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Critique de YvonS


1965. Aveyron. Une auberge presque vide au bord d'un lac de barrage qu'on est en train de vider peu à peu. Un seul client, un ingénieur sans grand intérêt. Et une "famille"'. Trois femmes et un jeune homme. Victoire, veuve cinquantenaire, mourante et qui dirigeait l'auberge. Soeur Marie, dite Gloutonna, la fille du vieux mari de Victoire. Eve, 20ans, nièce et fille adoptive de la mourante, soeur d'Ange, 25 ans avec le mental d'un enfant de 10 ans.
Qui va hériter de l'auberge et devra s'occuper du fantasque Ange?
Si vous attendez des scènes où l'on se déchire, où l'on s'insulte, où l'on se fait des coups tordus, passez votre chemin. Ici, on se tourne autour, on n'ose pas ou pas assez. le non-dit règne parce qu'on sait qu'il y a un secret. Victoire le détient, elle a envie de s'en libérer, mais en aura-t-elle le temps? Soeur Marie est boulimique, que compense-t-telle? Eve joue avec l'idée du suicide ou de la fuite vers le Monde, l'Ailleurs... Ces trois là n'ont que faire des hommes alors qu'ils sont au centre de tout. Ou presque. Les hommes du passé, ceux du présent... On est en 1965. Le féminisme est encore loin mais il pointe son nez dans la tête d'Eve. Qui se verrait bien partir vivre sa vie.
Mais il y a Ange...
Toutes attendent le conflit, les aveux, sauf peut-être Victoire qui manipule les autres en se servant de sa mort prochaine...
Jean-Christophe Tixier raconte les pensées, les tensions au travers des corps, de leurs attitudes, de leurs douleurs, de leurs vides. Et par le  paysage, ce lac qui se vide révélant peu à peu ce qui reste du passé. La guerre est finie depuis 20 ans, mais pas dans tous les esprits. Les rancunes sont tenaces. Et puis, les hommes. Absents, morts ou si peu présents. La mort désirée, attendue, espérée. le lac, ses eaux noires. Pourtant c'est l'été.
Les références aux années 60 sont parlantes, l'actualité, les chansons, Barbarella... On n'est pas encore dans le monde d'après, celui où les femmes vont revendiquer leur place, leur indépendance. Celui où peu à peu on va effacer les hommes. Pour vivre. Ou tenter de vivre... pourtant il est déjà là. 
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