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Critique de MicheleP


Epoustouflant ! Un livre dont on ne sort pas indemne !
En fait, ce livre est une fable philosophique sur les déviances, les aberrations de l'Utopie. Il s'agit de la quête de la perfection, dans une petite communauté indienne (l'ouvrage est très marqué par la spiritualité indienne) : pureté, absence d'individualisme, vérité, dépassement de la souffrance, endurance, tranquillité de l'âme… Ah, ouitche !
Le narrateur qui fut l'un des meilleurs de cette secte, vient de la fuir et sait qu'au bout de cette dernière nuit dans laquelle nous l'accompagnons, il sera retrouvé et assassiné – très précisément, saigné à blanc – par les meilleurs guerriers, les plus purs adeptes de la communauté d'où il vient. Dans l'urgence, il raconte ce qui fut sa vie et on plonge insensiblement dans l'horreur. Des exercices de concentration et d'endurance tels que les recherchent les moines tibétains et les yogis, de la purification du corps et du mental, on avance vers la décérébration, l'épuration raciale, les Lebenborn nazis, les purges staliniennes, les expériences sur les « races inférieures », les mouroirs pour handicapés, la destruction de tout amour, de toute musique, de toute pensée. le mépris de l'humain, sans cruauté, froidement, rationnellement, au nom de l'idéal.
Baignant dans l'atmosphère surréaliste de cette dernière nuit, où le narrateur se sent de plus en plus proche de ses « frères humains », personnages attendrissant de la maitresse du narrateur, de l'inspecteur des égouts voire d'un petit chat, la narration fait alterner ces scènes de tendresse et les scènes minérales, angoissantes du monde de la Vallée des Masques. Remarquablement écrit, sans temps morts, le conte philosophique avance inexorablement vers son dénouement : non pas la mort du narrateur, annoncée des les premières lignes et sereinement acceptée, mais vers la révélation finale du « secret » qui le fera fuir vers ce que les adeptes appelaient « l'outre-monde ». Or ce secret, qui résonne comme un coup de tonnerre, tout le prépare, tout le laisse prévoir, tant dans l'économie du récit que dans la logique du développement l'Utopie.
Troublant, dérangeant, un livre qui nous cogne, nous sonne et nous oblige une très profonde remise en question en nous délivrant « un grand secret : ce qui devrait faire peur aux hommes, par-dessus tout, c'est la quête de perfection »
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