amie, son père, certains de ses amis, ses filles aussi, combien certains autres vont se révéler éloignés, incapables d'apporter un vrai soutien.
Elle raconte comment la Covid va interférer dans cette épreuve, la rendant encore plus pénible : plus d'enseignement à l'hôpital, plus de clowns pour distraire les enfants, la peur panique pour elle et son mari de l'attraper et de ne plus pouvoir être présents avec leur enfant, l'impossibilité de recevoir des visites, l'impossibilité de côtoyer physiquement et de trouver le réconfort dans les bras de leurs proches.

Il va y avoir différentes étapes, des moments où l'espoir est difficile à conserver, et peut-etre faut-il alors justement s'en débarrasser ainsi qu'elle le dit :
« Il a été capital qu'à ce moment-là j'accepte, totalement, qu'Adam puisse mourir, que nous puissions perdre le combat, pour l'accompagner au mieux, totalement, sans qu'une part de moi résiste, veuille prendre la tangente, se révolte.
Il n'y avait pas de place pour la révolte.
Il n'y avait de place que pour Adam, encore, à chaque instant, vivant.
Vivant encore à chaque instant.
Vivant, encore.
Encore vivant. »

il y aura des moments plus lumineux ou la beauté de la vie viendra la frapper, l'aider à lutter :
« Durant tout le mois d'avril, le cerisier de notre jardin a été en fleur. Les longues branches noueuses, constellées de blanc, se détachaient devant la fenêtre de notre chambre, s'élevant vers le ciel. C'était d'une beauté. Chaque matin, avant de partir à l'hôpital, je prenais quelques secondes pour le regarder. Regarder n'est pas le terme exact : je m'en absorbais, m'en nourrissais. Je me transportais en songe à l'intérieur de l'arbre et m'y répandais, m'y fondais, m'y étalais de tout mon long. Mes bras touchaient le ciel et les racines de la terre, mon ventre se frottait à l'humus. Je buvais la sève, les fleurs, le bois, les odeurs, je me barbouillais de joie.

Puis, à nouveau j'étais dans la chambre, derrière la fenêtre, à nouveau j'étais debout, dans le corps d'une femme de quarante-sept ans qui s'apprêtait à descendre un escalier, à ouvrir une porte de maison, à partir pour une chambre d'hôpital où l'attendait un petit garçon – son petit garçon. J'étais remplie de beauté vibrante. Quelques minutes plus tard, au moment d'entrer dans le bunker, je convoquais la vision du cerisier en fleur. »

Elle explique aussi pourquoi elle a voulu écrire ce témoignage, parce que laisser une trace c'est être vivant, comme ces traces de pas qu'on laisse dans la neige.

Et pourquoi moi ai-je voulu lire ce livre, que je devinais poignant et difficile ? Surement à cause de l'auteure que je lis depuis longtemps et dont j'admire l'écriture, qui a su à chacun de ses livres me charmer et m'émouvoir. Et puis, parce que lire des phrases sur la douleur peut parfois aider à vivre celle éprouvée il y a quelques mois.
Et aussi parce que ce livre se révèle étonnamment lumineux, que j'en ai aimé chaque phrase, et qu'il célèbre finalement la beauté de la vie.
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