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Critique de Sachenka


Je commence d'emblée en précisant que Loin de Chandigarh n'a pas du tout répondu à mes attentes. Bien sûr, j'en avais beaucoup entendu parler et parfois il est mieux de se méfier de la réputation qui précède certains romans… Mais ma mauvaise impression est en partie due à une erreur de ma part : tout ce temps, j'avais mal lu le titre. Je croyais avoir vu Chandernagor, cet ancien comptoir de la France en Inde. Ainsi, je m'attendais à trouver un peu de cette aura française, marcher ses rues et ses vieilles demeures coloniales, fouler son histoire, sa grandeur d'antan. Mais non. (En passant, le titre original est The Alchemy of Desire, qui lui convient mieux, selon moi. Parfois, je me demande ce qui passe par la tête des traducteurs ou des éditeurs…) Toutefois, ma mauvaise impression est beaucoup due aux choix discutables de l'auteur, Tarun Tejpal. En effet, le roman est constitué de deux récits, l'un étant imbriqué dans l'autre, chacun étant beaucoup plus long que nécessaire. Trop, même.

Le roman s'ouvre sur un jeune couple qui vit dans la grande ville. le lecteur a droit aux descriptions habituelles d'une Inde moderne, grouillante, étourdissante. Toutefois, Delhi, on commence à connaître alors les descriptions à n'en plus finir… ouf ! Au moins, c'était fait avec humour, cela allégeait un peu la lecture. Puis il y a ce couple, le narrateur et sa conjointe Fizz. Un musulman et une sikh. Les enjeux liés à la religion sont peu abordés, chacun trouvant l'épanouissement dans la sexualité. Après tout, rien n'est plus naturel que le désir charnel, non ? Chez moi, les relations entre gens de différentes religions ne sont pas un si grand enjeu alors je n'ai pas trop accroché. Ceci dit, peut-être que c'est encore tabou en Inde. Quoiqu'il en soit, ce n'est pas suffisant pour vivre dans une grande ville indienne alors le couple s'achète une jolie petite maison à la campagne, Chandigarh.

À ce point, le lecteur est rendu à la moitié du roman, environ, et il ne s'est rien passé de notable... à part des scènes de baise assez crues. En quoi tous ces ébats amoureux – entrecoupées de quelques frustrations professionnelles – peuvent bien mener ? À une vie rangée. Eh bien non. le narrateur trouve les carnets laissés par l'ancienne propriétaire des lieux plus d'un demi-siècle plus tôt.

Le roman bascule dans sa deuxième partie. Dans ces carnets, Catherine, une jeune héritière américaine, voyage en Europe, rencontre un prince indien (à ce point, elle ne sait pas encore qu'il appartient la royauté) et accepte son invitation à le rejoindre dans son pays d'origine. le choc ! Ici, le lecteur a droit à un condensé de l'histoire de l'Inde au tournant du post-colonialisme. On me fait encore la leçon ! Non, mais… Pour résumer rapidement, la relation entre Catherine et son prince s'appuie surtout sur l'affection et la tendresse, un respect mutuel. Toutefois, puisqu'elle se trouve au pays du Kama Sutra, ses élans charnels seront néanmoins assouvis.

Quand le lecteur termine cette deuxième partie, il reste encore trop de pages au roman. Cette lecture devrait avoir transformée le pauvre narrateur mais, selon moi, c'était très mal exploité. Pour tout dire, je n'y ai pas cru. Tarun Tejpal a eu une excellente idée, je la trouve originale, pleine de potentiel, mais drôlement arrangée. L'une des deux parties était trop longue – en fait, les deux étaient trop longues, mais bon… le couple moderne met la main sur les carnets trop tardivement, ils n'auraient pu n'en lire que des extraits et, pour que ça vaille la peine, ils auraient dû en être davantage transformés. Plusieurs occasions manquées et, dans mon cas, beaucoup de temps perdu.
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