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Roman culte, dit la rumeur. Cela pourrait être une séquelle un peu sombre du cercle des poètes disparus, vibrante jeunesse et heurt de classes sociales, Homère plutôt que Whitman, destin tragique and so on. Cela pourrait être un nième whodunnit, avec un pauvre hère en trench coat qui tenterait de retrouver le coupable à coup de judicieuses déductions et de citations de sa femme. Ou une petite vieille qui écrit des romans policiers pour maison de retraite.
Ce n'est pas du tout cela.
Ce n'est pas non plus un « roman d'aventure », comme l'affirme la 4e de couverture. Ou alors il faut entendre « aventure » au sens « il se passe des trucs ». Auquel cas il y a un sacré nombre de romans d'aventure en circulation.
À l'inverse, le Maître des illusions pourrait aussi se glisser dans la mouvance jeunesse d'élite dépravée, ambiance Les Lois de l'attraction – le roman est par ailleurs dédié à Bret Easton Ellis avec lequel l'auteur a batifolé pendant ses années de fac.
Mais ce n'est pas cela non plus.
De quoi s'agit-il au fond ? Cinq personnages, sûrs d'eux comme on peut l'être à vingt ans, pas forcément sympathiques, pas forcément originaux, s'avancent d'un pas volontaire vers des évènements catastrophiques. Épris (pétris) de culture classique, subjugués par un enseignant aussi charismatique que lisse et distant, quatre d'entre eux décident une nuit de se livrer à une bacchanale. D'expérimenter les limites de la conscience, plus par intérêt scientifique que par envie de s'envoyer en l'air dans les bosquets même si cela termine quand même en frénésie sexuelle et psychotropée. Un homme est tué. Brutalement battu à mort, le crâne explosé à mains nues. Personne n'a rien vu, ce pourrait être un accident, ils pourraient s'en tirer en gardant profil bas. Mais cet équilibre de paille s'effondre quand Bunny, le dilettante du groupe, le pique-assiette qui vit aux basques de ses richissimes amis tout en fustigeant les pauvres, celui précisément tenu à l'écart de la cérémonie, comprend ce qu'il s'est passé et commence à faire peser une pression insupportable sur le groupe. Et malgré l'aspect complètement convenu de l'intrigue, on adhère. Parce qu'il ne s'agit pas de raconter les conséquences d'un meurtre, puis de deux meurtres, mais de suivre la lente progression d'un groupe soudé par leur conscience d'être à part, au-dessus, plus éveillés que leurs congénères, vers l'éclatement, le soupçon, la déception pour certains, la mort pour d'autres, réelles ou métaphoriques. Ils cherchaient l'éveil de la conscience, ils ont trouvé un monde et des dieux enfuis.
Et cette progression est menée de main de maître, de façon subtile et cruelle. Sous l'oeil néophyte de Richard, les personnages apparaissent tout d'abord glacés dans leur perfection : Bunny, le bon vivant un peu idiot mais sympathique, Charles et Camilla (ce choix de prénoms...), les jumeaux à l'air angélique, Francis le dandy et surtout Henry, l'intellectuel autodidacte, aussi brillant qu'étrange. Chacun dans leur petite niche, difficile de les apprécier et donc de se passionner pour leur sort. Mais ils chutent du piédestal, quand sont révélés les travers – égoïsme, inceste, alcoolisme, lâcheté –, ils s'humanisent et on quitte l'exercice de style un peu froid pour entrer dans le tragique. Étrange processus par lequel un personnage devient aimable en se vautrant dans le sale et le pathétique. Sans pour autant faire du Maître des illusions un roman de Bukowski, s'entend. Non, les apparences restent sauves et tout le monde gentiment policé. Mais quelque chose a volé en éclat et c'est irréparable. Au fur et à mesure que les choses s'enveniment, l'univers et ses personnages qui semblaient coupés du monde, flottant dans une sorte d'intemporel romanesque (j'ai eu du mal à dater ces évènements, années 50, 60, 70 ?) s'actualisent, des références contemporaines à l'écriture (le début des années 90) affleurent et ancrent le récit de façon permanente, le dramatisent. J'ai bien conscience du caractère ultra classique/convenu/rebattu de ce que j'explique. Donna Tartt n'invente rien, elle se fond complètement dans des modèles hérités, dans une tradition littéraire, ayant bien appris que le véritable ressort du roman reste le personnage, ses vibrations intérieures, le puits sans fond de sa psyché dont procède l'action. Mais elle le fait bien. À noter la scène d'anthologie de l'enterrement de Bunny (non, ceci n'est pas un spoiler : on apprend la mort de Bunny à la deuxième ligne, d'où l'impression de tragédie même si c'est poussé un peu loin la définition), tout en malaise et dysfonctionnements familiaux, doublé d'une analyse sociologique féroce.
Le seul défaut de cette parfaite entreprise reste le rapport à l'Antique. La bacchanale n'est dionysiaque que de nom, par son attirail mais sans affronter le fond de la question. L'analogie Julian/Dionysos est surfaite et peu convaincante. Je suppose que l'auteur voulait sous-tendre son propos par un balancement (attendu) entre apollinien et dionysiaque, pas tant antique que nietzschéen, il me semble, et surtout réduit à l'opposition ordre/chaos. Je n'y connais pas grand-chose, en culture grecque comme en esthétique nietzschéenne, donc je ne vais pas pousser plus avant la réflexion et me contenter de dire que, même pour mon oeil barbare, tout cela fait un peu plâtre. Un peu décoratif. Sans doute qu'un véritable travail de fond sur ces notions classiques aurait calcifié la matière du roman, le rendant plus ardu, d'une part, et moins attrayant de façon générale.

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Très très grosse impression lorsque j'ai lu ce bouquin la première fois, un peu moins la seconde. Pourtant c'est un livre que j'emmènerai volontiers sur une île déserte. Pourquoi ne prendre que six livres ? Responsables de Babelio faites un effort ! passons à 60 ou à 600 ! Ouais, 6,000 c'est p'tét beaucoup !
Ma meilleure amie, le déteste. J'aime l'atmosphère qui s'en dégage. La richesse des descriptions des personnages, qui sont tour à tour égoïstes, manipulateurs, amis et ennemis, sympa et féroce, vaniteux et courtois . Ce monde à part que certains se créent hors du temps, hors des codes.
Tour à tour Donna Tartt nous manoeuvre. Qui croire ? Richard est-il vraiment accepté ? Ou est-il simplement le regard de la société sur ce groupe d'étudiants ? le témoin privilégié ? le mec a peu près normal pour jauger la folie des autres ?
Le maitre des illusions on aime ou on déteste, si vous ne rentrez pas dans l'histoire au bout de cinquante pages, pas la peine d'aller plus loin.
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OK Mrs Tartt, on va pas se mentir, le Chardonneret (2013) m'avait émerveillée. En revanche dans le maître des illusions (1992) j'ai trouvé, je l'avoue, le temps un peu long.

Cela dit, plus de vingt ans séparent l'élaboration de ces deux oeuvres (voir dates ci-dessus, me suis pas foulée à les mentionner par hasard). Et si l'on y retrouve des thèmes communs – narrateur juvénile en plein parcours initiatique, excès alcoolopsychotropiques à tous les chapitres – et que la finesse d'analyse psychologique des personnages est admirablement présente ici aussi, l'on est tenté de songer que la magie du petit dernier – lu en premier, suivez-moi bien – doit sans doute beaucoup au gain en maturité de son auteure et c'est tant mieux (si je suis pas claire là, faut pas hésiter à me dire).

Une lecture au (très) long cours donc, qui m'a frustrée en outre quant au traitement de la fin, un peu décevante et par trop sommaire pour le prolixe récit qu'elle était censée couronner si je puis me permettre.

Temporellement intermédiaire (2002) au sein de la parcimonieuse bibliographie tarttéienne (un roman toutes les décennies, pensez donc), le petit copain fera-t-il le lien chez moi entre enthousiasme et légère déception ?… Je vérifierai à l'occasion, histoire de boucler la boucle fut-ce dans le désordre, on fait bien comme on peut mon pauv'monsieur.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Je suis retombé récemment sur le maitre des illusions. Je l'avais lu vers l'âge de quinze ou seize ans. La première fois, parce que j'ai revisité ce roman chaque année dans la décennie qui a suivi. Il m'a beaucoup marqué, ce fut et c'est encore un de mes coups de coeur. D'abord, il y a ce personnage-narrateur, Richard Papen. Tout de suite, je me suis identifié à lui, ce jeune homme, fils unique de parents peu chaleureux, dans une ville moderne (lire ici sans histoire) de la Côte Ouest et ayant eu une enfance ordinaire, voire morne. « Les années où j'ai vécu là-bas m'ont créé un passé jetable comme une tasse en plastique. » (p. 19) Ma propre enfance ne fut pas détestable mais l'herbe est toujours plus verte chez le voisin. Il me semblait que je n'avais rien vécu de si extraordinaire que cela. Comme ce jeune homme, je m'étais tourné vers la télévision, la littérature et l'histoire pour aller chercher ce petit je-ne-sais-quoi. Et, en avoir eu l'occasion, pourquoi pas le grec classique ?

Quand vient le temps pour Richard Papen d'aller à l'université, il saute immédiatement sur l'occasion d'intégrer un campus de la Côte Est. Hampden, avec ses vieilles traditions et ses bâtiments austères (à l'anglaise), est parfait ! le jeune homme se lie rapidement avec ses cinq nouveaux (et seuls) camarades de classe. Il est charmé, enchanté par leur magnétisme. Il y a Edmond ‘'Bunny'' Corcoran le sympathique, les jumeaux Charles et Camilla Macauley, l'élégant Francis Abernathy et le génie des langues Henry Winter. Ils sont beaux, ils sont intelligents et ils sont riches, quoi demander de mieux ! Ah oui, ils ont une fascination pour le grec classique et l'Antiquité ! C'est l'autre aspect qui m'a conquis dans le maitre des illusions, toutes ces références à l'histoire, aux langues anciennes, à ces civilisations perdues, au théâtre, à la mythologie, à la phisolophie, etc. Ils formeront un groupe de privilégiés, un club sélect en quelque sorte. Qui ne voudrait pas évoluer parmi eux ? Bien sûr, tout dépend des goûts de départ.

Ces six étudiants sont encadrés par Julian Morrow. Personnage charismatique, universitaire distingué, maitre à penser, un peu comme ces précepteurs à l'ancienne. On comprend alors qu'il se limite habituellement à cinq étudiants (il fera une exception pour Richard) ! « C'était un causeur merveilleux, magique […] » (p. 55) Les quelques cours auquel j'ai ‘'assisté'' m'ont fasciné. Oh, comme j'aurais aimé me retrouver parmi eux à discourir sur les Érinyes, L'Orestie, l'oubli du moi, les bacchanales, les tactiques militaires telles que rapportées par Thucydide, la terza rima, l'Enfer de Dante et tant d'autres sujets palpitants. Même dans leurs temps libres, ils prennent au sérieux les présages et échangent sur la distance qui séparait les soldats dans une légion romaine ou bien sur la nature du chaos primordial d'Hésiode. Quelle vie !

Auteur d'eux gravitent plusieurs personnages secondaires colorés comme le Dr Roland, ce vieux bonhomme détraqué, Marion la petite amie de Bunny et plusieurs énergumènes de la faune estudiantine comme Judy Poovey, Spike Romney et Cloke Rayburn. J'adore les romans dans lesquels de tels personnages réussissent à se rendre mémorables malgré leur importance relative et leur présence limitée Dans une entrevue, l'auteure Donna Tartt admettait avoir été influencée par Charles Dickens qui parvenait à faire ressortir l'essentiel de chacun en quelques mots seulement, à l'aide d'une caractéristique physique, de gestes, de tics et surtout de paroles.

Comme je l'écrivais plus haut, c'est le personnage principal, le décor universitaire et ses thématiques (littérature et civilisations anciennes) qui m'ont accroché. Qu'en est-il de l'intrigue ? La première partie se déroule lentement. On finit par comprendre que les étudiants ont essayé de mettre en pratique une idée lancée pendant un de leur cours : vivre une bacchanale, un rite dionysiaque ancien qui se transforme en débauche mais dont l'objectif est d'oublier le ‘'moi'' ne serait-ce qu'un instant. Malheureusement, l'expérience prend accidentellement un tournant tragique. Pour protéger leur secret, ils doivent éliminer un des leurs qui en savait trop et qui devenait dangereux. N'ayez crainte : je ne dévoile rien, on l'apprend dès le début. Et Richard se laisse persuader qu'il doit en être ainsi. Jusqu'où est-on prêt à aller pour se sentir vivant, pour appartenir à un groupe élitiste ? le meurtre est-il justifiable ? C'est sans doute plus facile d'y répondre quand on est abreuvé toute la journée de principes élevés (mais d'une autre époque) de « Devoir, piété, loyauté, sacrifice. »

La deuxième partie est plus longue. La disparition de Bunny n'est pas relevée immédiatement par son entourage et, une fois alertée, la police mène ses recherches tranquillement. Quand l'étau se serre davantage autour du petit groupe, la tension monte et les dissenssions inavouées jusque là font surface. La découverte du cadavre ne change rien et les jeunes plongent dans l'autodestruction. Amour, inceste, alcool. On assiste à une sorte de chute aux Enfers. Je suis persuadé que, s'il avait été au courant du drame qui se déroulait sous son nez, leur professeur aurait pu en faire le sujet de plusieurs cours fascinants. On comprend alors qu'il y a toujours des conséquences à nos actes mais qu'il est bien difficile de les prévoir et, surtout, d'en prendre la responsabilité. C'est alors que les héros tombent, que des meneurs se dévoilent et que les maillons faibles se révèlent.

Deux ou trois trucs m'ont agacé. Par exemple, comment un professeur aussi fin et bon juge de caractère que Julian Morrow a pu sélectionner un idiot comme Bunny ? Pourquoi Henry s'évertue à combler inutilement cet ami de cadeaux comme des voyages ? Mais bon, « l'Allegro e Il Pensero ». Et, tant qu'à y être, pourquoi ces cinq jeunes étudient le grec classique ? Mais les choses sont ce qu'elles sont, il ne sert à rien de s'en morfondre. Pour tout le reste, je suis preneur. Donna Tartt a mis près de dix ans à écrire ce chef d'oeuvre et, selon moi, ça en valait le coup. Quand je l'ai lu, il y a une vingtaine d'année, c'était l'histoire la plus originale que j'avais lue et je suis resté avec cette impression. J'attends encore quelque chose de semblable…
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Richard Papen intègre à 19 ans l'université de Hampden en Nouvelle-Angleterre.

Après avoir essuyé un refus de la part du professeur de Grec, Julian Morrow, figure de l'Université, pour intégrer son cours, c'est en faisant la connaissance de quelques uns de ses élèves, qu'il finira par se faire accepter et par y participer.

C'est un groupe très réduit, de 6 élèves seulement. Pas vraiment des privilégiés, mais en tout cas considérés comme des étudiants à part par les autres... des étudiants "inapprochables" :
Camilla et Charles, deux jumeaux, Henry, Francis et Edmond, dit Bunny, et Richard dorénavant.

Il fera progressivement la connaissance de tous, d'abord de façon assez distanciée, presque ambiguë, puis finalement de mieux en mieux, jusqu'au jour où l'un d'entre eux finira par lui avouer un terrible accident.

Et cet accident aura des conséquences encore plus terribles.

À mon avis :
Plusieurs jours après la fin de ma lecture, je m'interroge encore sur la finalité de cette histoire... Aurais-je raté quelque chose ?

D'abord, sur la première moitié du récit, l'histoire est somme toute assez plate, sans véritable intérêt, même si on comprend dès les premières lignes qu'un drame s'est produit. Mais comme rien ou presque ne relie ce drame aux événements décrits, on s'ennuie quelque peu.
Pourtant, il y a un petit quelque chose qui nous maintient accroché, un infini espoir, très subtilement alimenté, de voir le récit décoller à la page suivante... sans doute cette idée que l'état d'esprit nécessaire au véritable apprentissage du Grec ancien, autorise des expériences d'un autre temps.

A partir de la deuxième partie, l'action s'étoffe un peu, et l'espoir est donc entretenu.
Les multiples toutes petites réactions énigmatiques des uns et des autres nous font espérer un twist, si ce n'est en cours de lecture, au moins à la fin du récit.

Et puis tout de même... le titre ! le maître des illusions quoi ! Il va bien y avoir quelque chose dans le récit qui va nous relier à ça ? Il doit bien y avoir quelqu'un qui tire les ficelles en arrière plan ? Et ça va nous exploser au visage avant la fin !?

Alors, le récit nous tient toujours, il y a encore une fois ce petit quelque chose d'indéfinissable qui nous attire vers la page suivante.

Mais au détour de la dernière, c'est la déception qui est au rendez-vous... une fin d'une banalité sans nom... pas de maître, encore moins d'illusions... flop !


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https://blogdeslivresalire.blogspot.com/
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"Le maître des illusions" compte parmi ces romans qui, une fois achevés, laissent quelque peu perplexe et vous font penser que vous êtes peut-être passé à côté de l'essentiel. Fascinants par leur contexte et leurs personnages, ces romans questionnent longtemps, on y repense, ils continuent de hanter une partie infime de votre conscience, on y revient, on cherche à analyser après coup les réactions et les choix des différentes protagonistes.

"Le maître des illusions" est un best-seller qui a pour cadre une université sélect du Vermont, aux Etats-Unis. Richard, le narrateur, est un élève boursier californien brusquement plongé dans l'atmosphère et la mentalité de la côte Est, et rapidement intégré à un groupe de jeunes nantis férus des lettres grecques, mentoré par un professeur charismatique. de fil en aiguille, un climat élitiste et extravagant - proche de celui d'une secte - cimente l'amitié entre les six membres du groupe ; les personnalités se dévoilent mais moins cependant que les mystères, secrets et autres manipulations.

"Le maître des illusions" est un thriller psychologique (pléonasme ?) aux allures de huis-clos qu'on ne peut s'empêcher d'apparenter au "Cercle des poètes disparus", en plus noir et en beaucoup plus ésotérique. Chaque membre du groupe - ou pourrait même parler de groupuscule étant donnée la nature de ses agissements - est un original au profil très fouillé par Donna Tartt qui se plaît à instaurer une ambiance malsaine. Milieu estudiantin oblige, alcool et drogue envahissent quasi chaque page de ce pavé qui en compte plus de sept cent et qui accuse de réelles longueurs, notamment en raison d'une narration très descriptive relatant les moindres détails. Un peu lassant à la longue, de mon point de vue.

"Le maître des illusions" compte parmi ces romans qui, une fois achevés, vous font vous demander pendant longtemps si vous les avez appréciés ou non, mais que vous êtes indéniablement heureux d'avoir lus.


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Je ne voulais pas faire de billet pour ce livre déjà ardemment commenté mais en lisant les près de trois-cents critiques, je me suis dis qu'il fallait que je partage l'enthousiasme qui m'a habitée au fil des pages de ce roman.


Disons-le d'emblée, je suis admirative de Donna Tartt, de son érudition, de la façon dont elle explique construire ses récits, de son registre d'écriture.


Le prologue du Maitre des illusions nous dit tout de l'intrigue qui sous-tend le récit et ce qui, pour certains, apparait comme un livre à suspense perd sa place dans cette catégorie puisqu'il n'existe aucun secret quant à ce qui s'est déroulé et la façon dont les événements tragiques - mort de Bunny - se sont passés.

Si la première partie s'applique à nous expliquer comment le groupe a évincé l'un d'entre eux, au point de lui ôter la vie, c'est aussi pour nous présenter les différents personnages, leurs rapports sociaux, leur regard sur les études et finalement, une certaine vision de deux "amériques" : celle des nantis et celle de celui qui vient du bas de la société, en a honte, le dissimule et fait preuve de fierté en ne se plaignant jamais pour approcher ceux qu'il juge plus brillants que lui.

Richard Papen est ce jeune homme, fils d'un garagiste d'un petit bourg de Californie, qui désire plus que tout approcher une élite, être admis, sans pour autant ruser pour être accepté, il se tait à la question embarrassante qui pourrait révéler es origines mais ne ment pas.
Ce sera lui le narrateur...et c'est là , à mon avis, que l'écriture de Donna Tartt est magistrale : à chaque scène, chaque dialogue, chaque page tournée, nous qui lisons avons l'impression d'être présents physiquement dans la scène comme un observateur muet, un fantôme comme les affectionne Julian leur professeur. Et nos opinions, nos regards sur le groupe vont changer, évoluer, exactement comme si nous les côtoyons au quotidien.
Donna Tartt nous manipule, nous faisant aller de l'avant dans nos raisonnements pour nous faire faire, l'instant d'après, demi-tour car nos avis ont changé.

Et le récit pourrait s'arrêter quand le corps de Bunny est découvert, que l'affaire est classée : c'est un accident.
C'est peut-être ce que veulent dire les lecteurs qui disent avoir trouvé la seconde partie trop longue.

Et pourtant, à partir de là, le récit "s'amplifie", les personnages prennent une autre dimension, nous deviennent plus intimes parce que le récit se fait plus introspectif. le lecteur continue à observer de façon de plus en plus rapprochée presque comme à travers une loupe, il se pose toujours autant de questions, frémit, s'angoisse…
Il devient passionnant de suivre ce qu'il advient de chacun alors que tout a fonctionné comme prévu et que la mort de Bunny ne peut leur être imputée.

Et alors que la première partie était d'une certaine manière canalisée par les faits, la seconde prend autant de directions qu'il reste de protagonistes. Ce récit déjà fabuleux , s'élargit encore et nous entraîne…



Donna Tartt émaille son récit de références littéraires, linguistiques, historiques , ce qui fait du roman une source d'enrichissement. Il est très difficile de poser le livre et il fait partie de ces récits pour lesquels on envierait presque ceux qui ne l'ont pas encore lu, pour le plaisir immense qui leur est promis.


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Ils forment un club fermé au sein de l'université, centrés autour d'un professeur atypique de grec. Étudiants brillants et majoritairement fortunés, ils vivent dans un autre temps, celui des grandes lettres, de la force de l'esprit sur les choses. Ils se cherchent mais se noient dans l'alcool et les cigarettes. Ce petit cénacle a ses propres règles et ses perversités. L'arrivée d'un nouveau, Richard, vient éclairer le lecteur puisqu'en tant que narrateur, il relate les faits et tente de comprendre ce qui se passe dans ce groupe. Jusqu'au drame.
Je crois que ce qui est le plus sournois dans ce roman c'est la manière dont Donna Tartt tient le lecteur du début à la fin. Bien que le drame soit connu relativement tôt dans ce récit, je suis restée accrochée dans cette ambiance pesante, à la lourde noirceur, à chercher constamment qui tirait réellement les fils. Qui était le maître des illusions ? Mais pour autant le plaisir n'était pas linéaire. J'ai eu l'impression que certains chapitres n'apportaient pas grand chose ou plus exactement que le narrateur n'était pas omniscient comme je le pensais. de là certains chapitres auraient du m'éclairer plus avant et je n'étais pas plus avancée que cette brave andouille amorale de Richard.
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Il y a des livres dont on connaît l'existence depuis des années mais sans jamais avoir été tenté de les lire, et il suffit parfois d'une personne pour nous donner une irrépressible envie de s'y plonger.
C'est exactement ce qu'il s'est passé quand j'ai lu par hasard la critique de GeorgesSmiley : quelques mots judicieusement choisis, une ambiance décrite en une phrase et hop, j'avais le livre dans les mains.

Un jeune étudiant en lettres, Richard se retrouve immergé dans une université du Vermont, située à des centaines de kilomètres de sa Californie natale, au milieu d'un groupe de cinq étudiants riches qui vivent et étudient en vase clos, puisqu'ils sont les seuls étudiants d'un professeur charismatique.
Richard va réussir à la fois à être accepté comme étudiant au sein de ce groupe très restreint et il va côtoyer de très près ces garçons et filles aux vies et aux préoccupations bien loin des siennes.
J'ai adoré déambuler dans cette université pendant les jours venteux d'automne, j'ai marché avec Richard dans les allées recouvertes de neige en hiver, j'ai été boire avec lui dans des soirées, j'ai croisé des étudiants de tous horizons, j'ai passé des nuits à traduire des textes grecs par dessus son épaule, j'ai été enthousiasmée par toutes ces nouveautés, cette culture à portée de main, ces rencontres improbables dans un lieu mythique et chargé d'Histoire.
Tout comme Richard, j'ai été flattée de fréquenter ces jeunes gens mystérieux, aux comportements parfois étranges, j'ai découvert une vie faite de plaisirs, où l'argent permet de s'offrir beaucoup de choses, j'ai été intriguée par ces étudiants pouvant passer de longues heures d'affilée à lire d'obscurs textes grecs où à boire au point de s'endormir n'importe où et sans se souvenir de quoi que ce soit.
J'ai arpenté les couloirs de l'université avec le même plaisir que j'ai dormi dans des chambres d'étudiants ou que j'ai passé des week-ends dans la maison de campagne de l'un des protagonistes.

Mais qu'en est-il du personnage qui meurt ?
Car dès la toute première page, on sait que l'un d'entre eux va mourir, quand, comment, pourquoi et quelles répercussions aura ce décès sur chacun d'eux sera l'objet de ces 500 pages que j'ai dévoré avec un énorme plaisir, exaltée, enthousiasmée et complètement charmée par ce roman.
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Un bon pavé de 700 pages que j'ai trouvé assez long.
Le héros, de condition modeste se retrouve à l'université où il rejoint un groupe de cinq étudiants en grec issus de milieux aisés.
Alcool, drogue, pratiques étranges….et crime.
Oui, c'est long. Et tout en me disant que ça aurait gagné à être plus court, en même temps, je ne vois pas ce qu'il aurait fallu supprimer.
L'évolution des relations est fort bien décrite.
Et il faut reconnaître un certain talent à l'auteur qui a commencé ce livre lors de sa première année d'université, c'est à dire très jeune.
Mais, j'étais contente de l'avoir terminé pour passer à autre chose.
Ce genre de roman peut certainement séduire de plus jeunes lecteurs que moi.
J'ai dans ma PAL « le chardonneret », et je vais attendre un peu avant de m'y attaquer.
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