Formidable. Après Mme de Montespan de Michel de Decker, le point de vue de Monsieur par jean
Teulé ! Ayant lu les deux ouvrages à la suite, je ne peux pas m'empêcher de faire le parallèle.
On retrouve les mêmes événements historiques, mais l'écriture enlevée et piquante de
Teulé nous transporte vers une toute autre interprétation, plus romancée et plus libre, de ce mari cocufié sur la place publique, par le roi
Louis XIV, qui a fait de sa femme Françoise Athénaïs de Montespan, sa favorite.
Certains blancs ou clairs-obscurs de l'histoire sont clairement revisités. Comme par exemple la suggestion que Monsieur soit resté passionné et transis d'amour envers sa femme presque jusqu'à la fin. Comme la suggestion qu'il aurait assisté à une de ces cérémonies d'incantation et de sacrifices d'enfants - un cadavre déterré de l'affaire des poisons- et dont Madame a été accusée sans que les écrits qui nous soient parvenus ne puissent le prouver. Pour
Teulé, c'est cette abomination qui aurait finalement détourné son mari de son amour, plus que le prétexte de sa maladie. Pour Decker, il se serait détaché d'elle bien plus tôt, l'aurait même enterrée spirituellement, et n'aurait jamais répondu à sa dernière lettre quémandant son retour, après sa disgrâce.
Entre les deux ouvrages, beaucoup d'éléments divergent, tout en se recoupant. Sans parler de l'éternelle controverse sur la personnalité d'Athénaïs : femme froide et sans pitié ou simplement frivole mais néanmoins généreuse.
Qui a raison, qui a tort ? L'Histoire est décidément le plus grand "remake" de la vie, constamment revisitée, constamment réinterprétée.
Jean Teulé propose une autre interprétation, qui n'en reste pas moins belle.