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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est un roman étrange, qui file comme la vie, de pages en pages, lentement, brusquement, avec douleur, avec bonheur, avec tendresse, qui parle de la souffrance, qui aborde la maladie, le temps qui passe, la difficulté d'être parents ou même enfants, qui parle de l'oubli. J'ai vraiment aimé, et s'il y a quelques lenteurs, quelques longueurs, je les ai ressenties comme les reflets d'une vie.

Eileen est issue d'une famille d'émigrés irlandais, d'un père ancien camionneur qui passe ses soirées dans les bars, idole de tout un quartier et d'une mère qui sombre dans l'alcool pour oublier la grisaille du quotidien. Dans le Queens des années d'après-guerre, son enfance en demi-teinte va lui donner l'envie de s'en sortir, d'étudier pour avoir une vie plus belle, dans ce New York où tout est possible si l'on s'en donne la peine. Trouver un mari qui lui permettra de s'en sortir est indispensable, et Ed Leary, chercheur et professeur promis à un brillant avenir, lui parait être un parti tout à fait acceptable. Pourtant, très rapidement, Eileen se rend compte qu'Ed na pas la même vision de la réussite sociale ni les mêmes aspirations qu'elle.
Néanmoins, Eileen va tout faire pour réussir, pousser son mari à accepter des postes plus favorables, acheter l'indispensable maison confortable qui peut assoir sa réussite, avoir des enfants, accéder dans son travail à davantage de responsabilité, mais aussi profiter de la vie, pour atteindre le rêve américain. C'est une mère qui a assez d'ambition et de pugnacité pour faire progresser toute sa famille au sein de la société américaine. Eileen et son mari vont devoir faire des emprunts pour assurer les études de son fils, et là l'auteur aborde une contrainte toujours actuelle de ce rêve américain qui est bien loin de notre confort français, le coût exorbitant des études aux Etats Unis. Ils feront aussi des emprunts pour acheter un bien plus belle maison, celle dans laquelle on est fier d'inviter les amis pour leur montrer sa réussite. Tout marche bien et le rêve se réalise peu à peu, même s'il reste beaucoup à faire pour concrétiser toutes les aspirations d'Eileen.
Mais c'est sans compter sur la maladie de Ed qui va s'insinuer dans ce projet de vie que rien de semblait pouvoir freiner. Insidieuse et violente, sans retour possible vers une vie normale, une maladie à laquelle Eileen va devoir faire face seule. Son fils va se défiler, ne pas pouvoir être là pour aider ce père qui diminue chaque jour, ce père avec qu'il il allait suivre les matchs de base-ball au stade. Difficile de lui en vouloir vraiment, même si avec le recul le lecteur sait bien qu'il passe forcément à côté d'instants de vie irremplaçables à partager avec son père. C'est la lente progression d'une arme destructrice, cette maladie détruit les êtres qu'elle touche, mais aussi ceux qui les entourent. On peut penser qu'Eileen n'est pas toujours très sympathique, même si elle n'est pas non plus antipathique, mais on ne peut nier qu'elle saura faire face dans l'adversité la plus profonde et la plus terrible.
Et là éclate comme une évidence le fait que dans la vie, il n'est pas toujours nécessaire de vouloir plus pour vivre mieux, et surtout qu'il est primordial de profiter de tout et de tous au jour le jour, de dire à ceux qu'on aime qu'ils comptent vraiment, avant qu'il ne soit trop tard pour le faire.
L'auteur nous présente une vision intéressante de New York des années 40 à 90. Avec Eileen, nous vivons l'évolution des quartiers, du Queens mais aussi du Bronx avec l'arrivée de ses différentes populations d'émigrés qui changent au fil des décennies. Eileen trouve son quartier trop différent de celui qu'elle a connu enfant, elle y perd tous ses repères et souhaite en partir pour habiter enfin la maison victorienne de ses rêves, celle où elle trouvera enfin le bonheur. J'imagine que c'est le modèle idéalisé de la promesse américaine d'un monde meilleur et de la réussite pour tous, en particulier après la seconde guerre mondiale.
Dans ce roman, nous découvrons aussi la spécificité de l'assurance maladie aux USA, où il est parfois nécessaire d'hypothéquer tous ses biens pour se soigner correctement. C'est un monde tellement loin de notre confort de soins français qu'il est à peine compréhensible. Eileen saura faire face, y compris lorsque la solution la plus favorable lui conseillerait de divorcer pour ne pas risquer d'être ruinée, elle restera fidèle comme un roc à Ed, ce mari auquel elle s'est attachée, malgré le peu d'élans de tendresse et de signes apparents de cet amour dont elle fait preuve, sans doute victime de son éducation et de son époque, où les sentiments ne doivent pas être démonstratifs.

Un premier roman attachant, émouvant, qui se lit très bien malgré ses presque huit cent pages. le rythme fluide et direct est parfois lent, comme en symbiose avec le temps qui passe. C'est une belle découverte.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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J'ai eu le plaisir de recevoir ce roman dans le cadre d'une opération masse critique Babelio.

C'est un pavé de presque 800 pages et j'ai, pour la première fois, eu peur de ne pas être dans les temps pour rendre ma "copie" parce que je n'ai pas toujours pu m'y plonger comme je l'aurais voulu, bien que je l'ai traîné partout, en en prenant grand soin parce que je le trouvais très beau (l'image de la couverture, le carton de la couverture, tout doux...).

On y lit la vie d'Eileen Tumulty (déjà, le prénom m'a fait penser sans cesse à cette chanson), fille unique de parents immigrés irlandais dans le Queens d'après-guerre. Son père est une figure très charismatique du quartier, sa mère est dépressive, puis alcoolique, ils ont des problèmes de couple et c'est Eileen qui doit avoir les épaules pour que sa première famille se relève. C'est une petite fille trop sérieuse chez qui on voit poindre l'envie de "s'en sortir". Cette première partie m'a beaucoup parlé parce que sans avoir eu une enfance aussi compliquée que celle d'Eileen, j'ai été vraiment dans le même état d'esprit, avec la même "ambition" professionnelle (pas le même métier, mais pas si éloigné, non plus...) comme objectif d'accomplissement personnel.

Bref, elle devient infirmière, elle, et son volontarisme lui permet une assez bonne évolution de carrière. Elle épouse Ed, brillant enseignant et chercheur dont on comprend vite que même si elle en est amoureuse, elle l'a également choisi parce qu'il rend encore plus accessible son "plan de vie". Sauf qu'il n'a pas les mêmes ambitions qu'elle pour lui-même et sa carrière, de ce fait, progresse moins qu'elle ne l'espérait (il refuse les promotions par idéalisme). Ils ont un enfant, qui à son tour devra se plier aux rêves maternels. Je n'ai pas aimé l'Eileen de cette partie du livre, intransigeante, réac, éternelle insatisfaite franchissant sans mauvaise conscience la limite du chantage affectif pour imposer ses vues et ses désirs à son mari et à son fils. J'ai éprouvé une certaine compassion à son encontre mais ne m'y suis pas du tout identifiée : son personnage est intéressant, complexe tout en demeurant cohérent. Mais j'ai surtout eu de la peine pour ceux qui devaient supporter au quotidien sa façon de décider pour tous.

C'est aussi le moment où on commence à sentir que la catastrophe couve, même si on ne sait pas trop par lequel des membres de la famille elle commencera: le fils ado malmené par ses camarades? Ed qui semble soudain "perdre ses moyens" et se renferme de plus en plus alors qu'il nous avait été dépeint comme un mari, un père et un professeur attentif? Eileen et sa propension à la fuite en avant, qui s'emballe pour des maisons qui ne semblent pas dans leurs moyens?

Et puis survient la tuile, l'annonce qui marque la fin de son insouciance et de ses rêves de voir sa vie devenir encore meilleure, le début d'une chute inéluctable. Elle fait face à l'adversité et se montre un soutien inconditionnel pour Ed, même s'il ne servira plus ses intérêts. Elle ne se contente pas de sauver les meubles (les joies du système de santé américain !), de se comporter en "épouse-courage" pour sauver les apparences, mais son dévouement, son amour, son admiration pour les qualités que son mari a montrées (lorsqu'elles ne les reconnaissait apparemment pas) sont sincères et c'est avec une certaine surprise que je l'ai vue se révéler autrement que ce que j'aurais supposé, toujours exigeante et peu chaleureuse avec son fils devenant homme dans la douleur, mais ouvrant quelques fenêtres dans sa propre psychorigidité. J'ai trouvé que la fin du roman éclairait la partie précédente d'un jour nouveau.

Bref, j'ai aimé ce livre (à l'exception des scènes de base ball que j'ai survolées, hein... et de l'épilogue qui m'a un peu laissée "sur ma faim"), cette vraie tranche de vie au coeur du rêve américain qu'il m'a fait découvrir, la finesse des nuances entre l'absence de déterminisme (la résilience de certains personnages, la plupart, même) et l'implacable destin quand il n'y a plus rien à faire que juste faire de son mieux (et là, j'ai fait des pieds et des mains pour éviter de me projeter, brrr). Je remercie Babelio et les éditions Belfond de m'avoir offert cette lecture.
Lien : http://rongeursdebibli.canal..
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Matthew THOMAS dresse dans ce premier roman un portrait de femme qui court de l’enfance à la vieillesse. D’où l’épaisseur de ce livre : 860 pages.

L’héroïne, Eileen Tumulty, naît à New York au début des années 50 au sein d’une famille d’origine irlandaise. Fille unique d’un père camionneur, figure emblématique de son quartier, et d’une mère qui fait des ménages dans les écoles, elle passera toute son enfance dans le quartier du Queens.

Eileen n’est pas très heureuse, sa mère étant la plupart du temps sous l’emprise de l’alcool. Mais elle a de l’ambition. Elle est certaine que sa vie sera meilleure que celle des ses parents. Son diplôme d’infirmière en poche, elle tombe amoureuse d’Ed, professeur d’université et l’épouse.

Sa ténacité lui permettra de gravir les échelons et de devenir infirmière en chef de l’hôpital où elle travaille. Elle donne naissance à un fils, Connell.

Eileen continue de s’accrocher à ses rêves de viser plus haut et de sortir de sa condition sociale. Elle est persuadée que son mari, professeur réputé, obtiendra un poste dans une université prestigieuse ou deviendra doyen. Or, Ed refusera les deux possibilités de carrière quant elles lui seront offertes. Pour Eileen, c’est la douche froide. Elle ne comprend pas le refus de son mari. Les relations se tendent, Eileen s’endurcit.

Elle ne supporte plus le quartier où ils vivent, celui-ci ayant été, selon elle, envahi par les communautés indiennes et hispaniques. Elle veut habiter à tout prix dans la grande banlieue de New York, dans un quartier beaucoup plus chic, même si pour ce faire, sa famille doit vivre dans une maison quelque peu délabrée.

Eileen se raccroche à ses rêves, et ce d’autant plus qu’elle ne comprend plus rien au comportement étrange de son mari depuis quelques années. Elle envisage même de divorcer jusqu’au moment où elle apprend qu’il souffre en fait d’une forme précoce de la maladie d’Alzheimer.

Viendra alors pour Eileen le temps d’une longue descente aux enfers. Elle devra faire le deuil de son couple, de sa vie de femme, affronter le regard des amis pas toujours bienveillants, composer avec la fuite de son fils étudiant qui ne peut supporter de voir son père dans cet état.

Matthew THOMAS nous raconte la vie d’une femme avec une très grande justesse, même si j’ai trouvé parfois quelques longueurs. C’est un roman profond sur la vie et la façon dont chacun d’entre nous s’efforce de la vivre.







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Un de ces beaux et longs romans comme je les aime.
Pour une fois, le "rêve américain" n'est pas si enchanté que ça.
Et c'est la vraie vie, ses désillusions et ses renoncements, qui sont ici importants.
On ne le ferme pas définitivement sans ressentir un petit chamboulement, au creux de l'estomac...
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Ce roman nous entraîne au coeur des Etats-Unis entre 1940 et 2010 grâce à la vie d'Eileen. D'abord enfant, elle nous fait part de sa vie de fille d'immigrés et des problématiques liées à ce statut. Elle nous montre son cadre de vie : des conditions de vie modestes, un père plus que respecté dans le quartier, une mère pas maternelle, portée sur l'alcool. Eileen n'a alors qu'une ambition : aller toujours plus haut. Nous la suivons alors en tant que femme, puis épouse et mère.

On retrouve des questionnements sur le fameux American Dream, mais aussi sur la position de la femme. On y aborde aussi la question de la classe sociale, la maladie, le rêve et la volonté d'ascension sociale. Ce roman nous permet donc de nous plonger dans l'univers des Etats-Unis sur une période plutôt longue et de voir l'évolution, d'être complètement imprégné par l'époque et ses changements. Nous débutons les premières pages en 1940 et sans s'en rendre compte, nous voici en 2010. le style de Matthew Thomas nous permet de lire les pages sans y prêter réellement attention, malgré le poids du roman ! (Cela dit il peut presque être considéré comme une arme de défense dans le sac à main !).

Les personnages sont émouvants, Eileen m'a globalement touchée, même si parfois je ne la comprenais pas totalement. Elle m'a parfois agacée, parfois donné envie de la secouer mais on en retient une femme forte, une femme qui sait ce qu'elle veut. Eileen est donc une femme forte et surtout très ambitieuse, ce qui ressort d'autant plus lorsqu'on la voit face aux hommes qui l'entoureront durant sa vie, qui au contraire manquent cruellement d'ambition. Ses parents m'ont émue, même si la mère m'agaçait, elle permettait de donner du corps au roman, de nous illustrer à quel point l'American Dream n'est pas si simple. le fils d'Eileen est également émouvant, il permet d'avoir la vision d'un homme … Simple. Qui n'est pas dévoré par l'ambition, qui a des colères en lui, qui est humain tout simplement.

Ce roman n'est pas hyper joyeux, mais il vous entraîne dans la vie d'une personne. Vous la suivez depuis sa petite enfance à la vieillesse, et c'est très réussi, on a vraiment l'impression de la suivre sur toute cette période, c'est très crédible. Rien ne nous est épargné. Et c'est pourquoi il est autant réussi. Quand on repose le roman, on y repense, on s'interroge. Les personnages sont humains, plein de défauts.

Un pavé qui vaut le détour, un joli premier roman.
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Je ne pensais pas venir à bout de ce gros pavé. J'avoue que ça me faisait peur mais on s'attache vite aux personnages et on se laisse porter.
Belle découverte !
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Fresque familiale sur 50 ans évoquant le thème de l'American Dream ou comment
une petite fille d'un quartier défavorisé décide de prendre sa vie en main.
L'auteur nous décrit son ascension sur plus de 850 pages , c'est avec minutie qu'il
fait vivre Ellen avec ses espoirs ,ses déboires . Femme peu attachante , elle n'a pour
seule ambition que de s'élever socialement . Les autres protagonistes sont son mari
Ed et son fils Connell . Et puis la maladie d'Alzheimer s'invite , l'auteur en parle avec
justesse , on découvre des nouveaux sentiments , on peut parler d'amour.
C'est avec émotion que j'ai refermé ce livre.
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Eileen a embrassé très tôt le rêve américain : un métier, une maison, un mari et des amis à la hauteur de ses ambitions. Seulement voilà, la vie réserve parfois bien des surprises à ceux qui croient pouvoir en faire ce qu'ils veulent, tout planifier de leur vie et de leur ascension sociale.

Ed est le meilleur des maris mais il n'est absolument pas matérialiste ; la petite maison est acquise mais le quartier devient vite très (trop) populaire, Connell est un gentil garçon mais il ne partage pas les idéaux de sa mère, les amis sont présents mais réussissent parfois mieux...

Et puis, quand enfin Eileen aura La maison de ses ambitions, la vie s'en prendra à Ed de façon terrifiante et elle sera obligée de faire face. Elle ne manquera d'ailleurs ni d'amour, ni de courage, n'étant pas une femme à baisser les bras facilement.

Il se dégage entre les lignes de ce roman une leçon primordiale : profitons de l'instant présent et sachons voir ce que l'on possède déjà car personne ne sait ce que la vie réserve. A force de dire : "je serai heureux quand j'aurai une autre maison, une autre voiture, un autre job..." l'être humain passe souvent à côté de l'essentiel.

Un roman très attachant et très émouvant sur la poursuite des rêves et du bonheur. Des chapitres poignants sur le combat contre une maladie terrible, autant pour la personne que pour son entourage.

Un livre qu'on lâche à regret après l'avoir refermé et qui nous fait prendre conscience que la vie est à vivre et à apprécier chaque jour, chaque minute.



Lien : http://isabelle-passions.ove..
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