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Critique de LesAutomnHalles


Ce livre est d'abord un hommage fervent à la Venise du XVIIIe siècle qui a vu naître les trois glorieux personnages dont l'auteure retrace la fin de vie, chacune à sa manière, loin de leur ville natale. L' incontournable musicien Antonio Vivaldi, la portraitiste Rosalba Carriera et le non moins incontournable aventurier-écrivain Giacomo Casanova, se retrouvent chacun leur tour au soir de leur vie. C'est le temps des souvenirs, des bilans, des regrets, des douleurs et aussi de la solitude, après le temps de la gloire et de la célébrité, à Venise comme à travers l'Europe. La façon originale de l'auteure d'imaginer pour chacun l'exil après leur vie fastueuse et tout à fait remarquable grâce à une grande maîtrise d'invention, nourrie d'une importante documentation. Les chapitres consacrés à Vivaldi, le prêtre roux, sont ingénieusement bâtis sur sa musique, suivant les mouvements rythmiques et sonores Andante, Adagio et Allegro vivace. Au début du livre, on voit souffrir Vivaldi, seul et malade, à Vienne dans la pension de Frau Wahler qui prend soin de lui. Il revit ses rencontres, ses expériences musicales et son attachement touchant à son interprète préférée, la française Anna Giraud, qu'il nomme "Giro"à l'italienne. de son enfance, Vivaldi dit qu'elle "fut une longue course dont la musique guidait le pas." Avant sa mort, Vienne s'efface devant Venise et la course reprend: "Je cours et ne vois de ma ville que des reflets...Libre, je suis enfin libre de voler...Comme les mouettes au-dessus du bassin de l'Arsenal, comme les barques filant sur la lagune...Et cette lumière qui monte, ce feu qui émerge de l'eau, cette rumeur pareille à une musique...ma ville, ma ville retrouvée. Deuxième personnage," Rosalba Carriera, peut-être moins connue (je ne la connaissais pas), bien que seule des trois à mourir à Venise dans le quartier du Dorsoduro, vit un exil intérieur. Elle, peintre officielle des cours européennes la plus célèbre de son temps, vit la tragédie de la cécité et ne perçoit plus ni les couleurs ni la lumière du jour. Son seul souhait est de rejoindre enfin ses chères modèles, "les colombes de Dorsoduro" , dont elle n'a pas oublié "les étreintes délicieuses".

Dernier personnage, Casanova, exilé à Dux en Bohème où il est employé comme bibliothécaire par le comte Waldstein, subit les moqueries des domestiques du château et les douleurs de son vieux corps malade. Il est temps pour lui de se consacrer à l'écriture de ses Mémoires. Inguérissable séducteur, il revêt son plus beau costume d'apparat pour son dernier départ. Écoutons Casanova rendre hommage à sa ville natale: "Venise, voyez-vous, est bien plus qu'une ville. Comment dire? Une espèce de songe posé sur l'eau. un songe fait de pieux, de pierres , de biques." Enfin, je partage l'amour que porte indéniablement Michèle Teysseyre à Venise et à l'Italie et je reconnais volontiers être entrée avec plaisir dans la vie et les confidences des personnages qui nous apparaissent, grâce à la plume élégante et juste de l'auteure, sous de nouvelles lumières.
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