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EAN : 9782226458261
304 pages
Albin Michel (03/03/2021)
3.08/5   61 notes
Résumé :
« Cette terre n'avait pas besoin de fantaisie pour demeurer ce qu'elle avait toujours été ».


Eté 65, quelque part dans l'Aveyron.Trois femmes se déchirent autour de l'héritage d'une auberge. À proximité, un barrage qu'on vidange. Et l'eau du lac qui baisse inexorablement, dévoilant progressivement les secrets du passé...

Remarqué pour son premier roman "Les mal-aimés" (Prix Transfuge du meilleur polar français 2019), Jean-Christ... >Voir plus
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Voici ma première lecture pour le prix du Livre France Bleu – PAGE des libraires 2021, autant vous dire que j'avais un peu de pression en commençant ma lecture ! Un peu à l'image du jeune poilu qui partait à la guerre en 1914 et qui pensait être de retour chez lui pour Noël, j'ai naïvement pensé que cette lecture, je n'allais en faire qu'une bouchée !

Vous commencez à me connaitre, je suis une personne qui se soucie des autres et qui est très sensible. Alors en lisant le résumé en quatrième de couverture, le doute n'était pas permis : cette histoire de femmes brisées, attachées à leur terre, dans une vie sans couleurs, allait me toucher et même m'émouvoir…

Jean-Christophe Tixier nous offre ici un roman noir où il décide de mettre en évidence la complexité de l'âme humaine et des relations entre les hommes et les femmes. C'est dans une ambiance miteuse qui sent limite la poussière et le moisi que l'auteur nous embarque, dans une vie sans couleur et terne où les jours passent lentement et se ressemblent tous.

Pendant plus d'une centaine de pages, j'ai trouvé ça long, très long et plat, beaucoup trop plat. Certes le cadre du huit-clos est posé et on ressent parfaitement la chape de plomb nous étouffer, nous bloquer dans ce village austère, dans cette auberge qui date d'une autre époque. Mais pour ma part, j'ai trouvé cela trop plat, au fil des pages je savais que l'une de ces trois femmes allait dégainer, allait déverser sa haine, sa rage et sa colère mais j'ai trouvé la montée en tension trop longue pour dévoiler une fin que j'avais très rapidement pressentie. Dommage car cela me laisse l'impression de passer à côté de quelque chose.

En revanche, là où je veux souligner le coup de maître de l'auteur, c'est d'avoir réussi à dépeindre avec brio cette société du milieu du XXème siècle où la femme se trouvait le plus souvent sous le joug de son mari, sans avoir d'existence propre en dehors de celui-ci. Ici, on a affaire à des destins de femmes qui sont des féministes de la première heure qui prouvent que l'on peut faire sa vie sans s'appuyer sur un homme.

J'ai également apprécié la place qu'occupe la nature dans cette histoire, j'avais l'impression de sentir l'air frais de la montagne sur ma peau et d'entendre le bruit de l'eau en tournant les pages de ce roman ! Pour oublier la grisaille et le bruit de la vie parisienne, il n'y a pas mieux !

Je referme ce livre avec un petit sentiment d'amertume. C'est typiquement le livre que j'aurai aimé adorer, mais malgré l'histoire touchante de ces trois femmes, je n'ai pas quitté le bord de la route… Dommage !
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
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Jean-Christophe Tixier, auteur que je découvre à travers ce titre, campe trois personnages de femmes dans un huis-clos magistral, au suspense habilement maintenu jusqu'au dénouement final.

Trois femmes qui ont, ou vont, profiter de l'évolution de la société pour tenter d'échapper à leur destin. Victoire, en 1936, a bénéficié pour la première fois des congés payés et a ainsi pu partir camper avec sa bande de copains dans ce petit village reculé de l'Aveyron. Elle y a alors rencontré Joseph, un veuf, propriétaire de vignes. En l'épousant, il a accepté de vendre ses parcelles pour investir dans une auberge, lui assurant ainsi un avenir loin de la conserverie où elle était ouvrière. Marie, la fille de Joseph, n' a pas supporté l'arrivée de cette jeune belle-mère. Son destin, elle l'a confié à Dieu en devenant religieuse.
Les voilà à nouveau réunies dans l'auberge presque 30 ans plus tard. Soeur Marie-Clément-Maurice, espérant sans doute un juste retour de l'héritage, est venue au chevet de Victoire qui, atteinte d'une maladie incurable, se meurt à 52 ans. A leur côté, Ange et Eve, les neveux que Victoire a recueillis alors qu'ils étaient enfants. le seul désir d'Eve, 20 ans, est de partir loin de ce coin perdu. Un nouveau monde l'appelle, la vieille radio diffuse les Rolling Stones et elle a découvert dans une revue oubliée par un client, celle qui allait devenir son héroïne, Barbarella. En cette année 1965 où les femmes ont enfin le droit d'ouvrir seule un compte bancaire, va-t-elle savoir saisir sa chance ?

A travers ce titre, plus roman noir que polar, Jean Christophe Tixier emprisonne rapidement son lecteur dans une atmosphère de plus en plus oppressante. Au fur et à mesure que l'eau du lac voisin baisse pour la vidange du barrage, mettant à nu les vestiges de l'ancien village englouti, l'histoire se dévoile, lourde d'une violence contenue. L'auteur met en scène trois personnages de femmes fortes dans un univers fermé où les hommes ne servent que d'instruments vers la liberté, alors qu'en filigrane, on perçoit la lente évolution de cette société jusqu'alors dirigée par et pour les hommes.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Jean-Christophe Tixier qui encre sa plume dans la terre de cet Aveyron rural pour nous parler d'émancipation féminine. Entre passé et présent qui s'entremêlent indéfiniment au fil des pages, peut-être ai-je ressenti à un moment une légère impression d'enlisement de l'histoire ? Malgré cela, j'accorde un 16/20 à ce roman au titre très évocateur.
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1965 dans l' Aveyron, une auberge près d'un lac artificiel.

Victoire, la propriétaire, est train de mourir et veut régler sa succession et se libérer du poids de ses secrets.
Autour d'elle, gravitent une bonne soeur torturée et boulimique, et Ève une jeune fille elevée par Victoire, avec ses rêves d'évasion et de liberté.

Ces trois femmes vont se disputet l'héritage d'une auberge.

À proximité de l'auberge , un barrage qu'on vidange. Et l'eau du lac qui baisse inexorablement, dévoilant progressivement les secrets du passé...

Au fur et à mesure que le lac se vide, le passé remonte lui, lentement à la surface ...

Remarqué pour son excellent premier roman pour adultes "Les mals aimés" , l'auteur jeunesse Jean Christophe Tixier continue à sonder les trafonds de lame humaine. Dans ce roman noir, où tradition et modernité livrent un conflit quotidien dans un village un peu renfermé sur lui même, trois femmes tentent de s'imposer sur une vie menée par les hommes. .

Très belle psychologie des personnages ( notamment le personnage de religieuse qui trouve dans la bouilimie une sorte d'excuse à sa vie ratée), et belle description d'un environnement étouffante, âpre et pleine d'une violence plus ou moins contenue, Sa facon d'ancrer dans la grande histoire et l'évolution d'une société alors en plein bouleversant des personnages somme toutes assez modestes est subtile car elle facilite les non dits et lessecrets enfouis,

Un roman noir comme la terre, autour du portrait de trois femmes, et de la place des hommes dans l'accomplissement de leur vie.

C'est avec adresse et talent que le romancier plonge le lecteur dans un huis clos féministe éprouvant au contexte socio-historique passionnant et pertinent.

Touché au coeur le lecteur ne peut que saluer ce beau travail.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Il y a Victoire, 52 ans, qui se meurt. Ange et Eve, ses neveux qu'elle a recueilli à la mort de sa soeur et qui vivent avec elle à l'auberge. Eve a 19 ans, Barbarella, héroïne fictive d'une revue, pour modèle et rêve de liberté. Elle est prête à tout pour quitter cette auberge où elle étouffe. Son frère Ange a quelques années de plus qu'elle et souffre d'un retard mental. A ce trio vient s'ajouter Marie ou soeur Clément-Maurice, la belle-fille de Victoire qui a 6 ans de moins qu'elle et qui, comme son frère Louis, n'a jamais accepté le mariage de celle-ci avec son père, décédé depuis plusieurs années. Et Denis, l'ingénieur qui travaille sur un chantier à côté et qui représente pour Eve une fenêtre ouverte vers la liberté.
On sent bien qu'il y a beaucoup de secrets, de non dits et qu'à l'approche de sa mort, Victoire va tenter d'alléger sa conscience.

Malgré une écriture soignée, je ne me suis pas passionnée pour cette histoire. Je n'y ai pas trouvé grand intérêt. Il ne se passe pas grand chose. C'est lent, ça manque cruellement de rythme et c'est un peu ennuyeux.
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Pour vous présenter ma chronique du jour, je voulais pousser un petit coup de gueule. Rassurez-vous, je n'ai rien contre le livre présenté, ni contre son auteur, bien au contraire. Jean-Christophe Tixier est un auteur que je connais déjà depuis quelques années pour ses parutions en jeunesse, et dont je vous avais parlé, eh bien il y a un an jour pour jour !. L'an dernier, avec la parution de Les mal-aimés qui a connu un certain succès, il est passé de l'autre côté du rideau, il est devenu un auteur pour adulte. Et c'est ainsi que cet auteur, ayant plus d'une trentaine de romans à son actif, est présenté comme l'auteur de... deux romans ! Car oui, ses parutions jeunesse sont complètement invisibilisées par les éditions Albin Michel qui avaient introduit Les mal-aimés comme son premier roman ! Voilà pour ce coup de gueule, qui revient à poser la question : quand cessera-t-on de considérer la littérature jeunesse comme un sous-genre ??!

Pour en revenir à nos moutons, je n'ai toujours pas lu Les mal-aimés, mais je me suis hâtée de découvrir le dernier roman de l'auteur, Effacer les hommes, qui par ses thèmes et son ambiance sombre, me semblait suffisamment proche du précédent pour me faire une bonne idée. Nous sommes dans les années 1960, dans une campagne aveyronnaise reculée. Un ingénieur de la ville a atterri là, au beau milieu d'une cellule familiale loin d'être traditionnelle. Cet homme, en charge de vidanger le lac artificiel surplombant le barrage, est hébergé dans une auberge principalement féminine. Victoire en est la propriétaire, une femme d'une cinquantaine d'années, mais déjà mourante. Veuve très tôt, cette femme a élevé son neveu et sa nièce, Ange et Eve. Les voilà rejoints par Soeur Marie-Clément-Pierre, la belle-fille de Victoire, à peine plus jeune qu'elle en réalité. Trois femmes aux destins sombres se côtoient entre ces murs, trois femmes qui tentent de trouver leur place dans un univers dirigé par les hommes. En effet, si mai 68 n'arrivera à Paris que peu de temps après ces événements, la campagne du Sud de la France est encore bien masculine, et Victoire, cette femme ayant vécu principalement seule, y est regardée de travers.

Jean-Christophe Tixier signe ici une chronique sociale très réussie, à travers ces femmes qui, chacune, cherchent leur juste place. Victoire, alitée, se remémore son arrivée dans la région, alors que le barrage n'était qu'un projet. Ce lac qui se vide a englouti une partie de son passé, il est donc naturel que les souvenirs remontent à la surface. Sa nièce Eve, qui entre tout juste dans l'âge adulte, s'interroge sur son avenir. Doit-elle rester à l'auberge, et ainsi assurer la sécurité d'Ange, son frère retardé mental, ou bien doit-elle répondre à l'appel de la liberté et tout plaquer, même si elle n'est pas certaine d'en avoir le courage ? Et surtout, par quel moyen pourrait-elle partir ? Entre ces deux femmes aux caractères affirmés, Soeur Marie cherche sa place, elle qui est si effacée et pourtant si corpulente. Elle aussi lutte avec des souvenirs douloureux, au milieu desquels elle cherche la vérité.

Impossible de ne pas se laisser toucher par ces destins de femmes, féministes avant l'heure, qui veulent exister sans devoir s'appuyer sur les hommes. En ouvrant ce roman, ne vous attendez pas à vivre une lecture à cent à l'heure, ce n'est pas un page-turner que vous tenez là. C'est le récit d'une campagne dans les années 60, dans un temps long, où, pourtant, le lac qui se vide vient inlassablement rythmer le quotidien des personnages, faisant monter entre eux les tensions. J'ai évidemment été touchée par le personnage d'Eve, mais j'ai trouvé aussi beaucoup d'émotion dans les passages accordés à Victoire, et à son corps sur le déclin. L'auteur ne nous épargne rien de ses douleurs, de l'odeur nauséabonde qui se dégage de la chambre de la malade. Il nous met face à la réalité d'un corps en fin de vie dans des termes simples, presque crus, sans jamais tomber dans le pathos. Dans ce roman, tout est juste, à sa place, les phrases vont au plus direct, nous ouvrant de belles pistes de réflexions, nous permettant de nous pencher de près sur ces petites vies, oubliées.

A vrai dire, j'ai eu du mal à démarrer cette lecture, notamment à cause de cette narration volontairement lente. Je dois également avouer que je n'ai pas aimé la fin (je serais ravie d'en discuter avec ceux qui auraient terminé le roman). Et pourtant, une fois lancée dans ma lecture, ces personnages ont vécu à mes côtés pendant un petit moment, j'ai eu du mal à les laisser s'échapper, et je garde donc finalement une très bonne impression de ce roman. Suffisamment, en tous cas, pour vous en parler, et vous conseiller de l'acheter
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Elle inspira profondément pour se ressaisir, se dit que se servir de l’ingénieur pour décamper d’ici était la meilleure idée qu’elle ait jamais eue, et que cette pensée-là n’était pas molle. Elle refit le tour de l’auberge, rumina inlassablement ce qu’elle ressassait depuis le jour où elle avait compris que sa tante mourrait bientôt : trouver le bon moment pour partir, afin de ne pas devenir celle qui sacrifierait sa vie pour s’occuper d’Ange. Non, sa vie ne pouvait pas se résumer à ça.
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Alors elle se focalisa sur l'idée qu'elle était peut-être née trop tôt. Que le monde allait forcément changer. Qu'il ne pouvait que changer. Que les femmes, un jour, parviendraient à prendre leur vie en main, et pourraient décider ce qui était bon pour elles sans avoir besoin que leurs maris le leur disent. Que chacune aurait la liberté de choisir la voie qui était la sienne. Qu'elles seraient toutes autorisées à agir comme les hommes. Qu'elles auraient le droit de renoncer à être mères, à porter des jupes ou des robes au profit de pantalons si ça leur chantait, de devenir militaires ou bien de piloter des fusées spatiales, d'avoir un mari qui ferait la cuisine alors qu'elles visiteraient et mèneraient le monde ou bien de ne pas se marier du tout Avoir enfin une vie qui leur appartienne.
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Elle se dit que le monde était passionnant et faillit lui avouer qu'elle voulait partir, mais elle eut peur qu'il se moque d'elle. Jamais elle ne pourrait trouver les mots pour lui faire comprendre que seuls ceux qui n'avaient jamais bougé de chez eux pouvaient saisir la puissance du verbe "partir", comme seuls les prisonniers pouvaient mesurer le poids du mot "liberté.
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Eve trouva la langue française trop pauvre, se dit que ceux qui l'avaient inventée devaient être des hommes, à qui on ne pouvait dire que oui ou non, et qui étaient incapables de comprendre les moitiés de oui, les quarts de non, le mélange des deux.
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Eve repensa à ces fameux papiers que sa tante voulait faire signer à Gloutonna. Le moyen à ses yeux de protéger Ange. De lui-même et de tous les autres. Mais Eve refusait d'en faire les frais, de sacrifier sa liberté et sa vie à son frère. L'effacement de soi, ce n'était plus pour elle. Elle repensa au tourbillon de musique qui était entré dans l'auberge quelques jours plus tôt. Elle se demanda s'il produirait le même effet dans toutes les maisons, si, partout en France, il bousculerait les gens installés et chahuterait toutes les idées vieillottes. Une fois de plus, elle pressentit que quelque chose d'important allait se passer, et que tout, un jour changerait. Et elle voulait en être.
De la cuisine lui parvinrent des bruits de vaisselle et de casseroles. Elle imagina l'opulente masse noire du cul de la nonne penchée vers le placard qui faisait office de réserve, et cela l'aida à se détendre.
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Videos de Jean-Christophe Tixier (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Christophe Tixier
À l'occasion de la 19ème édition des quais du polar à Lyon, Jean-Christophe Tixier vous présente son ouvrage "La ligne" aux éditions Albin Michel.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2683949/jean-christophe-tixier-la-ligne
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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