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3,87

sur 119 notes
Je ne vais pas écrire une critique de ce livre mais simplement donner mes impressions .
C'est un livre coup de poing , qui m'a non ému , ce n'est pas le terme mais bouleversée , il y avait longtemps qu'un livre ne m'avait atteint comme ça , c'est une lecture dont je me souviendrai longtemps , un livre qui atteint son but , celui de nous faire réfléchir .
Depuis le personnage principal me hante , m'accompagne dans mes joies et mes douleurs , quelle merveilleuse histoire d'amour et horrible à la fois .
En le lisant , on se rend compte que la quête d'absolu , de monde merveilleux peut déraper vers la cruauté , la violence psychologique .
Ma critique n'est pas terrible mais j'espère avoir atteint mon but bien modeste de donner envie de le lire , rien ne me ferait le plus plaisir d'avoir des retours de ce livre qui m'a donné tant d'émotions .
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«  Nous comprenions ce qu'Aum avait compris le premier. Dans l'outre- monde n'existait ni liberté , ni égalité, ni morale . Les humains étaient guidés par des impulsions superficielles qui faisaient d'eux des êtres dangereusement égoïstes et malhonnêtes , Il n'était pas un seul code de conduite qui ne fût constamment violé et qui ne limitât la libre application d'un autre de ses codes ».

«  le germe de cet enfer résidait dans le besoin de posséder » .

«  Dans l'Outre - Monde, Aum l'avait compris, chaque homme était mû par cet appétit qui le transformait en brasier infernal » .

Voici trois extraits significatifs de cet ouvrage complexe, difficile à critiquer : «  Maître Aum ne se trompait jamais , chacune de ses paroles se transformait en consignes et en actes » : le temps d'une longue nuit où il attend ses assassins , d'anciens frères d'armes , la dernière nuit de sa vie Karma ou X470, son patronyme Wafadar—- ces groupes d'hommes guerriers auquel il appartient ——- nous conte son histoire, celle d'une communauté recluse dans une vallée inaccessible de l'Inde, selon les préceptes d'un gourou légendaire , maître Aum, le PUR des PURS .....


C'est le récit , dans une langue très belle, brillante, d'un adepte qui suivra toutes les étapes en 15 chapitres , de l'initiation , la confrérie ,les pères pèlerins, etc... à la PURETÉ extatique prônée par le gourou Aum ,qui désirait un monde PARFAIT dans la haute vallée de l'Himalya .

Mais voilà qui dit «  pureté » dit aussi «  purification » c'est à dire en dernière étape franchir celle du NID des handicapés : refuge isolé aux limites du territoire . Ce Nid cache «  toute la honte » de la communauté ,: il fallait procéder à son élimination ....N'en disons pas plus ...

Le lecteur est emporté par cette parabole impitoyable , cruelle à propos de l'inhumanité des hommes , la trame est compliquée , certes , elle aurait pu à terme , être un moins moins compacte , touffue, dense , entre rites purificateurs, règles violentes appliquées dans un système qui se disait meilleur mais aux règles indignes de traiter les femmes , embrigadements ,manipulations , à la violence extrême , insoutenable .

L'auteur décrit ironiquement un monde d'une grande beauté sous - tendu par une violence innommable.

Le lecteur se prend cette fable philosophique puissante , compacte , intense , en pleine figure , ou comment de belles idées , à priori —— peuvent devenir très dangereuses ——
Un grand champ de réflexions est ouvert , on est saisi d'effroi par cette analyse impitoyable du fonctionnement des SECTES , de comportements extrêmes , précis ,tranchants qui peuvent aboutir à la mort .

L'auteur décode minutieusement ces méthodes et les dérives des sectes comme dans les régimes totalitaires .
Le lecteur , au début de ce roman à l'allure fantastique est très soupçonneux quant à ces idéologies et les RÈGLES appliquées dans un système «  soi- disant forcément meilleur, » ,les préceptes et les applications cruelles , pures .....des pensées du gourou maître Aum, mais la narration ample , riche, qui explore cette société des hommes dans leur inhumanité , nourrie , dure , tranchante l'entraîne malgré tout à aller jusqu'au bout de cette lecture., finalement incontournable .

Je ne m'attendais pas à un tel ouvrage de Cet Auteur dont j'avais lu «  Loin-de-Chandigarh  » il y a longtemps .
Difficile d'analyser correctement un tel ouvrage , il y aurait eu encore beaucoup à dire , je ne suis pas prête de l'oublier, en tout cas ..
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Avant d'entamer la lecture de ce roman, La vallée des masques, je me suis assuré de ne rien lire à son sujet. Voyez-vous, un peu plus tôt cette année, j'avais lu un autre bouquin de l'auteur Tarun Tejpal et ce que j'en avais entendu avait à ce point élevé mes attentes que la déception était inévitable. On ne me la fera pas deux fois ! Eh bien, grand mal m'en a pris. Pourtant, le roman commence avec du mystère et de l'intrigue. Dans un bâtiment quelconque en Inde, un type attend que ses anciens camarades viennent l'assassiner. C'est le moment pour lui de se remémorer ce qui l'a conduit dans cette situation – en d'autres mots, à nous raconter son histoire. Et elle est sombre, trop pour moi. Je dois admettre que les histoires de gangs de rue et de sectes ne m'attirent pas du tout, tant dans les bouquins qu'à la télévision. Incidemment, ceux que ces histoires intéressent auront une opinion différente de la mienne. Ceci dit, avoir su dès le début que celle-ci était inspirée d'un fait réel, je l'aurais entrepris sous un angle différent, un peu comme un reportage ou un documentaire. Peut-être l'aurais-je un peu mieux apprécié ? Ou peut-être pas. J'ai trouvé pertinent en apprendre un peu sur la mécanique par laquelle la communauté se développe et recrute des membres. Toutefois, la quatrième de couverture mentionne une exploration de la société des hommes dans son ‘'inhumanité''. Oui, on y retrouve de la violence. Et comment la pauvreté, l'exclusion et le désespoir peuvent mener à des dérapages. C'est à ça qu'on faisait référence ? Pas besoin de se taper une brique (et plusieurs heures de lecture) pour comprendre cela, le bulletin-télé fait ce travail en quelques minutes. Pourquoi les auteurs indiens ne pondent-ils généralement que des pavés ? Quoiqu'il en soit, je me serais attendu à une plus grande réflexion philosophique mais, malheureusement, plus on avance, plus l'intrigue repose sur l'action. Cela ne semble pas avoir dérangé la critique, qui le porte aux nues. Beaucoup vantent les qualités de la plume de Tejpal, y trouvent même un je-ne-sais-quoi de poétique. Mon dédain pour ce genre d'histoires sombres m'a empêché de les remarquer. Tant pis. Tout ceci étant dit, je considère important que des livres comme La vallée des masques existent et soient lus. Mêmes romancés, ils dénoncent des situations d'abus, de maltraitance, de manipulation. Toutes les sectes proposent un esprit communautaire, répondent à un besoin de spiritualité inassouvi et ça entraine des dérives. C'est horrible, il faut y mettre un terme et tant mieux si des romans peuvent y contribuer.
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Aum a compris le monde, Aum a réalisé que les hommes étaient bien trop égoïstes, avides de richesse et de pouvoir pour entendre son message, aussi Aum a emmené un petit groupe de fidèles au sommet d'une montagne, coupé de la corruption et de la saleté du monde, pour y développer une communauté de purs.

Karna est un des enfants de cette communauté. Toute sa vie est codifiée selon des règles bien précises ; on lui apprend à discipliner son corps et son esprit, et à extirper de son âme toute tentation de possession ou d'orgueil. Et cela va jusqu'à couper les liens familiaux (toutes les femmes doivent materner tous les enfants, sans montrer de préférence pour les « siens », et les pères n'existent pas vraiment, toutes les conceptions se faisant dans des genres d'orgie anonyme), ou à dissimuler tous les visages derrière un masque commun à tous, de manière à ce que personne ne puisse succomber à sa propre beauté ou en tirer profit dans ses relations avec autrui.

Nous voyons, en tant que lecteur, cette société soi-disant parfaite se fissurer de plus en plus, mais Karna n'a conscience de rien : il ignore, ou plutôt craint le doute, toutes les questions ont déjà été posées et toutes les réponses ont été données, il n'y a plus qu'à suivre le chemin tracé. le meurtre ? Les forts survivent, les faibles meurent, c'est la loi de la nature. le viol collectif ? Une épreuve pour accepter que le bien du groupe vaut plus que l'individu. La domination des hommes sur les femmes ? Une règle biologique bien établie. Les maîtres qui profitent de plaisirs interdits à la base des fidèles ? Chaque niveau de pureté possède ses propres règles. Même les conflits idéologiques fratricides et les purges qui s'ensuivent n'entameront pas sa conviction d'acier. Jusqu'à ce que des instincts plus « animaux » viennent (enfin) fissurer cette belle armure infranchissable…

Le roman est interpellant car finalement, Karna n'a jamais connu que sa communauté, et les buts de celle-ci, sur le papier, n'ont rien de répréhensible : l'individu au service de la collectivité, un idéal d'égalité, de frugalité, … beaucoup de choses que professent bon nombre de religions ou de philosophie. Peut-on réapprendre seul la compassion, la joie, le plaisir des arts quand on en a jamais eu d'exemples sous les yeux ?
Enfin, une citation d'Amin Maalouf m'a suivie tout le long de l'histoire : « La vertu devient morbide si elle n'est adoucie par quelques écarts, et la foi devient aisément cruelle si elle n'est atténuée par quelques doutes. » Quelle que soit la doctrine ou la discipline que vous voulez apprendre, si on punit vos écarts au lieu de vous les pardonner avec indulgence, un conseil, fuyez à toutes jambes !
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Il y a des livres qu'on n'arrive pas à finir. Et il y a des livres que l'on n'aurait pas envie de finir mais qu'on ne parvient pas à quitter, et donc malheureusement que l'on finit, si vous voyez ce que je veux dire.... Je n'étais pourtant que moyennement attirée par ce nouveau livre de Tarun Tejpal. Un roman sur la secte Aum? Bof bof. Et puis j'ai suivi le conseil de ma petite voix intérieure qui m'a invitée à le lire. Et boum ! la révélation, l'enthousiasme ont surgi au fil des pages.
D'abord Tejpal est un très grand écrivain qui sait mener un récit, et à plus forts raison une fable. On est ici loin du style un peu journalistique de son premier roman "Loin de Chandigarh" ; "La vallée des masques" est un très grand texte, profond, magnifiquement écrit, et on est saisi, envoûté jusqu'au bout par le récit de cet ancien adepte qui attend sa mort des mains de ses anciens condisciples.
Tejpal sait admirablement nous faire passer progressivement de la fascination à l'effroi.
D'autre part, loin d'être une simple analyse du fonctionnement des sectes et de la dépersonnalisation de ceux qui en sont victimes, ce roman pose la question de notre responsabilité personnelle quant à notre propre vie, notre volonté (et donc liberté) de s'en remettre ou non à d'autres -guides imbus de leur vérité et de leur pouvoir sur les autres-
Ce roman dénonce également ces leurres que sont la volonté de maîtriser parfaitement la vie et la quête d'une pureté absolue, pureté aussi dure et tranchante que celle du diamant, et qui, au nom de sa lumière finit par faire beaucoup de morts en toute normalisation de la cruauté.
Ce qui est ici propre à la secte, est valable pour toute société, tout pouvoir politique ou religieux tyrannique et arbitraire. Rien ne peut remplacer la liberté de penser par nous-mêmes et c'est ce désir, avec le goût de la vie aussi imparfaite soit-elle qui va conduire le héros à sa mort -ou pas, car Tejpal finit son livre sur une fin ouverte en dépit de chances très minimes pour son héros de suvivre.
Ce livre, à l'écriture très musicale, est aussi un bel hommage à la musique, symbole de vie, de joie, de liberté et de bonheur, qui s'oppose à la rigueur des théories abstraites et froides. Bel hommage au doute qui doit "toujours alterner avec la foi comme la nuit et le jour", ce livre, en ces temps de fanatisme religieux et de dogmatismes intransigeants, est à mon avis un des meilleurs romans de l'année 2012.
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Epoustouflant ! Un livre dont on ne sort pas indemne !
En fait, ce livre est une fable philosophique sur les déviances, les aberrations de l'Utopie. Il s'agit de la quête de la perfection, dans une petite communauté indienne (l'ouvrage est très marqué par la spiritualité indienne) : pureté, absence d'individualisme, vérité, dépassement de la souffrance, endurance, tranquillité de l'âme… Ah, ouitche !
Le narrateur qui fut l'un des meilleurs de cette secte, vient de la fuir et sait qu'au bout de cette dernière nuit dans laquelle nous l'accompagnons, il sera retrouvé et assassiné – très précisément, saigné à blanc – par les meilleurs guerriers, les plus purs adeptes de la communauté d'où il vient. Dans l'urgence, il raconte ce qui fut sa vie et on plonge insensiblement dans l'horreur. Des exercices de concentration et d'endurance tels que les recherchent les moines tibétains et les yogis, de la purification du corps et du mental, on avance vers la décérébration, l'épuration raciale, les Lebenborn nazis, les purges staliniennes, les expériences sur les « races inférieures », les mouroirs pour handicapés, la destruction de tout amour, de toute musique, de toute pensée. le mépris de l'humain, sans cruauté, froidement, rationnellement, au nom de l'idéal.
Baignant dans l'atmosphère surréaliste de cette dernière nuit, où le narrateur se sent de plus en plus proche de ses « frères humains », personnages attendrissant de la maitresse du narrateur, de l'inspecteur des égouts voire d'un petit chat, la narration fait alterner ces scènes de tendresse et les scènes minérales, angoissantes du monde de la Vallée des Masques. Remarquablement écrit, sans temps morts, le conte philosophique avance inexorablement vers son dénouement : non pas la mort du narrateur, annoncée des les premières lignes et sereinement acceptée, mais vers la révélation finale du « secret » qui le fera fuir vers ce que les adeptes appelaient « l'outre-monde ». Or ce secret, qui résonne comme un coup de tonnerre, tout le prépare, tout le laisse prévoir, tant dans l'économie du récit que dans la logique du développement l'Utopie.
Troublant, dérangeant, un livre qui nous cogne, nous sonne et nous oblige une très profonde remise en question en nous délivrant « un grand secret : ce qui devrait faire peur aux hommes, par-dessus tout, c'est la quête de perfection »
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C'est un livre dense (plus d'un mois pour le lire j'ai battu mon record de lenteur !) mais il m'a marqué d'une façon particulière

Il m'a fait beaucoup réfléchir sur le destin les choix que l'on fait ou pas, sur le fait qu'il n'est jamais trop tard pour changer, pour prendre sa vie en mains... bref , un très bon livre qui est dense comme il faut et qu'il laissera sur moi une empreinte particulière, avec un dénouement que je n'attendais pas.
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Voilà un roman fiction ou réaliste je n'en sais rien qui me laissera des marques. Un récit qui dès le premier chapitre vous prend aux tripes et en devient addictif malgré la longueur et finit en horreur.
Un ancien frère d'armes attend sa mort au cours d'une longue nuit. Pendant l'attente de ses assassins il va raconter son ancienne dans une vallée recluse en Inde dont le chef légendaire est Aum.
Je ne vous donnerais pas le nom de cette personne cela ne sert à rien, vous comprendrais en lisant. Tout ce que je peux vous dire c'est qu'en une nuit cet homme va raconter ses souvenirs à partir de ses 4 ans. Il nous parle des croyances de son village et comment ils fonctionnent.
Alors oui ici le thème principal est l'endoctrinement dès la naissance et je peux vous dire malgré que la littérature indienne n'utilise pas les mots exacts de ce cheminement. Elle préfère utiliser des thermes philosophiques, de belles phrases poétiques pour dénoncer : violence, viol en réunion, torture, massacre et j'en passe…… La secte très connue le temple du soleil fait maison de vacances à côté.
Si j'ai bien compris Tarun Tejpal est une référence littérature contemporaine et il est avant tout un journaliste engagé. Alors je me suis demandé dénonce-t-il un fait tout en rajoutant un peu de fantastique pour nous démontrer à quel point les indiens dans des contrées profondes y croient. Il respecte la pudeur des indiens qui comme je le disais précédemment pour parler de viol var faire des phrases poétiques. En fait c'est à ces moments-là quand l'auteur parle barbarie avec douceur que j'étais perdue. Pourquoi autant de pudeur au point de faire accepter au lecteur cette horreur. Et en fait je me suis on est dans la tête de cet homme qui lui ne voyait aucun mal. Son éducation directive, possessive où la personnalité est effacée ne le laissait pas d'ouverture d'esprit.
Malgré le sujet cruel, c'est une très belle lecture qui nous ouvre au monde indien surtout dans les contrées lointaines où des personnes peu recommandables font ce qu'ils veulent des non-instruits. C'est un roman coup de poing pour pousser le gouvernement indien à surveiller ce genre de barbarie et ouvrir l'école à tous. Je vais lire le best-seller Histoire de mes assassins car étant journaliste d'investigation avant tout je me doute que Jarun Tejpal ne s'est pas fait que des amis.
Pour les amoureux de l'Inde, de son histoire mais pas seulement les beaux paysages et son Taj Mahal, je le conseille. On y voit une autre vision bien plus complexe.
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Dès le début de ma lecture, je me suis accrochée au ton, celle d'un vieux sage qui détient un secret. Sa voix, au cours de la nuit, va nous conter une fable, celle de la tribu à laquelle il a appartenu et en laquelle il a eu confiance de nombreuses années.

Certains se laisseront envoûter par l'imagination fantastique de l'auteur qui a imaginé cette société en quête de la vérité et de la pureté. Dans cette secte créée par Aum, avec son disciple Ali, vivent les Wafadar, les Yodha, les Grands Timoniers. On se retrouve au Sérail des Bonheurs fugitifs, au Creuset des Pulsions inéIéluctables. Tous les noms sont évocateurs et poétiques. Mais le but ultime est de dépersonaliser les adeptes de cette société en leur donnant un nom de code et même en leur retirant leur visage grâce à un masque, appelé l'éffigie. Aum voulait ainsi dénoncer le sentiment d'égoïsme, de capitalisme, de suprématie et de sauvagerie de la société de l'outre-monde.

Mais cet idéalisme entraîne l'exploitation des femmes, le rejet des faibles. L'auteur montre parfaitement le désir d'excellence du narrateur, Karna mais aussi ses périodes de doute.

Derrière cette construction très riche, ce qui m'a intéressée est l'analyse de société, de voir comment une idée, un meneur peut endoctriner des âmes. L'auteur montre les dérives sectaires et l'on pense inévitablement aux dérives de régime totalitaire, aux endoctrinements de mouvements intégristes ou religieux.

" Ils ont compris que l'homme doué de l'éloquence d'un dieu était souvent désireux de détrôner les dieux. C'est à la suite de cet épisode que le Père Bienveillant a promulgué une loi interdisant aux beaux parleurs d'intégrer le rang des purs."

J'ai beaucoup aimé la construction du roman qui alterne les récits du passé du narrateur et son attente au cours de cette dernière nuit en outre-monde. Il alterne le spectaculaire du récit personnel avec les réflexions de Karna sur la nature de l'homme.

Tarun Tejpal a ainsi construit une fable, un grand roman qui permet d'avoir une vision éclairée sur le danger de certaines utopies. L'auteur donne à réfléchir et prône l'intérêt du doute en alternance avec la foi.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Alors le voilà mon seul coup de coeur de la rentrée, pour l'instant et contrairement à ce que mon blog reflète, j'ai lu une vingtaine de romans.

Un homme est seul. Il écoute le sifflement du train, un son qu'il aime par dessus tout et surtout, il attend la mort, certain que c'est ce soir que l'un des ses anciens compagnons va venir l'assassiner. Mais avant de mourir, il décide de raconter ce que fut sa vie parmi les adeptes du gourou Aum. Dans l'endroit où il est né, tout était fait pour que personne ne s'attache aux gens ou aux objets. Elevés tous ensembles par plusieurs mères, les enfants ne savent pas qui est leur génitrice mais en fait, ils le devinent vite car les gestes d'une vraie mère sont bien plus tendres. Ensuite, les enfants sont élevés afin de devenir des guerriers et ces adultes ne doivent s'attacher ni aux femmes (même si les relations sexuelles sont encouragées mais "encadrées"), ni aux arts (la musique et le chant sont interdits). Ici, on ne questionne pas:

Les croyants savent qu'il n'existe pas de questions inédites. Toute question digne de réflexion a déjà été posée, une réponse lui a été donnée. le ver du doute, le corbeau de la question: ignore-les, anéantis-les.

Tandis que notre narrateur grimpe dans la hiérachie, il est témoin d'actes insoutenables qu'il accepte comme naturel:

Ensuite, j'allais chercher la fille. le plus souvent, elle n'avait pas treize ans, tout juste onze. [...] La règle est inflexible: l'initiation par l'Eclairé devait avoir lieu après la première menstruation. Traire une génisse n'a aucun sens.

Après le viol, voilà comment il explique les réactions des jeunes filles:

Rendre l'initiée à la réalité après l'euphorie de ce qu'elle venait de vivre était une autre paire de manches. Je la trouvais souvent en extase ou plongée dans la stupeur, parfois même pleurant, tandis qu'elle luttait pour intégrer cette merveilleuse expérience à sa vie de tous les jours.

Tarun Tejpal traite le narrauter avec beaucoup d'ironie, ce qui apporte une petite teinte d'humour dans un thème bien lourd. Et les lectrices auront les cheveux qui se hérissent à de nombreuses occasions, je vous en livre un exemple:

[La femme] est semblable à un champ;, stérile au début de sa vie comme à la fin. Il est donc nécessaire et urgent de mettre à profit tout le temps où elle est fertile pour la labourer avec une diligence infatigable afin de tirer d'elle la récolte la plus abondant possible.

Il ne fait pas bon être une femme dans cette société pensée par des hommes.

Ce roman qui est une allégorie de l'endoctrinement dénonce aussi le système des castes avec le personnage de l'inspecteur des égouts qui s'est attachée aux hommes qu'il dirige et dont le travail consiste à nettoyer ce que les autres castes rejettent.

Ce roman est intelligent, très bien écrit (bravo à Dominique Vitalyos pour la traduction française). A lire absolument.
Lien : http://vallit.canalblog.com/..
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