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Critique de Marple


Comme je suis contente d'avoir découvert cette petite merveille de décryptage de la nature et des passions humaines maintenant, et pas dans ma période 'classiques russes' autour de 20 ans ! A l'époque, j'y avais trouvé une grande sérénité, notamment chez Dostoievski. Aujourd'hui, question de maturité ou simplement d'oeuvre, j'y vois tout autre chose : une peinture magnifique, à la fois belle et tragique, de la condition humaine, beaucoup d'ironie et encore plus de finesse dans l'analyse psychologique. Bref, un chef d'oeuvre...

Comme le titre l'indique, on suit l'histoire d'Anna Karenine, la femme d'un haut dignitaire russe; elle est belle, forte, joyeuse, en un mot rayonnante... jusqu'à ce qu'elle rencontre la passion, ses complications et ses compromissions. Comme le titre ne l'indique pas, on observe aussi toute une galerie de portraits : son amant Vronski, tantôt séducteur exalté, tantôt homme responsable et avisé; son mari Karenine, tout confit dans sa respectabilité mais touchant par ses souffrances et sa dignité; Levine, véritable double littéraire de Tolstoi selon la notice, le torturé, le pragmatique et l'amoureux; Kitty, la femme simple, douce et bonne, après avoir été une petite écervelée; le parasite débonnaire mais bien intentionné Oblonski; et tant d'autres qui nous mèneront dans les salons mondains et quelque peu désoeuvrés de Saint-Petersbourg, les cercles révolutionnaires, les assemblées de district ou au fond de la campagne russe...

Ce qui est extraordinaire (ou terrible, selon le point de vue qu'on retient), c'est qu'on se retrouve vraiment dans les personnages et les situations. Je ne suis pas une aristocrate russe du XIXe siècle engagée dans une liaison passionnée... pourtant je la comprends, notamment dans ses paradoxes, ses doutes constants, son incapacité à arrêter l'engrenage des disputes, ses interprétations faussées par l'angoisse, son exaltation, son amour absolu. Bien plus que de la femme adultère, c'est pour moi l'incarnation de la femme amoureuse : si elle avait vécu aujourd'hui, avec des possibilités de divorce et d'activité professionnelle pour les femmes, aurait-elle pu aimer Vronski simplement et tranquillement ? Je n'en suis pas sûre... et elle restera une héroïne tragique à laquelle je ne voudrais surtout pas m'identifier !

Je voudrais terminer par une comparaison : on la rapproche souvent de Madame Bovary, mais Anna Karenine m'a plutôt fait penser à Belle du Seigneur... en plus vivant, plus mordant et paradoxalement plus moderne !
A défaut de vouloir ressembler à l'héroïne, je suis emballée par ma lecture, ce qui explique cette critique probablement un peu confuse...
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