Après avoir exposé les raisons d'écrire, l'auteur abordait dans ses grandes lignes la façon de procéder. Tant mieux si vous étiez doué d'éloquence, sinon, il fallait viser une prose simple, l'histoire étant toujours plus importante que la syntaxe. un don de conteur permettait de la commencer au milieu, par la fin, à n'importe quel point. faute de quoi, il n'y avait aucun mal à suivre la chronologie du début à la fin, en ligne droite comme les rails d'une voie ferrée. craigniez-vous d'ignorer trop de choses, y compris de votre propre contexte, pour être crédible? Le nom de l'arbre qui poussait devant chez vous, l'histoire de votre groupe social, la loi que vous aviez transgressée? il fallait alors vous renseigner, et si c'était impossible, évoquer l'arbre sans honte comme celui dont le nom vous restait inconnu. La plupart de vos lecteurs vous pardonneraient, à condition que vous ne mentiez pas. Chez les grands écrivains eux-mêmes, existaient de vastes plages d'ignorance. L'acte d'écrire était un art de la transmission, mais aussi de la découverte. Chaque histoire avait une âme parfaitement singulière. l'arbre, n'étant pas lui-même l'âme de votre récit, ne devait pas constituer un obstacle à sa progression. et voilà. foin de mots recherchés, de talent particulier, de connaissance profonde : on pouvait toujours écrire son histoire. il suffisait de se livrer à un simple exercice qui consistait à noter à la façon d'une liste de courses, chaque jour, dans un cahier, les points que vous souhaitez aborder dans votre récit. des jours, des mois ou des années durant, l'homme désireux d'écrire son histoire devait diligemment énumérer tous ses ingrédients, en partant du chiffre 1. Puis, à mesure de la rédaction, les biffer tour à tour de son inventaire. un jour, à force d'opiniâtreté, la liste de courses serait vide et à sa place se dresserait une histoire, la sienne, son remède singulier dans la grande pharmacopée des récits du monde.
Il est follement présomptueux de croire qu'on peut corriger le monde, et sage de comprendre qu'on ne peut que l'endurer.
Peu importe que je ne comprends pas dans sa totalité la signification de mon histoire. Quelqu'un d'autre y parviendra, tôt ou tard. Tel est le principe auquel les hommes devraient s'en remettre pour agir. Faire ce qu'ils savent devoir faire, confiants dans le fait que quelqu'un d'autre, lui aussi, fera ce qu'il doit faire.
Je suis arrivé dans cette maison, en présence de cette machine noire, afin de pouvoir dire ce que j'ai vécu. Mon sablier se vide implacablement. Bientôt, des ombres d'ombres sans pitié se glisseront par les crevasses de cette vieille demeure.
Je pose ma tasse vide sur le rebord de la fenêtre derrière la table. Pas une feuille ne bouge aux branches du semul. Le moment est venu de poursuivre. De presser le pas et d'en finir.
« La. Culture du Mental faisait à bon droit l’objet d’une discipline encore plus rigoureuse que celle du corps . L’objectif de la Salle du Mental était de démontrer par la pratique qu’un esprit évolué pouvait surmonter la souffrance et la détresse ordinaires. Nous ne nous levions jamais , à huit ans, avant la fin de la séance , en dépit de crampes et de plaies parfois extrêmement douloureuses .
L’humiliation aurait été insupportable .
Il suffisait de donner la priorité au mental pour que disparaissent tout inconfort et toute douleur.
J’avais cessé de susciter l’image d’Aum et de la mère aux clavicules saillantes pour me distraire » .
Les mots sont steriles seule l action est fruit
« Rosée d’aurore, déluges d’été , fruit de la passion.
Tout le ravissement et tout l’espoir du monde . »
si l'on me rejetait ce serait pour une bonne raison, les choses seraient telles qu'elles devraient être.
Aum, dans sa sagesse sans limites, le savait : c’est la vanité qui perd l’homme . Son individualisme, fait d’égoïsme et d’avidité . Il fallait l’ expurger. Nous connaissions l’axiome .
Vouloir posséder, c’est être possédé » ...
[...] le sentimentalisme pouvait défaire les hommes les plus intègres.
Si la beauté perdait du terrain dans le monde, c'était que les hommes la confondaient avec la faiblesse.