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Critique de isanne


Je ne voulais pas faire de billet pour ce livre déjà ardemment commenté mais en lisant les près de trois-cents critiques, je me suis dis qu'il fallait que je partage l'enthousiasme qui m'a habitée au fil des pages de ce roman.


Disons-le d'emblée, je suis admirative de Donna Tartt, de son érudition, de la façon dont elle explique construire ses récits, de son registre d'écriture.


Le prologue du Maitre des illusions nous dit tout de l'intrigue qui sous-tend le récit et ce qui, pour certains, apparait comme un livre à suspense perd sa place dans cette catégorie puisqu'il n'existe aucun secret quant à ce qui s'est déroulé et la façon dont les événements tragiques - mort de Bunny - se sont passés.

Si la première partie s'applique à nous expliquer comment le groupe a évincé l'un d'entre eux, au point de lui ôter la vie, c'est aussi pour nous présenter les différents personnages, leurs rapports sociaux, leur regard sur les études et finalement, une certaine vision de deux "amériques" : celle des nantis et celle de celui qui vient du bas de la société, en a honte, le dissimule et fait preuve de fierté en ne se plaignant jamais pour approcher ceux qu'il juge plus brillants que lui.

Richard Papen est ce jeune homme, fils d'un garagiste d'un petit bourg de Californie, qui désire plus que tout approcher une élite, être admis, sans pour autant ruser pour être accepté, il se tait à la question embarrassante qui pourrait révéler es origines mais ne ment pas.
Ce sera lui le narrateur...et c'est là , à mon avis, que l'écriture de Donna Tartt est magistrale : à chaque scène, chaque dialogue, chaque page tournée, nous qui lisons avons l'impression d'être présents physiquement dans la scène comme un observateur muet, un fantôme comme les affectionne Julian leur professeur. Et nos opinions, nos regards sur le groupe vont changer, évoluer, exactement comme si nous les côtoyons au quotidien.
Donna Tartt nous manipule, nous faisant aller de l'avant dans nos raisonnements pour nous faire faire, l'instant d'après, demi-tour car nos avis ont changé.

Et le récit pourrait s'arrêter quand le corps de Bunny est découvert, que l'affaire est classée : c'est un accident.
C'est peut-être ce que veulent dire les lecteurs qui disent avoir trouvé la seconde partie trop longue.

Et pourtant, à partir de là, le récit "s'amplifie", les personnages prennent une autre dimension, nous deviennent plus intimes parce que le récit se fait plus introspectif. le lecteur continue à observer de façon de plus en plus rapprochée presque comme à travers une loupe, il se pose toujours autant de questions, frémit, s'angoisse…
Il devient passionnant de suivre ce qu'il advient de chacun alors que tout a fonctionné comme prévu et que la mort de Bunny ne peut leur être imputée.

Et alors que la première partie était d'une certaine manière canalisée par les faits, la seconde prend autant de directions qu'il reste de protagonistes. Ce récit déjà fabuleux , s'élargit encore et nous entraîne…



Donna Tartt émaille son récit de références littéraires, linguistiques, historiques , ce qui fait du roman une source d'enrichissement. Il est très difficile de poser le livre et il fait partie de ces récits pour lesquels on envierait presque ceux qui ne l'ont pas encore lu, pour le plaisir immense qui leur est promis.


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