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Citations sur Apprendre à prier à l'ère de la technique (8)

On pourra formuler à votre encontre n'importe quelle accusation ; vous pourrez vous rendre coupables de la pire des immoralités, être recherché par la police ou par le diable en personne : je défendrai mes fils avec les armes dont je disposerai. Je ne me sentirai honteux que si un jour quelqu'un me rapporte que vous avez eu peur. Si cela devait se produire, inutile de chercher refuge ici : vous trouverez porte close.
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Ce qui le fascinait chez les gens étranges, qu'ils se soient volontairement dévoyés ou qu'ils aient été rejetés par leur entourage, c'était l'absolue liberté avec laquelle ils faisaient leurs choix individuels. Chez le fou ou le mendiant qui erraient dans les rues en demandant du pain et de la soupe et qui, le soir venu, comme les autres humains, n'aspiraient qu'au sommeil, Buchmann voyait des hommes pouvant choisir, avec une liberté pure et sans conséquence, leur morale individuelle. Une morale à nulle autre pareille, sans équivalent aucun.
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De nombreux soldats avaient été atteints [par la bombe]. On avait tenté d'assassiner un officier de haut rang, mais après l'explosion c'était toujours lui qui donnait les ordres.
Cet officier préservait en lui un reste de la légalité antérieure, de la loi d'avant la catastrophe, ce qui permettait aux autres de se sentir un minimum en sécurité. La sensation qu'il n'y avait plus de danger n'était possible que pour cette raison : malgré tout le sang versé, on n'avait pas réussi à faire taire l'autorité. Un bateau en train de sombrer tandis que retentissent les ordres résolus et incontestables du commandant est un bateau qui, malgré tout, sombre d'une manière organisée et humaine ; comme un bateau qui, avant de se suicider, s'assure de laisser la maison propre et rangée, revêt son plus beau costume et graisse minutieusement son arme pour que tout se déroule sans accroc.
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— Tu vas la faire devant moi, répétait [son père].
Lens reste durablement marqué par ces mots. Tu vas la faire.
L'acte de fornication avec la petite bonne était réduit à sa plus simple expression : à un faire. Tu vas la faire, c'est la tournure qu'avait employée son père, comme si la petite bonne n'était pas encore faite, comme si elle était encore une matière informe, nécessitant l'intervention de Lenz pour être achevée. Cette femme ne sera pas terminée avant que tu ne l'aies toi-même façonnée, pensa clairement l'adolescent Lenz, et les gestes qu'il accomplit ensuite furent ceux d'un travailleur obéissant aux indications d'un contremaître plus expérimenté, en l'occurrence son père : tu vas la faire.
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[L]es éloges, l'admiration que suscitait sa technique de la part des malades, de ses confrères médecins et du personnel de l'hôpital, lui étaient chaque jour plus insupportables. Ce n'était pas d'être considéré comme compétent qui l'irritait, mais que l'on confonde cette compétence avec une forme de bonté, sentiment pour lequel il avait le plus absolu mépris. Et cette confusion – entre bonté et compétence technique – commençait à lézarder le mur que Lenz avait érigé entre sa vie professionnelle et sa vie privée, dans laquelle la dissolution des valeurs morales était manifeste. Le plaisir qu'il éprouvait à humilier les prostituées, les femmes faibles ou les adolescents, les mendiants qui venaient frapper à sa porte ou sa propre femme, ne pouvait pas être plus éloigné de cette aura qui, à en croire certains proches des malades qu'il avait opérés et sauvés, émanait de sa personne.
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Lenz accordait une attention particulière à l’idée selon laquelle l’homme, en plus de constituer un concentré de livres, de science, de techniques et d’instruments – son cas personnel en était l’illustration – avait également appris au long des siècles, à être un meilleur animal, à être plus efficace pour satisfaire ses besoins organiques et instinctifs, la rationalité n’étant pas un trait essentiel de son comportement.
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Mais un nom propre, un nom de famille, qui se transmet à la génération suivante, n’était pas seulement un hommage à ce qui n’existe plus ou à ce qui, en principe, cessera d’exister le premier, c’était également la manifestation publique du fait que le travail était inachevé : à chaque génération, le nom de famille cherchait la meilleure position sur le champ de bataille. Position qui serait transmise en héritage – mais qui n’était jamais définitive. Le combat, quel qu’il fût, retardait toujours la dernière décision, et la fin technique de cette énergie historique serait simplement signalée par l’extinction d’un nom de famille.
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Lenz ne se faisait pas d’illusions sur la terre qu’il foulait : il existait entre l’homme et la nature un point de rupture qui avait été dépassé depuis longtemps. Il y avait une lumière nouvelle dans les villes, la lumière de la technique, lumière qui faisait des bons matériels dont aucun animal n’avait été capable jusqu’alors ; et cette clarté nouvelle accroissait la haine que les plus vieux éléments du monde semblaient nourrir depuis toujours à l’égard de l’homme.
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