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Voici ma première lecture pour le prix du Livre France Bleu – PAGE des libraires 2021, autant vous dire que j'avais un peu de pression en commençant ma lecture ! Un peu à l'image du jeune poilu qui partait à la guerre en 1914 et qui pensait être de retour chez lui pour Noël, j'ai naïvement pensé que cette lecture, je n'allais en faire qu'une bouchée !

Vous commencez à me connaitre, je suis une personne qui se soucie des autres et qui est très sensible. Alors en lisant le résumé en quatrième de couverture, le doute n'était pas permis : cette histoire de femmes brisées, attachées à leur terre, dans une vie sans couleurs, allait me toucher et même m'émouvoir…

Jean-Christophe Tixier nous offre ici un roman noir où il décide de mettre en évidence la complexité de l'âme humaine et des relations entre les hommes et les femmes. C'est dans une ambiance miteuse qui sent limite la poussière et le moisi que l'auteur nous embarque, dans une vie sans couleur et terne où les jours passent lentement et se ressemblent tous.

Pendant plus d'une centaine de pages, j'ai trouvé ça long, très long et plat, beaucoup trop plat. Certes le cadre du huit-clos est posé et on ressent parfaitement la chape de plomb nous étouffer, nous bloquer dans ce village austère, dans cette auberge qui date d'une autre époque. Mais pour ma part, j'ai trouvé cela trop plat, au fil des pages je savais que l'une de ces trois femmes allait dégainer, allait déverser sa haine, sa rage et sa colère mais j'ai trouvé la montée en tension trop longue pour dévoiler une fin que j'avais très rapidement pressentie. Dommage car cela me laisse l'impression de passer à côté de quelque chose.

En revanche, là où je veux souligner le coup de maître de l'auteur, c'est d'avoir réussi à dépeindre avec brio cette société du milieu du XXème siècle où la femme se trouvait le plus souvent sous le joug de son mari, sans avoir d'existence propre en dehors de celui-ci. Ici, on a affaire à des destins de femmes qui sont des féministes de la première heure qui prouvent que l'on peut faire sa vie sans s'appuyer sur un homme.

J'ai également apprécié la place qu'occupe la nature dans cette histoire, j'avais l'impression de sentir l'air frais de la montagne sur ma peau et d'entendre le bruit de l'eau en tournant les pages de ce roman ! Pour oublier la grisaille et le bruit de la vie parisienne, il n'y a pas mieux !

Je referme ce livre avec un petit sentiment d'amertume. C'est typiquement le livre que j'aurai aimé adorer, mais malgré l'histoire touchante de ces trois femmes, je n'ai pas quitté le bord de la route… Dommage !
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
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1965 dans l' Aveyron, une auberge près d'un lac artificiel.

Victoire, la propriétaire, est train de mourir et veut régler sa succession et se libérer du poids de ses secrets.
Autour d'elle, gravitent une bonne soeur torturée et boulimique, et Ève une jeune fille elevée par Victoire, avec ses rêves d'évasion et de liberté.

Ces trois femmes vont se disputet l'héritage d'une auberge.

À proximité de l'auberge , un barrage qu'on vidange. Et l'eau du lac qui baisse inexorablement, dévoilant progressivement les secrets du passé...

Au fur et à mesure que le lac se vide, le passé remonte lui, lentement à la surface ...

Remarqué pour son excellent premier roman pour adultes "Les mals aimés" , l'auteur jeunesse Jean Christophe Tixier continue à sonder les trafonds de lame humaine. Dans ce roman noir, où tradition et modernité livrent un conflit quotidien dans un village un peu renfermé sur lui même, trois femmes tentent de s'imposer sur une vie menée par les hommes. .

Très belle psychologie des personnages ( notamment le personnage de religieuse qui trouve dans la bouilimie une sorte d'excuse à sa vie ratée), et belle description d'un environnement étouffante, âpre et pleine d'une violence plus ou moins contenue, Sa facon d'ancrer dans la grande histoire et l'évolution d'une société alors en plein bouleversant des personnages somme toutes assez modestes est subtile car elle facilite les non dits et lessecrets enfouis,

Un roman noir comme la terre, autour du portrait de trois femmes, et de la place des hommes dans l'accomplissement de leur vie.

C'est avec adresse et talent que le romancier plonge le lecteur dans un huis clos féministe éprouvant au contexte socio-historique passionnant et pertinent.

Touché au coeur le lecteur ne peut que saluer ce beau travail.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Jean-Christophe Tixier, auteur que je découvre à travers ce titre, campe trois personnages de femmes dans un huis-clos magistral, au suspense habilement maintenu jusqu'au dénouement final.

Trois femmes qui ont, ou vont, profiter de l'évolution de la société pour tenter d'échapper à leur destin. Victoire, en 1936, a bénéficié pour la première fois des congés payés et a ainsi pu partir camper avec sa bande de copains dans ce petit village reculé de l'Aveyron. Elle y a alors rencontré Joseph, un veuf, propriétaire de vignes. En l'épousant, il a accepté de vendre ses parcelles pour investir dans une auberge, lui assurant ainsi un avenir loin de la conserverie où elle était ouvrière. Marie, la fille de Joseph, n' a pas supporté l'arrivée de cette jeune belle-mère. Son destin, elle l'a confié à Dieu en devenant religieuse.
Les voilà à nouveau réunies dans l'auberge presque 30 ans plus tard. Soeur Marie-Clément-Maurice, espérant sans doute un juste retour de l'héritage, est venue au chevet de Victoire qui, atteinte d'une maladie incurable, se meurt à 52 ans. A leur côté, Ange et Eve, les neveux que Victoire a recueillis alors qu'ils étaient enfants. le seul désir d'Eve, 20 ans, est de partir loin de ce coin perdu. Un nouveau monde l'appelle, la vieille radio diffuse les Rolling Stones et elle a découvert dans une revue oubliée par un client, celle qui allait devenir son héroïne, Barbarella. En cette année 1965 où les femmes ont enfin le droit d'ouvrir seule un compte bancaire, va-t-elle savoir saisir sa chance ?

A travers ce titre, plus roman noir que polar, Jean Christophe Tixier emprisonne rapidement son lecteur dans une atmosphère de plus en plus oppressante. Au fur et à mesure que l'eau du lac voisin baisse pour la vidange du barrage, mettant à nu les vestiges de l'ancien village englouti, l'histoire se dévoile, lourde d'une violence contenue. L'auteur met en scène trois personnages de femmes fortes dans un univers fermé où les hommes ne servent que d'instruments vers la liberté, alors qu'en filigrane, on perçoit la lente évolution de cette société jusqu'alors dirigée par et pour les hommes.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Jean-Christophe Tixier qui encre sa plume dans la terre de cet Aveyron rural pour nous parler d'émancipation féminine. Entre passé et présent qui s'entremêlent indéfiniment au fil des pages, peut-être ai-je ressenti à un moment une légère impression d'enlisement de l'histoire ? Malgré cela, j'accorde un 16/20 à ce roman au titre très évocateur.
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Il y a Victoire, 52 ans, qui se meurt. Ange et Eve, ses neveux qu'elle a recueilli à la mort de sa soeur et qui vivent avec elle à l'auberge. Eve a 19 ans, Barbarella, héroïne fictive d'une revue, pour modèle et rêve de liberté. Elle est prête à tout pour quitter cette auberge où elle étouffe. Son frère Ange a quelques années de plus qu'elle et souffre d'un retard mental. A ce trio vient s'ajouter Marie ou soeur Clément-Maurice, la belle-fille de Victoire qui a 6 ans de moins qu'elle et qui, comme son frère Louis, n'a jamais accepté le mariage de celle-ci avec son père, décédé depuis plusieurs années. Et Denis, l'ingénieur qui travaille sur un chantier à côté et qui représente pour Eve une fenêtre ouverte vers la liberté.
On sent bien qu'il y a beaucoup de secrets, de non dits et qu'à l'approche de sa mort, Victoire va tenter d'alléger sa conscience.

Malgré une écriture soignée, je ne me suis pas passionnée pour cette histoire. Je n'y ai pas trouvé grand intérêt. Il ne se passe pas grand chose. C'est lent, ça manque cruellement de rythme et c'est un peu ennuyeux.
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Prenez une moribonde, un débile mental toujours crade, sa soeur qui joue du piano et fait la cuisine pour l' hôtel-restaurant; incorporez une gloutonne soeur M. C-M, un ingénieur; mettez ces personnages dans un cadre aveyronnais, un barrage que l'on vide, et cela donne un huis clos assez remarquable, un très bon livre qui aborde beaucoup de questionnements sur la vie, la liberté, la libération de la femme...

Le livre est très bien construit, varié avec ses retours dans le passé de Victoire, et son émancipation.

Un livre original, très bien écrit, avec de fines analyses. A lire !
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Bonjour amis lecteurs,
Aujourd'hui je vous propose : « Effacer les hommes » de Jean-Philippe Tixier. J'ai apprécié ce roman noir, très lent mais parfaitement documenté et très bien écrit. L'auteur nous embarque dans l'Aveyron en 1965 dans un huis clos féminin très pesant et très sombre, autour d'une famille qui baigne dans une atmosphère douloureuse, morose et sordide où manque d'amour, ennui et maladie rôdent en permanence. Un roman féministe, une histoire émouvante mais qui ne m'a pas emportée. Ce n'est bien sûr que mon avis, il séduira les amateurs du genre.
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Années 65/66, dans un coin perdu de l'Aveyron. Dans une auberge quasi-désaffectée, Victoire se meurt lentement, seule dans sa chambre où Eve, Ange et Marie, neveux recueillis et belle-fille, apportent des repas qu'elle n'a plus la force de manger, et assurent ses soins d'hygiène élémentaire, tout en attendant de la part de la mourante des confidences, des révélations sur des évènements du passé restés inexpliqués. Victoire est-elle prête à parler ? Et d'ailleurs a-t-elle quelque chose à dire ? Son agonie progresse en même temps que le lac artificiel tout proche se vide pour contrôler l'état du barrage qui a entraîné lors de sa construction, la submersion du village et des vignes qui le cernent. L'ingénieur responsable des travaux d'assèchement est le seul client de l'auberge.


Qui va hériter ? Marie ? Bonne soeur boulimique entrée au couvent par provocation ; Ange ? Jeune homme plein de vigueur, dont l'âge mental est resté bloqué dans l'enfance ? Ou encore Eve, qui rêve comme son héroïne Barbarella d'aventures merveilleuses. Jean-Christophe Tixier - surtout connu et apprécié dans le domaine littéraire dédié à la jeunesse - met le focus sur Eve. Eve qui, comme tous ceux qui n'ont jamais quitté leur patelin, comprend la puissance du verbe « partir », de la même manière que les prisonniers mesurent le poids du mot « liberté ». Née à une époque où les femmes sont encore inféodées aux hommes, où un semblant d'indépendance nécessite leurs autorisations, où elles sont uniquement cantonnées dans des activités de reproduction ou exploitées comme des bêtes de somme dans leur foyer ou à l'usine, Eve veut s'évader, mise sur l'ingénieur pour l'emmener loin, fait ce qu'il faut pour qu'il s'intéresse à elle. Est-ce le cas ? Et puis faut-il compter sur un homme pour affranchir une esclave ?


Effacer les hommes raconte la belle et tragique histoire d'une famille faite de bric et de broc, au gré des drames vécus au cours des générations, ensevelis sous le silence et transformés en secrets. L'enclavement du petit morceau d'Aveyron où se situe l'intrigue aggrave les difficultés, les solitudes. L'isolement est propice à la propagation des rumeurs, enkyste les haines. L'attachement à la terre génère des luttes mortifères et l'âpreté du climat et les conditions de vie rudimentaires n'arrangent rien. Roman à la lenteur hypnotique, effacer les hommes est aussi, et peut-être surtout le récit de l'émancipation d'une jeune femme qui refuse le déterminisme social, familial, géographique et culturel, et lutte pour sa liberté, sa survie. Un roman féministe, sans aucun doute.
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1965. Aveyron. Une auberge presque vide au bord d'un lac de barrage qu'on est en train de vider peu à peu. Un seul client, un ingénieur sans grand intérêt. Et une "famille"'. Trois femmes et un jeune homme. Victoire, veuve cinquantenaire, mourante et qui dirigeait l'auberge. Soeur Marie, dite Gloutonna, la fille du vieux mari de Victoire. Eve, 20ans, nièce et fille adoptive de la mourante, soeur d'Ange, 25 ans avec le mental d'un enfant de 10 ans.
Qui va hériter de l'auberge et devra s'occuper du fantasque Ange?
Si vous attendez des scènes où l'on se déchire, où l'on s'insulte, où l'on se fait des coups tordus, passez votre chemin. Ici, on se tourne autour, on n'ose pas ou pas assez. le non-dit règne parce qu'on sait qu'il y a un secret. Victoire le détient, elle a envie de s'en libérer, mais en aura-t-elle le temps? Soeur Marie est boulimique, que compense-t-telle? Eve joue avec l'idée du suicide ou de la fuite vers le Monde, l'Ailleurs... Ces trois là n'ont que faire des hommes alors qu'ils sont au centre de tout. Ou presque. Les hommes du passé, ceux du présent... On est en 1965. Le féminisme est encore loin mais il pointe son nez dans la tête d'Eve. Qui se verrait bien partir vivre sa vie.
Mais il y a Ange...
Toutes attendent le conflit, les aveux, sauf peut-être Victoire qui manipule les autres en se servant de sa mort prochaine...
Jean-Christophe Tixier raconte les pensées, les tensions au travers des corps, de leurs attitudes, de leurs douleurs, de leurs vides. Et par le  paysage, ce lac qui se vide révélant peu à peu ce qui reste du passé. La guerre est finie depuis 20 ans, mais pas dans tous les esprits. Les rancunes sont tenaces. Et puis, les hommes. Absents, morts ou si peu présents. La mort désirée, attendue, espérée. le lac, ses eaux noires. Pourtant c'est l'été.
Les références aux années 60 sont parlantes, l'actualité, les chansons, Barbarella... On n'est pas encore dans le monde d'après, celui où les femmes vont revendiquer leur place, leur indépendance. Celui où peu à peu on va effacer les hommes. Pour vivre. Ou tenter de vivre... pourtant il est déjà là. 
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Si ce roman de Jean-Christophe Tixier m'a un peu moins plu que "Les mal-aimés" du même auteur, il n'en est pas moins vrai que c'est une bonne lecture.

N'attendez pas un rythme soutenu et de l'action. Là, c'est une certaine lenteur qui domine.
L'auteur prend son temps pour planter son décor, on avance doucement, et les révélations arriveront, oui, n'ayez crainte, mais au compte goutte.

Personnellement ça ne m'a pas dérangée puisque j'aime ce procédé, mais je comprends que certains aient pu s'ennuyer.

Le titre du roman, qui me semblait beau mais un peu neutre, prends finalement toute sa signification. Je dirais même qu'il peut être pris au sens littéral des mots !

Un livre qui saura vous surprendre si vous êtes patient et qui offre une image de la femme assez déstabilisante mais intéressante.
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Pour vous présenter ma chronique du jour, je voulais pousser un petit coup de gueule. Rassurez-vous, je n'ai rien contre le livre présenté, ni contre son auteur, bien au contraire. Jean-Christophe Tixier est un auteur que je connais déjà depuis quelques années pour ses parutions en jeunesse, et dont je vous avais parlé, eh bien il y a un an jour pour jour !. L'an dernier, avec la parution de Les mal-aimés qui a connu un certain succès, il est passé de l'autre côté du rideau, il est devenu un auteur pour adulte. Et c'est ainsi que cet auteur, ayant plus d'une trentaine de romans à son actif, est présenté comme l'auteur de... deux romans ! Car oui, ses parutions jeunesse sont complètement invisibilisées par les éditions Albin Michel qui avaient introduit Les mal-aimés comme son premier roman ! Voilà pour ce coup de gueule, qui revient à poser la question : quand cessera-t-on de considérer la littérature jeunesse comme un sous-genre ??!

Pour en revenir à nos moutons, je n'ai toujours pas lu Les mal-aimés, mais je me suis hâtée de découvrir le dernier roman de l'auteur, Effacer les hommes, qui par ses thèmes et son ambiance sombre, me semblait suffisamment proche du précédent pour me faire une bonne idée. Nous sommes dans les années 1960, dans une campagne aveyronnaise reculée. Un ingénieur de la ville a atterri là, au beau milieu d'une cellule familiale loin d'être traditionnelle. Cet homme, en charge de vidanger le lac artificiel surplombant le barrage, est hébergé dans une auberge principalement féminine. Victoire en est la propriétaire, une femme d'une cinquantaine d'années, mais déjà mourante. Veuve très tôt, cette femme a élevé son neveu et sa nièce, Ange et Eve. Les voilà rejoints par Soeur Marie-Clément-Pierre, la belle-fille de Victoire, à peine plus jeune qu'elle en réalité. Trois femmes aux destins sombres se côtoient entre ces murs, trois femmes qui tentent de trouver leur place dans un univers dirigé par les hommes. En effet, si mai 68 n'arrivera à Paris que peu de temps après ces événements, la campagne du Sud de la France est encore bien masculine, et Victoire, cette femme ayant vécu principalement seule, y est regardée de travers.

Jean-Christophe Tixier signe ici une chronique sociale très réussie, à travers ces femmes qui, chacune, cherchent leur juste place. Victoire, alitée, se remémore son arrivée dans la région, alors que le barrage n'était qu'un projet. Ce lac qui se vide a englouti une partie de son passé, il est donc naturel que les souvenirs remontent à la surface. Sa nièce Eve, qui entre tout juste dans l'âge adulte, s'interroge sur son avenir. Doit-elle rester à l'auberge, et ainsi assurer la sécurité d'Ange, son frère retardé mental, ou bien doit-elle répondre à l'appel de la liberté et tout plaquer, même si elle n'est pas certaine d'en avoir le courage ? Et surtout, par quel moyen pourrait-elle partir ? Entre ces deux femmes aux caractères affirmés, Soeur Marie cherche sa place, elle qui est si effacée et pourtant si corpulente. Elle aussi lutte avec des souvenirs douloureux, au milieu desquels elle cherche la vérité.

Impossible de ne pas se laisser toucher par ces destins de femmes, féministes avant l'heure, qui veulent exister sans devoir s'appuyer sur les hommes. En ouvrant ce roman, ne vous attendez pas à vivre une lecture à cent à l'heure, ce n'est pas un page-turner que vous tenez là. C'est le récit d'une campagne dans les années 60, dans un temps long, où, pourtant, le lac qui se vide vient inlassablement rythmer le quotidien des personnages, faisant monter entre eux les tensions. J'ai évidemment été touchée par le personnage d'Eve, mais j'ai trouvé aussi beaucoup d'émotion dans les passages accordés à Victoire, et à son corps sur le déclin. L'auteur ne nous épargne rien de ses douleurs, de l'odeur nauséabonde qui se dégage de la chambre de la malade. Il nous met face à la réalité d'un corps en fin de vie dans des termes simples, presque crus, sans jamais tomber dans le pathos. Dans ce roman, tout est juste, à sa place, les phrases vont au plus direct, nous ouvrant de belles pistes de réflexions, nous permettant de nous pencher de près sur ces petites vies, oubliées.

A vrai dire, j'ai eu du mal à démarrer cette lecture, notamment à cause de cette narration volontairement lente. Je dois également avouer que je n'ai pas aimé la fin (je serais ravie d'en discuter avec ceux qui auraient terminé le roman). Et pourtant, une fois lancée dans ma lecture, ces personnages ont vécu à mes côtés pendant un petit moment, j'ai eu du mal à les laisser s'échapper, et je garde donc finalement une très bonne impression de ce roman. Suffisamment, en tous cas, pour vous en parler, et vous conseiller de l'acheter
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