Ces mêmes Maîtres-Chanteurs de Nuremberg, ébauchés jadis, et qu'il reprend, qu'il façonne, qu'il élargit puissamment. Ah! cette fois, il ne s'agit plus guère d'un opéra-comique ! L'oeuvre autrefois conçue dans le « genre léger » devient une haute comédie, et de la plus grande portée, avec, parfois, les allures d'un pamphlet : c'est tour à tour une évocation fidèle de la vie germanique et un chant de gloire en l'honneur de l'art allemand; c'est surtout un défi porté à l'ignorance et à la routine, et, en dernière analyse, l'oeuvre la plus robuste, en même temps que la plus hautaine, de son auteur.
En somme, il est fort heureux que Wagner ait attendu longtemps avant d'achever son oeuvre, car il n'est pas douteux qu'écrite en 1845, elle eût été d'une portée beaucoup moindre. Il sentit bien que l'heure n'en était pas venue, car, après en avoir rapidement écrit l'esquisse, et sans prendre aucun repos, il s'attaqua résolument à un autre sujet: Lohengrin.
Pendant seize années entières, il laissa complètement reposer les Maîtres-Chanteurs